En même temps…
Durant ces huit années de macronisme, les extrêmes ont progressé comme jamais auparavant - coïncidence regrettable ou projet inavouable ?
Se positionner hypocritement au centre, pour défendre la minorité des riches et faire monter les extrêmes. Foto: © European Union, 1998 – 2025
(Jean-Marc Claus) – Celui qui se présentait en 2017 comme l’homme de l’en-même-temps, laissant croire aux naïfs qu’il serait possible de concilier économie ultra libérale et protection sociale, n’a réussi qu’une prouesse de simultanéité. A savoir, faire monter extrême-droite et l’extrême-gauche. Mais peut-être était-ce cela le prôôôôôjet…
Élu à deux reprises grâce au front républicain, la seconde fois sans majorité absolue à l’Assemblée Nationale, déclarant alors d’une manière très jésuitique « J’ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir. », Emmanuel Macron a fait montre d’une perfidie d’un très haut niveau. Et c’est bien le seul domaine dans lequel il s’avère capable d’atteindre des sommets ! Tout le reste n’est que petits calculs de basse politique, avec à la clef l’engraissement permanent des possédants.
Oui, des possédants, car derrière les fonds de pensions, les OPA, les cabinets de consulting, les agences de notations, il y a une minorité de vrais gens qui se gobergent au détriment d’une majorité peinant à faire face aux dépenses courantes, si tant est qu’elle y arrive encore.
N’en déplaise à François Hollande, le monde de la finance a un visage. Il en a même plusieurs, l’un d’entre eux étant celui qualifié de « Mozart de la finance » qui dès 2012, a entrepris sa conquête du Palais de l’Élysée en y entrant par une petite porte. Les Français n’en peuvent plus de la macronie, qui après trois défaites électorales et deux gouvernements renversés, s’obstine à se maintenir au pouvoir. Soit, mais pour le Kapital, ce n’est pas un problème.
Emmanuel Macron tiendra aussi longtemps qu’il le pourra, et après, comme dans les Années Trente, les possédants s’accommoderont de l’extrême-droite, qui assurera la perpétuation de la grande profitation. Que faut-il pour que cela advienne ? D’abord faire monter l’extrême-droite : objectif atteint dès le premier quinquennat. Ensuite affaiblir la gauche et là, même si le coup de la dissolution surprise de 2024 a généré dans ses rangs un regain de vitalité inattendue, le processus de l’affaiblissement est en marche.
Cet affaiblissement de la gauche provient non seulement de ses divisions et tiraillements qualifiables de traditionnels, mais surtout de la montée en puissance de LFI, dont les prises de positions extrémistes et le fonctionnement sectaro-stalinien, réjouiraient Machiavel. Le leader maxi-mots se prend pour Sun Tsu, alors que s’estimant toujours au-dessus de tous, il est trop souvent en-dessous de tout. Il faudrait faire preuve d’une grande naïveté pour penser que cela procède exclusivement du hasard.
Par ailleurs, le tournant populo-communautariste, pris par ce mouvement gazeux se faisant régulièrement enfumer par les pièges et provocations macronistes, le place en parfait vis-à-vis du parti populo-nationaliste maintenant aux portes du pouvoir. Or, l’outrance fait peur à l’électeur, que la stratégie de la cravate est bien plus apte à rassurer. A force de vouloir tout gagner tout seul, Jean-Luc Mélenchon entraîne irrésistiblement toute la gauche dans sa chute.
Beau matin que le microcosme des possédants s’emploie à faire advenir, en lieu et place d’un hypothétique Grand Soir. La lutte des classes dont Warren Buffett reconnaît sans détours l’existence, c’est bien la sienne qui la gagne. Inutile de regarder toujours Outre-Atlantique, car au sein même de l’Union Européenne, l’extrême-droite qui gouverne déjà deux pays et a un pied dans les gouvernements de trois autres, est en pleine expansion.
Qui mieux que l’extrême-droite peut en même temps, garantir le maintien de l’ordre et la poursuite de la prédation ? Lorsque la démocratie n’est plus utile au Kapital, ce dernier n’a aucun scrupule à employer la dictature. Or, les deux quinquennats macronistes, auront servi à créer les conditions propices à sa survenue, ainsi qu’à lui fabriquer des outils prêts à l’emploi. En même temps, qu’il disait ! En – même – temps…
Kommentar hinterlassen