Le bruit des bottes à New York

Ils parlent de « paix », mais quand ils parlent de « paix », ils défendent l'idée que la paix doit passer par une guerre totale. Exit le « plan de paix », maintenant, c'est le « plan de victoire » de Zelenskyi.

A New York, on a vu que la voie vers la paix que proposent les puissants, est une impasse... Foto: © Robert Meyer

(KL) – Les belles salles de l’ONU à New York semblent motiver les puissants de ce monde à tenir des propos belliqueux, agressifs et finalement, sans aucune conséquence. Les résolutions péniblement votées dans les organes de l’ONU n’ont plus de valeur, puisque personne ne les respecte. Mais les discours que les uns et les autres proposent devant l’assemblée des nations, valent la peine d’être entendus.

Ainsi, on se pose la question de quoi ils parlent. Le président ukrainien, qui utilise beaucoup le terme « paix » ces derniers temps, a expliqué ce qu’il entend par « paix » – il veut imposer la paix à la Russie « sur le champ de bataille ». Pourtant, un regard sur l’évolution du front en Ukraine montre clairement que l’Ukraine, même avec l’aide occidentale, est en train de perdre cette guerre. Mais les réalités de ce « champ de bataille » n’empêchent pas le président ukrainien d’être prêt à faire durer cette guerre encore pendant longtemps, tant que les armes et surtout l’argent arrivent en masse. Son discours devant le Conseil de Sécurité de l’ONU montre au moins que toutes les annonces d’un nouveau « sommet sur la paix » ne sont que de la propagande, puisqu’il est peu probable que l’agresseur russe accepte de participer à un sommet où il sera question comment « vaincre la Russie sur le champ de bataille ». Donc, l’objectif n’est pas une initiative de paix, mais la « guerre totale », dans l’espoir irréaliste de battre l’armée russe. Mais au moins, on sait maintenant que toutes les activités actuelles ne visent pas la paix. Dont acte.

Tous ceux qui se suivaient au pupitre des intervenants, se livraient à une surenchère de menaces en direction de la Russie, dont l’ambassadeur Vassili Nebensja a seulement pris note, avant de s’essayer à son tour au cynisme, estimant dans son discours que le président ukrainien, en tant qu’ancien comédien, jouait « le rôle du gars cool ». Le ton est donné, il n’y aura donc pas de négociations sur une éventuelle paix, et les discours des autres intervenants n’étaient guère plus adulte. Comme celle du ministre des affaires étrangères David Lammy qui s’est adressé à Poutine en lançant « Votre invasion ne sert que vos propres intérêts, pour transformer votre état mafieux en un empire mafieux, construit sur la corruption et qui vole le peuple ukrainien tout comme le peuple russe ». Après, il menaçait Poutine avec « on vous a à l’œil ». Des menaces de ce type peuvent avoir un effet dans une cour de récréation, mais dans la diplomatie mondiale, c’est presque ridicule.

On parle donc de « paix », de « mettre la Russie à genou », de « juste paix » – mais en attendant, ces paroles ne sont pas suivis d’actes. Au contraire, on continue à financer la guerre de Poutine à coups de milliards. Ainsi, le budget militaire de la Russie sera augmenté en 2025 de 22% pour atteindre environ 120 milliards d’euros, ce qui correspond à 6,2% du PIB russe. Une bonne partie de cet argent provient du commerce avec l’Occident, qui continue à acheter gaz et pétrole en Russie, assurant ainsi un flux d’argent permanent en direction de Moscou. En parallèle, l’Occident finance l’Ukraine et les contrats pour la reconstruction de l’Ukraine sont déjà signés entre Zelenskyi et le géant Blackrock. Mais visiblement, personne n’entend réellement couper les relations commerciales avec la Russie, et on continue donc de contourner nos propres sanctions, en finançant la guerre aux deux côtés. Quelle hypocrisie !

En plus, Zelenskyi n’a pas présenté un « plan de paix » à New York, mais son « plan de victoire » et il devient difficile à croire qu’il s’agit d’autre chose que d’une stratégie visant à ce que l’Occident ne ferme pas le robinet.

Dans les couloirs newyorkais, tout le monde continue aussi à parler de la « juste paix » qui devrait terminer cette guerre. Aucune guerre n’est justifiée, aucune guerre n’est « juste » et à la fin de toute guerre, la paix instaurée est celle du vainqueur. Cela a toujours été le cas et l’espoir que ce soit l’Ukraine qui puisse dicter une « juste paix » à la Russie, pourrait éventuellement constituer le scénario d’un long métrage, mais reste totalement irréaliste. La « juste paix » existe aussi peu que la « juste guerre ».

Dans les salles de l’ONU, le monde avait prévu de régler ses différends de manière civilisée. Aujourd’hui, ce qu’il se passe à New York, est un spectacle honteux où l’on aboie, insulte et menace. Lors de cette réunion newyorkaise, le monde n’a fait aucun pas vers la paix en Ukraine, mais on y a versé encore de l’huile sur le feu. En même temps, cette organisation mondiale a une nouvelle fois démontrée son impuissance totale face à l’escalade au Liban où la prochaine guerre d’envergure a commencé.

En vue de l’inefficacité absolue face aux grandes crises mondiales, il convient de poser la question à quoi l’ONU sert encore. Pour écouter des gens en costume-cravate s’insulter et menacer mutuellement, on pourrait tout autant s’en passer. Les seuls qui visiblement en ont assez de cette guerre, sont les Chinois qui ont insisté sur la nécessité de tout mettre en œuvre pour mettre un terme à cette tuerie. Mais personne n’a vraiment réagi aux propos chinois – parler de la paix à l’ONU, est peine perdue.

La voie vers la paix ne peut pas mener par une « guerre totale », comme Zelenskyi la demande de la part des états occidentaux. Mais malgré l’impossibilité de gagner cette guerre militairement, on maintient ce narratif et les états occidentaux continuent à verser des milliards qu’ils n’ont même pas à leur disposition. C’est sympa, mais se terminera par la destruction totale de l’Ukraine qui est déjà entamée, et éventuellement aussi celle de l’Europe. Mais que personne ne vienne après en disant qu’on a pas vu venir cette catastrophe.

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