Indignation sélective

Sous les yeux du monde, un génocide a lieu au sud-ouest du Soudan, dans une région martyrisée par la famine et une guerre qui est difficile à comprendre. Le centre de la catastrophe humaine est la ville d'Al-Fashir.

Et qui va manifester pour la population de la ville-martyr Al-Fachir au nord du Darfour ? Foto: RomanDeckert / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – La ville d’Al-Fashir située au nord de la région du Darfour au Soudan, était pendant 18 mois sous siège de la milice RSF (Rapid Support Forces) qui elle, se comprend comme « concurrente » de l’armée soudanaise régulière. Ce siège est maintenant terminé, les miliciens sont entrés dans la ville et y ont commis des massacres indicibles. Selon des informations de l’armée soudanaise, les miliciens y ont exécuté plus de 2000 personnes, transformant Al-Fachir en un cimetière géant. Actuellement, il est impossible d’avoir d’autres informations que les témoignages de survivants – car aucun journaliste ne peut se rendre sur place.

Des scientifiques du « Humanitarian Research Lab » (HRL) de l’Université de Yale ont analysé des images de satellite, permettant d’identifier de piles de cadavres et des tâches de sang d’une telle dimension qu’elles sont visibles depuis l’espace. Dans cette ville située dans la région Darfour, au milieu d’une terrible famine, la guerre civile entre la milice RSF et l’armée régulière, cause surtout des victimes civiles. Les experts de l’ONU estiment que cette guerre a déjà coûté « des dizaines de milliers de victimes » et ce, dans une région déjà frappée depuis plusieurs années d’une grande famine.

Les scientifiques disent qu’ils disposent de preuves d’opérations brutales pendant lesquelles les miliciens des RSF sont allé de porte à porte pour extraire et exécuter les habitants. Si on ne dispose pas d’informations provenant directement d’Al-Fachir, l’ONU, l’OMS et la Croix Rouge parlent de rapports faisant état d’horreurs incroyables – exécutions de masse, assassinats, viols, pillages, attaques sur le personnel humanitaire, enlèvements.

L’OMS a parlé d’une attaque sur la clinique de maternité saoudienne à Al-Fachir, ou les miliciens ont froidement exécuté mardi dernier 460 personnes, dont beaucoup de civils, qui avaient cherché à s’abriter dans cette clinique. Personne ne peut dire aujourd’hui comment les choses à Al-Fachir vont évoluer, car la ville est coupée du reste du monde, se trouve sous contrôle de miliciens assoiffés de sang et seulement peu de gens arrivent à fuir vers la ville de Tawila, non loin d’Al-Fachir.

Étonnant, on n’entend pas l’extrême-gauche s’indigner face à ce que l’ONU appelle un « génocide », aucune « flotilla » n’est en route pour sauver le Darfour de la famine et des terroristes des RSF, aucune manifestation réclame la fin de cette tuerie. Il est plus commode de célébrer le terrorisme du Hamas que de s’engager pour les habitants d’une des régions les plus pauvres du monde qui en plus, se trouve maintenant entre les mains de terroristes qui s’auto-désignent comme une « milice ». Là, il est plus facile de détourner le regard et de surfer sur la vague d’un conflit largement couvert par les médias internationaux.

Les habitants du Darfour ont un problème majeur. Leur région est pauvre, ne dispose pas de richesses qui pourraient intéresser les grandes puissances. Bref, le monde ne s’intéresse pas à ce qu’il se passe dans cette région aride à proximité du désert tchadien. Le silence des Occidentaux qui autrement, s’engagent volontiers pour les terroristes du Hamas, est triste et remet en question « l’engagement humanitaire » de ceux qui voudraient bien que la Palestine puisse couvrir tout le territoire entre la rivière et la mer.

Personne ne sait comment les choses pourront évoluer dans cette région que l’ONU qualifie comme le « théâtre de la plus grande crise humanitaire du monde ». Dans cette région, il n’y a rien qui pourrait intéresser les manifestants du samedi, car le Darfour ne fera pas la « Une » des médias du monde. L’humanité, voilà la triste conclusion, a perdu toute son humanité – le Darfour ne figure pas sur la liste des sujets pour lesquels les manifestants militants pour d’autres causes s’engageraient. Quelle honte pour le monde entier.

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