L’Europe de et à Strasbourg (13) : l’Observatoire européen de l’audiovisuel
Installé dans le magnifique écrin qu’est la Villa Schutzenberger, bijou de l’Art nouveau édifié en 1900, l’Observatoire européen de l’audiovisuel se situe, depuis plus de 30 ans, au plus près du Conseil de l’Europe. Il est d’ailleurs l’un de ses organes, et est dédié, comme son nom l’indique, au secteur audiovisuel.
(Emma Kuhn) – Au début des années 90, un dynamisme s’est créé en Europe autour de l’industrie de l’audiovisuel : celle-ci allait jouer un rôle primordial sur la scène européenne. Par audiovisuel, il faut essentiellement entendre le cinéma, la télévision et la VoD (vidéo à la demande). En 1992, l’Observatoire européen de l’audiovisuel est ainsi fondé à Strasbourg et est rattaché au Conseil de l’Europe. Son objectif initial était de pallier le manque de transparence et de données fiables en Europe dans ce secteur. De plus, il fallait notamment faire face à l’invasion cinématographique américaine. La création de l’Observatoire correspond alors à une volonté européenne, et à celle de la maire strasbourgeoise de l’époque, Catherine Trautmann. Ce nouvel organisme s’est ainsi ancré au cœur du quartier européen en investissant la Villa Schutzenberger, propriété de la ville, classée parmi les monuments historiques en 1975.
Aujourd’hui, l’Observatoire européen de l’audiovisuel fonctionne dans le cadre d’un Accord partiel élargi du Conseil de l’Europe, et compte 40 Etats-membres (plus l’Union européenne elle-même, représentée par la Commission européenne). Ce sont eux qui contribuent au financement de l’Observatoire. Ce dernier a pour mission d’améliorer la transparence dans le secteur audiovisuel en Europe. Pour ce faire, il est composé de deux départements : le premier, le département « Informations sur les marchés », produit des données statistiques et analytiques sur les tendances dans le domaine de l’audiovisuel. Le second, le département « Informations juridiques », examine les principales questions juridiques relatives à ce secteur et rend compte des derniers développements juridiques susceptibles d’avoir une incidence sur la législation concernant l’audiovisuel en Europe. Les différentes informations sont collectées, traitées, harmonisées et rendues disponibles sous forme de rapports (entre 20 et 25 rapports environ sont produits chaque année).
Finalement, comment améliore-t-on la transparence dans le secteur audiovisuel ? « En ayant accès à un maximum de données fiables, ce qui fait partie de nos défis », répond Alison Hindhaugh, responsable communication de l’Observatoire européen de l’audiovisuel. Ces données collectées sont variées : le nombre d’écrans de cinéma dans chaque pays européen, le nombre de films produits ou co-produits en Europe, le pourcentage de séries et films européens dans les catalogues VoD… Le département juridique n’échappe pas non plus à ces collectes : il recherche par exemple quelle loi européenne contrôle la VoD en Europe ou encore quelle loi existe pour faire en sorte que le contenu européen soit bien promu sur les plate-formes.
L’Observatoire européen de l’audiovisuel gère un réseau d’information qu’il a mis en place et qui est unique en Europe. Il constitue une source inédite de renseignements, de chiffres et d’analyses sur le cinéma, la télévision et la VoD en Europe. Par exemple, selon un de ses rapports datant du mois de février, le budget moyen d’un film de fiction européen sorti en salle en 2020 est de 3,02 millions d’euros. Ces informations seront ensuite utilisées par la Commission européenne, le Parlement européen, les professionnels de l’industrie de l’audiovisuel, les journalistes, les chercheurs etc. « Le but est d’être la référence et on pense l’être en Europe pour nos deux départements », se réjouit la responsable communication. « Maintenant, l’avenir de notre mission va être de couvrir tous les changements qui s’effectuent dans les marchés audiovisuels », ajoute-t-elle. Un des grands enjeux sera notamment l’utilisation de l’intelligence artificielle dans ce secteur. « Il faudra se poser la question : comment peut-on, de manière saine, intégrer l’IA dans nos procédures de travail ? », s’interroge Alison Hindhaugh.
L’Observatoire européen de l’audiovisuel
Adresse : 76 allée de la Robertsau, 67000 Strasbourg Création : 1992 Effectif : Equipe de 27 personnes (de 12 nationalités différentes) Budget : 3,8 millions d’euros (pour l’année 2023) |
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