Hydrogène à Folschviller – qu’est-ce qui bloque l’exploitation ?

C’est l’un des plus grands gisements d’hydrogène naturel connus en Europe. Pourtant, à Folschviller, les choses bougent lentement. Une occasion manquée pour la transition énergétique ?

Manifestation de la jeunesse à Dresden pour le climat. Foto: Ralf Lotys / Wikimedia Commons / CC-BY 4.0int

(Paul Merle, Romain Fournier, Lisa Canastra) – Depuis sa découverte en 2023, les travaux autour de cette réserve d’hydrogène naturel de Folschviller n’avancent que lentement. Deux ans plus tard, les chercheurs n’ont obtenu qu’un simple permis d’exploration, leur permettant tout juste de mesurer la teneur en hydrogène du sous-sol. Ce gisement, pourtant présenté comme l’un des plus prometteurs d’Europe pour contribuer à la décarbonation du continent, semble aujourd’hui relégué au second plan par les décideurs politiques.

Une inertie qui exaspère Jacques Pironon, directeur de recherche émérite au CNRS et co-découvreur de la réserve : « Aujourd’hui, notre découverte perturbe et dérange. Ça ne nous permet pas d’avancer dans cette recherche. »

Une réserve d’hydrogène ignorée par ceux qui prétendent sauver le climat – Alors que Sylvain Waserman, président de l’Agence de la transition écologique (ADEME), se félicite sur LinkedIn de la mise en place d’un « commando » sur la géothermie avec le premier ministre François Bayrou. Aucun dispositif comparable n’a été déployé pour l’hydrogène naturel, ni même évoqué par le gouvernement actuel. Une énergie pourtant porteuse d’avenir, mais laissée dans l’ombre des priorités régionales.

Une posture qui ne fait pas exception chez plusieurs parlementaires. Louise Morel, députée de la 6e circonscription du Bas-Rhin, nous a d’abord répondu ne pas être « directement impliquée dans les dossiers liés au territoire mosellan », avant de cesser de donner suite à nos sollicitations. Un positionnement surprenant, alors même que la transition énergétique concerne l’ensemble du Grand Est.

En Moselle, où la découverte de Folschviller aurait pu susciter un sursaut politique, les réponses se font tout aussi évasives. Isabelle Rauch, députée de la 9e circonscription, évoque un agenda trop chargé pour prendre le temps de répondre à nos questions. D’autres élus du secteur préfèrent, eux, ne pas répondre du tout.

Aujourd’hui, de la Moselle au Grand Est, jusqu’aux instances européennes, tout le monde semble dormir sur une réserve qui pourrait pourtant contribuer à la transition écologique tant vantée par les responsables politiques. Pour certains, cette découverte est reléguée au rang de curiosité scientifique, presque anecdotique. Pour d’autres, elle incarne au contraire une chance inédite, une lueur d’espoir dans un paysage énergétique en pleine mutation.

Alors, jusqu’à quand allons-nous ignorer l’un des leviers potentiels de décarbonation pour les générations à venir ? Et combien de temps encore les promesses resteront-elles sans suite, pendant qu’une solution concrète reste enfouie sous terre ?

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