On n’essaye pas l’extrême-droite !

Pourquoi ne pas essayer l’extrême-droite ? Tout simplement parce qu’on l’a déjà fait, ici en France et ailleurs dans le monde !

Vivement les 30 juin et 7 juillet, en espérant que les citoyens démocrates se mobilisent... Foto: Thomas Bresson / WikimediaCommons / CC-BY 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Petits rappels pour qui, tenté(e) par l’essayage d’un gouvernement que, oubliant le Régime de Vichy et la collaboration, nous n’aurions pas encore essayé :

– Amener l’extrême droite au pouvoir, n’améliore pas la vie des travailleurs, mais facilite grandement l’enrichissement des possédants. Jusqu’ici, les députés RN-ex-FN ont voté contre le gel des loyers, la taxation des revenus supérieurs à trois millions d’€, la gratuité de la cantine et des fournitures scolaires, la loi Egalim, le recrutement de sapeurs-pompiers et la revalorisation de leurs salaires, la régulation de l’installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux. Ils se sont abstenus quant à l’augmentation du SMIC à 1.600€, le blocage des prix des produits de première nécessité, le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune, l’instauration de prix planchers pour les agriculteurs. Par contre, ils étaient pour l’assouplissement des règles de cumul des mandats.

– Comme le laisse supposer le dernier point, mais le démontrent aussi leurs pratiques dans les villes gouvernées par le RN-ex-FN, la soif de pouvoir personnel de potentats locaux, prévaut sur l’intérêt général. Il suffit d’observer ce qui se passe à Hénin-Beaumont, cité aux mains de l’extrême-droite depuis maintenant dix ans, pour comprendre très vite quelles sont les priorités des élus de la majorité. Idem à Hayange dont le premier magistrat, ancien CGTiste, est passé par Lutte Ouvrière (LO) en 2001, pour glisser au Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) en 2009, et en 2010 adhérer au Front National (FN) pour conquérir la mairie en 2014. Dans ces villes, il ne fait pas bon être dans l’opposition et certains édiles n’hésitent pas à s’en prendre à la presse qui n‘est pas à leur botte ou à des organisations humanitaires comme le Secours Populaire jugées politiquement incompatibles.

– Plus que son bilan, c’est l’abstention qui fait élire et réélire l’extrême-droite. L’analyse des chiffres des deux scrutins municipaux des villes précédemment citées, mérite qu’on s’y arrête. A Hénin-Beaumont, l’abstention est passée en six ans de 35 à 55%, et le pourcentage d’inscrits votant pour la liste FN reste de l’ordre de 32%. Alors, même si de 2014 à 2020, passant de 28/35 à 31/35, la majorité fronto-nationaliste a gagné des sièges, la croissance exponentielle de l’abstention relativise son succès. Pour Hayange, si la majorité a eu besoin d’un second tour pour s’imposer en 2014, avec 35% des suffrages exprimés représentant 19% des inscrits, l’abstention qui était alors de 43%, est passée en 2020 à 64%, année où il n’y eut qu’un seul tour. La majorité qui a, comme à Hénin-Beaumont, gagné des sièges en passant de 23/33 à 28/33, représente 22% des inscrits, soit 3% de plus qu’en 2014. Ce qui n’est pas une progression fulgurante.

– Si l’extrême droite arrive très souvent au pouvoir par les urnes, elle ne respecte pas la décision des électeurs, lorsqu’elle est défaite par voie démocratique. Regardons ce qui s’est passé aux USA et au Brésil, en 2021 et 2023, quand Donald Trump et Jair Bolsonaro n’ont pas été réélus. Ces autoproclamés démocrates lors de leur arrivée au pouvoir, se sont comportés comme les despotes qu’ils sont en réalité, lorsqu’une majorité d’électeurs leur a refusé un second mandat. Ce n’est pas parce que tout cela s’est passé aux Amériques, qu’il faut s’imaginer que ça n’arriverait pas en France. Le sang a coulé lors de ces affrontements et il y a eu des morts. Est-ce vraiment ce que souhaitent les électeurs du RN-ex-FN ?

Non, même s’il en a par certains côtés l’aspect, un isoloir n’est pas une cabine d’essayage ! Ce qui, dans une société où le consumérisme perverti les capacités de raisonnement de qui n’y prend pas garde, doit être instamment rappelé. Le totalitarisme ne s’essaye pas, même s’il est vendu en solde, ou pire encore, en promo !

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste