František Zvardon – « Les paysages humains » (22)

Après la merveilleuse série sur la forêt d’Alsace, František Zvardon montre dans cette série en noir et blanc, des « paysages humains », des instants qui parlent de ses rencontres dans le cadre de ses expéditions dans le monde entier.

© František Zvardon

J’ai quitté la République Tchèque en 1985. Non pas pour des raisons matérielles, c’est certain, mais pour pouvoir découvrir le monde et l’immortaliser et le garder en mémoire. C’est dans la première année, une fois que j’ai pu acheter mon premier appareil photo (Linhof, chez Meyer Waner, merci encore à Philippe Faessel qui a quitté les DNA il y a peu de temps), j’ai commencé à faire mes premiers voyages. Ma première commande d’une photo de restaurant, était la « Tarte flambée » dans le Kochersberg. Le propriétaire était si content de mes résultats qu’il m’a appelé quelques semaines plus tard pour me dire que sa sœur vivant à Chicago, avait admiré tellement mes photos qu’elle m’invite à Chicago pour photographier les Miss d’Illinois et USA. (Son entreprise de haute couture « Alice Design » a fait des coutures de vêtements femmes, utilisés lors des présentations des miss chaque année aux USA.) De tarte flambée au Miss, je considérais cela comme un de plus beaux cadeaux du ciel à l’époque !

Avec beaucoup de difficultés administratives concernant mon passport et l’asile politique, j’ai pu poser, pour la première fois, les pieds sur la terre américaine à Chicago. Je suis resté 3 mois dans une villa de luxe, entouré chaque jour des plus belles femmes des Etats-Unis… les photos, je les ai réalisées le plus souvent à l’extérieur dans les cadres architecturaux ou industriels qui ont été pour moi, une vraie découverte. Pendant une des soirées, j’ai rencontré le directeur du magazine « Metro » qui m’a proposé un reportage en noir et blanc sur les grandes villes américaines et j’y suis retourné quelques mois plus tard.

New York, Dallas, Los Angeles : dans les quartiers les plus défavorisés, je cherchais l’homme simple, dans sa tragédie et sa beauté, je voulais garder les traces de mes rencontres, les réveiller avec leurs grondements. J’ai continué dans cet esprit à errer à travers le monde, à chercher l’homme et son âme. Faire des longs kilomètres pour trouver un visage qui représentait toute une histoire ou un berger avec ses animaux, pour garder en image son existence. Lui probablement sans grande importance dans le monde et pourtant ! Pour moi, cet homme était mon centre d’intérêt. Pour ce regard vers son paysage infini, la tendresse et fidélité de son chien, je sais bien, ça n’a rien de spectaculaire, mais ce monde simple sans perversion et calcul, vaut pour moi tous les chemins parcourus. C’est ainsi que je garde la mémoire de l’existence visible de l’être humain.
(František Zvardon)

*

Ich habe die Tschechische Republik 1985 verlassen. Nicht etwa aus materiellen Gründen, sondern um die Welt zu entdecken, sie unsterblich zu machen und um sie für immer im Gedächtnis zu behalten. Im ersten Jahr, als ich meinen ersten Fotoapparat kaufen konnte (Linhof, bei Meyer Waner, Danke Philippe Faessel, der vor kurzer Zeit die DNA verlassen hat), begann ich zu reisen. Mein erster Fotoauftrag war das Foto eines Restaurants, der „Tarte flambée“ am Kochersberg. Der Besitzer war so mit meiner Arbeit zufrieden, dass er mich einige Wochen später anrief um mir zu sagen, dass seine in Chicago lebende Schwester so beeindruckt von meinen Fotos war, dass sie mich nach Chicago einlud, um dort die Miss Illinois und die Miss USA zu fotografieren. (Ihr Modeunternehmen „Alice Design“ produzierte die Kleidung, die jedes Jahr von den Kandidatinnen der Miss-Wahlen getragen wurden. Von der „Tarte flambée“ zur Miss-Wahl, das war für mich damals das schönste Geschenk des Himmels!

Trotz großer Verwaltungsprobleme wegen meines Passes und meines politischen Asyls schaffte ich es dennoch, zum ersten Mal amerikanischen Boden in Chicago zu betreten. Ich blieb 3 Monate in einer Luxusvilla, täglich eingerahmt von den schönsten Frauen der USA… meine Fotos nahm ich vor allem draußen auf, im Rahmen ausgefallener Architektur oder in Industrieanlagen, die für mich eine echte Entdeckung darstellten. Während eines Abendessens lernte ich den Direktor des Magazins „Metro“ kennen, der mit vorschlug, eine Schwarz-Weiß-Reportage über die großen amerikanischen Städte zu machen und einige Monate später bin ich tatsächlich dorthin zurückgekehrt.

New York, Dallas, Los Angeles: In den ärmsten Vierteln suchte ich nach dem einfachen Menschen, in seiner Tragödie und Schönheit und ich wollte eine Spur dieser Begegnungen behalten, sie wieder erwecken können, mit all ihren Zwischentönen. Mit dieser Philosophie bin ich weiter durch die Welt geirrt, auf der Suche nach dem Menschen und seiner Seele. Viele Kilometer hinter mich zu bringen, um ein ausdrucksstarkes Gesicht zu finden oder einen Schäfer mit seinen Tieren, um seine Existenz für immer festzuhalten. Diese Menschen hatten wahrscheinlich keine große Bedeutung im Weltenzirkus, aber das zu glauben, ist ein Irrtum! Für mich waren all diese Menschen einen Moment lang der Mittelpunkt meines Interesses. Für diesen Blick auf unendliche Landschaften, die Zärtlichkeit und Treue seines Hundes, und auch, wenn ich weiß, dass diese Momente nicht spektakulär sind, doch lohnt sich für mich diese einfache Welt, ohne Perversion und Berechnung, alle gelaufenen Wege. Und so schaffe ich ein Gedächtnis der sichtbaren Existenz des menschlichen Lebens.
(František Zvardon)

© František Zvardon

© František Zvardon

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