Real christians don’t support bigots !
Le christianisme de façade de Donald Trump, ainsi que l’inconditionnel soutien apporté par une très large frange des évangéliques étasuniens à leur prétendu nouveau Cyrus, est particulièrement inquiétant.
La bigoterie restera toujours plus attrayante que la foi véritable qui se nourrit du doute et ne l’exclut pas, car les certitudes et la superstition, sont émotionnellement infiniment plus rassurantes et intellectuellement beaucoup moins coûteuses. Foto: Lorie Shaull / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0
(Jean-Marc Claus) – Le vote religieux avait tellement profité à Donald Trump en 2016, qu’il a lancé en 2020 en la megachurch El Rey Jesús de Miami, le mouvement « Evangelicals for Trump ». Ce qui l’a visiblement aidé à reconquérir le pouvoir en 2024, même si l’abstention évangélique était en légère augmentation, les votants ayant eux opté à 64% pour le messie MAGA. Un chiffre juste de 2% supérieur à celui de l’électorat protestant, mais en quoi est-ce inquiétant ?
Ces dernières années, le vote républicain traditionnellement WASP (White Anglo Saxon Protestant), s’est étendu à des citoyens appartenant à d’autres communautés, dont des latino-américains et des afro-américains, ayant pour caractéristique commune leur appartenance à la constellation évangélique. Constellation évangélique qui au Brésil en 2019, a porté au pouvoir Jair Bolsonaro qualifié alors de « Tropical Trump », et qui en Europe, n’est pas à l’abri de prendre une tournure similaire, même si en France, selon l’analyse de l’historien et chercheur Sébastien Fath, ce n’est pas (juste) pour demain.
Comment ce propriétaire de casinos, marié trois fois et condamné pour agression sexuelle, peut-il être soutenu par des chrétiens dont il constitue une magnifique l’antithèse ? Antithèse du christianisme primitif, et non de ces chrétiens bigots, pour qui la Bible est une valeur absolue, à l’instar de la perversion de l’Islam prenant le Coran au pied de la lettre, mais aussi de toute autre position exclusivement doctrinale, qu’elle soit religieuse philosophique, économique ou politique.
Une explication se trouve évidemment dans la Bible, au chapitre 45 du Livre d’Isaïe, où le roi Cyrus le Grand, même s’ilest païen, se voit choisi par Dieu qui en fait son oint, libérant le peuple élu alors déporté à Babylone et devenant mécène de la reconstruction du Temple de Jérusalem. Mais la stratégie d’influence dite des Sept Montagnes mise en œuvre par les chrétiens radicaux, ciblant la religion, l’éducation, l’économie, la politique, les arts & spectacles, les médias, la famille, regarde bien au-delà du très fantasque Nouveau Cyrus. L’extrême-droitisation du monde, va de paire avec la montée en puissance des fondamentalismes religieux, quels qu’il soient.
Les dernières décisions prises par Donald Trump, comme l’expulsion en masse de migrants, ainsi que la suspension d’USAID jusqu’ici en charge du soutien au développement d’une centaine de pays, devraient logiquement horrifier ses soutiens se réclamant des valeurs évangéliques. Il n’en est rien car à leurs yeux, le combat mené par leur Nouveau Cyrus contre le droit à l’avortement, et donc la liberté des femmes de disposer de leurs corps, est bien plus important que les êtres humains, allant basculer dans la misère et pour certains vers la mort, suite aux oukases trumpiens cités plus haut.
Parallèlement à un nationalisme purement politique, se construit aujourd’hui un nationalisme chrétien, pas seulement évangélique, et dont on peut à bon droit, se questionner quant à leur synergie. Or, il n’est pas plus possible de se déclarer chrétien et trumpien, que de se prétendre végétarien et carnivore. Le nationalisme chrétien n’a absolument rien de chrétien, si ce n’est qu’il renvoie très paradoxalement aux temps des expansionnismes impérialistes des croisades et des colonisations, où la religion était instrumentalisée à des fins purement politiques.
Même si cette page de l’Histoire a longtemps été volontairement ignorée, nous savons aujourd’hui grâce aux travaux Michel Weckel que des protestants alsaciens ont acclamé Hitler. En Allemagne, l’historien Christoph Strohm a, pour la même époque, sorti les cadavres des placards des Églises. Mais cela conduit-il nos concitoyens européens, que nos frères humains de l’ensemble de la planète, à réfléchir un tant soit peu ?
La bigoterie restera toujours plus attrayante que la foi véritable, qui se nourrit du doute et ne l’exclut pas, car les certitudes et la superstition, sont émotionnellement infiniment plus rassurantes et intellectuellement beaucoup moins coûteuses. On ne met pas le Saint-Esprit sous une cloche à fromage et « Die Gedanken sind frei », soit l’exact opposé des courants fondamentalistes religieux mortifères, qui tôt ou tard en arrivent à soutenir directement ou indirectement, les mouvement politiques d’extrême droite.
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