L’escroc qui se sentait escroqué

L'intervention du fantasque Nigel Farage au Parlement Européen montrait que les Britanniques se sont laissés leurrés par un escroc politique.

L'homme qui essayait de rouler l'UE. Mais il n'y est pas parvenu... Foto: Gage Skidmore, Peoria, AZ, USA / Wikimedia Commons // CC-BY-SA 2.0

(KL) – Il était en colère, Nigel Farage, celui qui avait menti pendant toute la campagne en amont du référendum sur le Brexit à ses compatriotes. Et il apparaît de plus en plus clairement que les Cameron, Farage, May & Cie. avaient un plan très malhonnête en poussant la Grande Bretagne vers la sortie de l’Union Européenne. Lors du débat au Parlement de Strasbourg cette semaine, les eurodéputés ont confirmé ce que Donald Tusk, le Président du Conseil Européen, avait déjà signifié à Theresa May – les négociations concernant le Brexit se dérouleront selon les règles fixées par l’Union Européenne et non pas comme la Grande Bretagne l’avait prévu. Tout le château de cartes du Brexit s’écroule avant même le début des négociations. Et Nigel Farage affiche la colère de l’escroc qui se sent escroqué.

L’intervention de Nigel Farage devant le Parlement à Strasbourg frôlait le ridicule. Farage en voulait à tout le monde : « Vous vous comportez comme la Mafia », a-t-il lancé aux eurodéputés, « vous pensez que nous sommes votre otage: Mais ce n’est pas le cas,nous pouvons partir quand on veut ». Certes, Monsieur Farage, mais sans rouler l’Union Européenne dans la farine. Votre plan a échoué avant de pouvoir se développer.

L’insulte que l’Union Européenne se comporte comme la Mafia, a fait réagir le président du parlement, l’Italien Antonio Tajani qui qualifiait la tirade de Nigel Farage comme « inacceptable ». Mais Nigel Farage n’avait pas encore fini et estimait nécessaire d’en rajouter une couche. En direction de Tajani, il disait : « Monsieur le Président, je comprend les susceptibilités nationales. Je change [le mot Mafia] en gangster. C’est ainsi qu’on nous traite. Nous avons reçu une lettre de chantage ».

Cette lettre dont parlait Farage, était la lettre de Donald Tusk qui informait le gouvernement britannique qu’aucune négociation concernant un nouveau traité de libres échanges sera négocié avec la Grande Bretagne avant la fin des négociations sur le Brexit. Et le problème de de Farage et de Theresa May se situe exactement là. Le plan de Farage et de May était simple – on négocie en parallèle et ainsi, la Grande Bretagne voulait imposer une nouvelle fois des conditions favorables, en « troquant » l’un ou l’autre avantage en échange d’un compromis dans l’autre négociation. Mais, cela ne fonctionne pas et une fois les négociations sur le Brexit terminées, la Grande Bretagne ne disposera plus d’aucun moyen de pression concernant d’éventuelles négociations sur un nouveau traité de libres échanges. Pourtant, sans un tel accord, l’économie britannique s’écroulerait.

Mais Farage peut crier comme il veut, l’Union Européenne retrouve une nouvelle solidarité et se montre déterminée à ne pas laisser les Britanniques faire ce qu’ils veulent. 516 eurodéputés votaient en faveur de la feuille de route proposée par la Commission, 133 ont voté contre et 50 se sont abstenus. Les 113 votes contre, ce sont surtout les ultranationalistes et l’extrême-droite qui siègent aussi au parlement et on s’étonnera toujours du nombre d’eurodéputés qui trainent au parlement sans avoir une opinion. Ceux qui s’abstiennent lors d’un tel vote, l’Europe n’en a vraiment pas besoin…

Les négociations entre l’UE et la Grande Bretagne seront chaudes, surtout dans la mesure où l’ardoise finale que reclame l’UE s’élève à environ 60 milliards d’euros. Et si la Grande Bretagne ne veut pas se retrouver dans un isolement le plus total après le Brexit, il va falllir apprendre à accepter des choses que les Britanniques ne voudront pas accepter. Pourtant, ils n’auront pas le choix. Et le plus étonnant dans tout ça, c’est que la moitié de la population britannique regarde cette catastrophe se dessiner, sans pour autant appeler à la révolution. La Grande Bretagne est en train de s’auto-abolir et Monsieur Farage devrait mettre quelques sous de côtés – après le Brexit, il risque de ne plus pouvoir se balader en Grande Bretagne comme avant – il deviendra probablement, avec Theresa May, celui qui aura causé la perte du Royaume Uni. Le fait qu’il ne soit pas amused, eh ben, tant pis pour lui.

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