Ils travaillent pour la jeunesse, eux… (3/4)

Troisième partie de notre reportage sur le colloque « Adoulescence en crise » qui avait lieu à l'EPSAN à Brumath. Un colloque d'une qualité rare.

Anaïs Vix et Camille Brand de l'Association "Ithaque" savent de quoi elles parlent... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY 2.0

(KL) – Les sujets traités lors de la troisième partie du colloque « Adoulescence en crise » à l’EPSAN à Brumath, ayant drainé plus de 300 professionnels et experts du monde médical issus de 29 établissements, étaient d’une grande actualité. Identité et identification sexuelle des jeunes et addictions de toute sorte font partie des phénomènes d’une jeunesse en détresse. Mais heureusement, il y a des structures et organismes qui proposent prévention et accompagnements.

La troisième demi-journée du colloque démarrait aussi fort que les deux demi-journées précédentes. L’anthropologue, éducateur spécialisé et formateur en sciences humaines et sociales, Thierry Goguel d’Allondans, parlait de l’orientation sexuelle des jeunes qui aujourd’hui, est devenu complexe. Le scientifique a mis un accent particulier sur le cas des « trans-identitaires » qui suscitent trop de critiques de la part des forces conservatrices en France. Pourtant, on dénombre actuellement « que » 8954 cas, dont 1665 souhaitent effectivement passer par un changement du genre chirurgical. 1665 cas pour plus de 60 millions de Français, on ne peut pas vraiment parler d’un « phénomène de masse »…

Pourtant, les temps ont changé. Si aujourd’hui, 22% des jeunes de 18 à 30 ans se déclarent « non-binaires » et se posent donc des questions quant à leur genre, il s’agit d’une question qui doit forcément intéresser le monde médical et psychologique. Car un fort pourcentage de ces jeunes souffre de ces questionnements et cherche une identité et une identification, ce qui n’est pas toujours facile. Quand on considère que la « trans-identité » n’est plus considérée comme une « maladie mentale » que depuis 2010, on comprend que le vécu de cette situation n’est pas toujours facile pour les jeunes concernés.

Les propos de Thierry Goguel d’Allondans étaient complétés par le psychologue clinicien Jonathan Nicolas expliquant que si le nombre de cas n’était pas « dramatique », de nombreux jeunes concernés finissaient par présenter des troubles psychiques pouvant aller jusqu’au suicide. Très intéressant, la distinction entre « identité » (la recherche d’être unique) et « identification » (la recherche d’appartenance à un groupe d’individus). Considérant que ce phénomène intervient le plus souvent au moment de la puberté, donc, à un moment de grande fragilité des jeunes, il convient de s’en occuper sérieusement, ce qui est heureusement le cas dans plusieurs structures d’accueil et d’accompagnement.

Les conséquences du malaise de cette jeunesse en détresse sont souvent des comportements d’addiction chez les jeunes. La docteure en addictologie Camille Brand et la psychologue Anaïs Vix de l’Association « Ithaque » s’occupent autant de la prévention des addictions dans le milieu scolaire, mais également dans d’autres structures d’accueil de jeunes, que de l’accompagnement de jeunes qui présentent des addictions dangereuses. Les deux intervenantes ont fait preuve d’un grand discernement, déclarant que la consommation de certaines substances ne signifiait pas encore une addiction. Elles ont expliqué différents types de comportements addictifs et par conséquent, dangereux pour le développement des jeunes. Si généralement et contrairement à ce que l’on pense, la consommation des trois grandes substances addictives (alcool, tabac, cannabis) est en baisse, d’autres addictions présentent d’autres dangers. Si les scientifiques ne sont pas unanimes concernant l’addiction aux jeux de hasard (JDH) et des jeux-vidéo, des drogues synthétiques et très puissantes font leur entrée sur le marché et mettent en péril les jeunes.

L’objectif de l’Association « Ithaque » est d’intervenir le plus tôt possible, idéalement avant les premières consommations, avant qu’une consommation ne puisse devenir addiction. Après, il convient d’analyser le contexte de vie des jeunes concernés pour pouvoir proposer un accompagnement adapté à la situation des jeunes. Pour ce faire, le schéma des soignants est « personne – produit – contexte », car si ces trois paramètres ne sont pas pris en compte, un accompagnement ne peut pas être efficace.

L’approche pragmatique de ces expertes est impressionnant, car elles ne sont pas « moralisatrices », mais expertes qui mettent leur savoir-faire à la disposition des jeunes. Un travail énorme, mais malheureusement pas encore assez connu.

Dans la quatrième partie dédiée à ce colloque exceptionnel, nous allons voir une structure dont l’aide aux jeunes en détresse est également exemplaire. Mais déjà maintenant, on comprend que les structures, organismes et initiatives dans ce domaine sont d’une expertise et d’un engagement exemplaires, mais tous manquent de moyens et d’argent et de visibilité publique. Pourtant, sans le travail de ces experts et expertes, de nombreux jeunes en difficulté seraient laissés pour compte. Heureusement que ces structures existent et fournissent des aides concrètes aux jeunes qui en ont besoin…

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