Mauvaise nouvelle pour le amateurs de bière
Les changements climatiques affectent beaucoup de domaines de la vie. Et même celui de la bière. Une équipe de scientifiques tchèques constate que la qualité et la quantité du houblon sont en baisse.
(KL) – Une équipe de scientifiques autour de Martin Mozny de l’Académie des Sciences tchèque à Brno a analysé les récoltes de houblon depuis 1989, dans 5 régions où on cultive cet ingrédient qui confère à la bière son goût amer. Résultat – non seulement les quantités récoltées sont en baisse, mais également la teneur en acide alpha, l’élément qui donne justement le goût amer à la bière. Pour éviter que la qualité de la bière baisse et que les prix augmentent, les scientifiques demandent des mesures immédiates.
Peu étonnant que ce soit une équipe tchèque qui a mené cette étude – la République Tchèque est le pays européen où l’on consomme la plus forte quantité de bière par personne, 129 litres par tête et année (à titre de comparaison, en France, on consomme 33 litres de bière par personne et année). Les scientifiques ont analysé cinq régions où on cultive le houblon en République Tchèque, en Slovénie et en Allemagne et les résultats sont surprenants. Comparé à la période 1989 à 2018, le houblon perdra jusqu’en 2050, en moyenne 30 à 40% de sa teneur en acide alpha, ce qui va fortement altérer le goût de la bière. En plus, les quantités récoltées sont clairement en baisse et l’étude parue dans « Nature Communications » explique ce phénomène par les changements climatiques qui sont en train de s’aggraver d’année en année.
Les conséquences de cette évolution sont claires – il y aura moins de houblon et le houblon récolté, sera d’une qualité moindre. Cela va logiquement se traduire par une hausse des prix et certainement aussi, par la faillite de nombreuses brasseries qui elles, doivent déjà gérer l’explosion du prix de l’énergie. Si le houblon, l’un des ingrédients principaux de la bière, devrait connaître une forte hausse des prix et une baisse de la qualité, beaucoup de petites brasseries jetteront l’éponge. Pour les consommateurs, il faudra s’attendre à une hausse des prix sensible.
En Allemagne, cette évolution met en péril un certain nombre des environ 28.000 emplois directs dans les brasseries, sans compter toute la filière du champ jusqu’à la distribution. En France, l’ensemble de la filière emploie environ 130.000 personnes, donc, l’évolution autour du houblon ne restera pas non plus sans conséquences sur l’emploi dans cette filière.
Y a-t-il des solutions ? Selon les scientifiques tchèques, oui. Mais, comme pour beaucoup de problèmes liés aux changements climatiques, il faudra agir vite, même immédiatement. L’équipe de Martin Mozny préconise d’une part, un agrandissement des surfaces de culture (ce qui peut s’avérer difficile dans beaucoup de cas), d’autre part l’utilisation de nouvelles sortes de houblon issues du Centre de recherche sur le Houblon à Hüll (Bavière, Allemagne) où on travaille sur des sortes plus résistantes aux conditions climatiques et troisièmement, il faut travailler sur de nouveaux systèmes d’irrigation. Autrement, la bière risque d’être de plus en plus mauvaise et de plus en plus chère. On verra si la politique peut créer le cadre permettant de contrer cette évolution. Mais pour un sujet comme la bière, peut-être la politique ne voudra pas s’attirer la colère des consommateurs ? A suivre…
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