František Zvardon : Iron Heroes

Třinec, à l’est de la République Tchèque. 49°40’40’’ Nord, 18°40’22’’ Est. František Zvardon vous amène dans un monde à part – à la rencontre d’êtres humains qui pourraient autant être des martiens…

Frantisek Zvardon vous amène dans un autre monde... Foto: (c) Frantisek Zvardon

(KL) – Aujourd’hui, après les photos de la Norvège, de la Guadeloupe, d’animaux d’une beauté époustouflante, František Zvardon vous fait découvrir un tout autre univers. A l’extrême est de la République Tchèque, il est allé à la rencontre d’un monde souterrain, chauffé par les températures élevées des profondeurs de la Terre, là où les gens travaillent dans une ambiance irréelle. Voici son récit.

« Des héros, ces ouvriers métallurgistes ? Des héros au quotidien, mais qui se meuvent aussi dans le domaine du sacré. Ils sont masqués, et ils manient le feu. Ils font brûler et fondre le métal, et ils le façonnent. Ce sont des créatures entre hommes et Dieux – des héros, en somme. Pas comme Hephaistos, mais comme Herakles… Ils sont tout aussi bien des Titans, d’ailleurs : des médiateurs entre le chaos des profondeurs de la Terre et l’ordre souple, ingénieux et nonchalant de la Nature.

Cette image inspire une horreur fondamentale, élémentaire. L’apparence de l’être humain est rendue horrible par ce combat avec la Nature et contre la matière, cette lutte qui n’a ni légèreté, ni élégance et où les combattants sont contraints de se protéger contre de la matière qu’ils manipulent avec un masque : le minerai en fusion est un magma maltraité, le mauvais œil de la Terre.

Ces hommes casqués, gantés de cuir et parfois armés de piques, agissent à l’exacte, à l’extrême jointure de l’Homme et de cette sacrée Nature qui entre par violence dans le monde humain, par le feu qui est celui des volcans et celui du centre de la Terre.

Dans l’éclat de ces matières impérieuses et dans la main de ces hommes, horreur et beauté : l’amiante, fille de la roche, qui tue ceux des hommes qui s’avisent de la respirer. Le cuir qu’on a arraché au monde animal. Le minerai, qu’on a arraché à la Terre. Le caoutchouc, que naguère on arrachait aux arbres pleurnichards. Un monde brutal de l’arrachement. Aux confins dépassés de la condition humaine. Cette violence est pourtant fascinante, avec ses formes solennelles et ses teintes macabres et théâtrales.

Les visages de ces hommes ou de ces Titans de l’aciérie morave (ou plus précisément, silésienne) sont invisibles. Anonymat ? Bien au contraire : ces hommes se créent eux-mêmes dans les extrêmes de la chaleur intenable et du rougeoiement sans fin. J’ai vu de tels hommes, qui font de leurs visages des visages d’insectes ou de Titans, en Sarre, en Pologne, en Albanie : rentrés chez eux après leurs journées invariablement harassantes, ils n’éteignent pas leur regard. Leurs yeux restent allumés de ce qu’ils ont vu durant ces heures monstrueusement interminables ; ce qu’ils voient chaque jour est trop grand, trop beau, trop grave, trop essentiel. »

František Zvardon

Vous pouvez acquérir les œuvres de František Zvardon, dont celle-ci, tirées et numérotés x/10, signées, format 100 x 60 cm, imprimées sur du papier recyclé de qualité exceptionnelle et par un processus écologique utilisant de l’encre biologique. Le prix de vente et de 600 € TTC. Pour tout renseignement supplémentaire, merci de contacter zvardonphoto@gmail.com.

(c) Frantisek Zvardon

(c) Frantisek Zvardon

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