Des voies multiples, mais pas n’importe lesquelles… (4/4)
Réunissant, intervenants compris, plus de 300 professionnels de la santé, dont certains venaient de bien au delà de la Région Grand Est, l’édition 2024 du colloque soignant de l’EPSAN, fut qualitativement d’un très haut niveau. Retour sur la quatrième demi-journée (8 novembre 2024).
De gauche à droite - Ingrid Ullmann (cadre supérieure et modératrice du colloque), Nathalie Wiedemann (aide-soignante), Maryline Anselm (infirmière), Marie Weschler (psychomotricienne) réalisant au pied levé, une séance de RESC ciblée, au bénéfice de Geneviève Vetter (aide-soignante), victime d’une poussée émotionnelle générée par la relation d’une expérience vécue avec une patiente. Foto: JM Claus / CC-BY 2.0
(Jean-Marc Claus) – Après trois demi-journées très riches, on pouvait s’attendre à des apports un peu plus « lights » pour le dernier quart du colloque. Et bien non ! Sans aller jusqu’à dire que le meilleur aurait été gardé pour la fin, le public n’est pas resté sur sa faim, à l’issue des interventions consacrées à la RESC et la rTMS. L’exposé du quatuor de soignantes épaulées en visioconférence par le docteur Isabelle Colombet, ainsi que la prestation du docteur Clément de Crespin de Billy, qui n’hésita pas à donner de sa personne, furent de grands moments.
Pour parler de la Résonance Énergétique par Stimulation Cutanée (RESC), grâce au support technique de la visioconférence, c’est la chercheuse Isabelle Colombet qui depuis Paris, a commenté le diaporama expliquant les tenants et aboutissants de cette thérapie, procédant à la fois de la médecine traditionnelle chinoise (méridiens énergétiques) et de la physique (propagation des ondes sonores dans les liquides et signature acoustique). Il ne s’agit de rien d’autre que, par un rééquilibrage personnalisé de la circulation des énergies corporelles, permettre un « drainage » non invasif des phénomènes émotionnels liés aux maladies ou traumatismes.
Des soignant(e)s de l’EPSAN ont, dans le cadre des programmes de formation continue, acquis des compétences en RESC validées par des diplômes reconnus. Nathalie Wiedemann (aide-soignante), Maryline Anselm (infirmière), Geneviève Vetter (aide-soignante) et Marie Weschler (psychomotricienne) travaillant toutes dans des services différents, se sont accordées pour apporter à l’auditoire, des témoignages de leurs pratiques respectives. A travers les exemples donnés, s’est révélée tant la variété des situations rencontrées, que la ligne directrice commune aux quatre praticiennes.
Les séances se déroulent selon un protocole bien défini, mais les soignantes font preuve d’adaptation quant à l’environnement dans lequel elles opèrent. La durée du soin va de cinq minutes à une heure, selon les buts recherchés. Quelques minutes peuvent correspondre à une séance au pied levé, comme en ont fait la démonstration Geneviève Vetter et Marie Weschler, la seconde venant au secours de la première envahie par une poussée émotionnelle, alors qu’elle relatait une situation de soin vécue et particulièrement émouvante.
La RESC comme l’espace d’apaisement, peut aussi servir aux soignants, qui dans leurs pratiques en psychiatrie, sont parfois amenés à vivre des situations de stress de haute intensité. Mais évidemment, les premiers et principaux bénéficiaires de « l’exploration de ces voies multiples », sont les patients. Les formations RESC dispensées par l’Institut Patrick Fouchier, du nom du fondateur de la technique, durent de six à sept jours étalés sur trois mois, et sont de trois niveaux différents, le premier permettant la mise en pratique immédiate.
Dernière intervention de la dernière demi-journée, l’exposé du docteur Clément de Crespin de Billy exerçant au « CEntre de neuroModulation Non-Invasive de Strasbourg » (CEMNIS), ne fut pas des moindres. Posant d’abord le cadre du parcours de soin standard, il plaça la stimulation magnétique transcranienne (rTMS = repetitive Transcranial Magnetic Stimulation ) en seconde intention après échecs répétés de thérapies médicamenteuses, ou alors employée pour les pathologies atypiques. Seconde intention, mais pas ultime alternative après avoir essayé toutes les molécules, car « plus on fait d’essais d’antipsychotiques, moins il y a de chances que ça marche » (sic).
Il ne s’agit pas là de l’électroconvusivothérapie (ECT), plus couramment appelée électrochoc, qui est par contre utilisée en ultime recours et pratiquée sous anesthésie dans un environnement très médicalisé. Donc, à cent mille lieues des représentations horrifiques, qu’en ont le grand public et parfois même certains soignants. L’idée d’employer l’électricité comme moyen thérapeutique, remonte à l’Antiquité avec la raie torpille, alors qu’à l’époque, il n’y avait pas de connaissances théoriques sur le courant électrique.
C’est dans le dernier quart du XVIIIe siècle, que se sont développés les concepts et les pratiques, pour en arriver dans la première moitié du XXe siècle à l’électroconvusivothérapie (ECT), mais aussi au XXIe siècle à la stimulation transcrânienne à courant direct (tDCS = transcranial Direct Current Stimulation), donnant de très bons résultats dans le cas de certaines pathologies neurodégénératives, comme par exemple la maladie de Parkinson.
Avec la repetitive Transcranial Magnetic Stimulation (rTMS), il n’est plus question de soumettre l’encéphale à un courant électrique, mais de focaliser un champ magnétique sur certaines zones bien précises. Cette thérapie rejoint le principe de l’Imagerie à Résonance Magnétique (IRM), que maintenant tout le monde connaît, mais les techniques déployées diffèrent et la recherche se poursuit. Cependant, on peut d’ores et déjà évaluer son efficacité, mais aussi son innocuité.
Le docteur Clément de Crespin de Billy, dont nous avons dit plus haut qu’il n’hésita pas à donner de sa personne, diffusa pour illustrer son propos, des vidéos de séances où il occupait la place du patient. Peut-on être plus explicite, quant à la confiance accordée à cette nouvelle thérapie, ainsi qu’à l’équipe la mettant en œuvre ? Évidemment, les questions fusèrent à l’issue de l’exposé, mais elles concernèrent autant la RESC que la rTMS, démontrant que le public était autant intéressé par des thérapies aux fondements très anciens, que par des techniques plus modernes.
La conclusion de ce colloque fut apportée par Kathia Frech (directrice des soins), qui remercia et félicita autant les intervenants, que les personnels assurant brillamment le support technique de cet événement. Le public, venu de divers horizons, fut également congratulé pour son assiduité et la pertinence de ses prises de parole. Quant au CROC qui en était à son dix-septième colloque, Ingrid Ullmann assurant la modération avec la quasi précision d’une montre suisse, il fut également congratulé pour son travail et va se mettre très vite à la préparation de l’édition 2025.
Dimanche 17/11, sera publié un témoignage plus personnel intitulé « Lire la psychiatrie », bonus de cette série en quelque sorte.
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