« Pas en notre nom »
Lundi, à Roissy, des syndicats ont dénoncé la présence d’une cargaison d’armes à destination d’Israël. Une action qui relance le débat sur le rôle de la France dans la chaîne logistique des conflits armés.
Aéroport de Roissy où les cargaisons ont transité. Foto: Guilhem Vellut / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int
(Romain Fournier) – Début juin, les dockers CGT du port de Marseille-Fos avaient bloqué plusieurs conteneurs en partance pour Haïfa, en Israël. Selon les syndicats, ces cargaisons contenaient des composants militaires, dont des pièces destinées à des fusils-mitrailleurs et des tubes de canon. Les dockers avaient alors justifié leur refus en affirmant ne pas vouloir « être complices de crimes de guerre », appelant à une vigilance accrue sur l’ensemble de la chaîne logistique. Largement relayée, cette initiative a marqué un tournant dans la mobilisation syndicale contre les livraisons d’armes vers Israël.
Un mois plus tard, le signal semble avoir été entendu jusqu’à Roissy. Lundi 1er juillet, les syndicats Sud Aérien Solidaires et CGT ont dénoncé la présence, à bord d’un vol commercial à destination de Tel-Aviv, d’une cargaison suspectée de contenir du matériel militaire. Dans un communiqué, Sud Aérien affirme « refuser catégoriquement de participer, de près ou de loin, à des opérations logistiques qui pourraient contribuer aux crimes actuellement commis à Gaza ». Le syndicat réclame plus de transparence sur les flux de marchandises sensibles, et interpelle les autorités ainsi qu’Air France sur leur rôle dans ces transports.
De Roissy aux réseaux militants, le soutien s’amplifie – Depuis cette prise de position, le mouvement a pris de l’ampleur. La CGT Roissy a rapidement rejoint l’initiative, rappelant que « jamais un·e travailleur·se de Roissy ne doit être rendu·e complice, contre sa volonté, d’un crime de guerre ». FO Air France a également pris position, dénonçant une « machine de mort » à laquelle les salariés du secteur aérien ne doivent pas être associés.
D’abord syndicale, la mobilisation a aussi trouvé des relais politiques. Le député La France insoumise Thomas Portes a exprimé son soutien sur le réseau social X, saluant un « acte de désobéissance civique face au génocide ». Un appui symbolique qui reflète l’écho croissant de ces actions au sein du débat public.
Cette mobilisation s’inscrit dans un mouvement plus large, amorcé mi-juin, lorsqu’une intersyndicale composée notamment de SUD-Rail et SUD-Transports appelait à refuser toute participation logistique à des livraisons d’armement vers Israël. Depuis, des relais se sont formés au-delà des frontières françaises, notamment à Gênes ou à Tanger, où des actions similaires ont été menées.
Alors que la guerre à Gaza continue de faire des victimes civiles, les chaînes de transport deviennent à leur tour un espace de contestation. Face aux cargaisons d’armes, certains salariés choisissent désormais de ne plus charger en silence.
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