Quand on porte le mauvais nom…

La marque de bière « Corona » accumule les mauvaises nouvelles ces derniers temps – et commence à impacter le résultat du plus grand groupe de brasseurs mondial AB Inbev.

A gauche, il ne reste plus rien. A droite, les packs de Corona prennent de la poussière... Foto: Famartin / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Pas cool de s’appeler « Corona » ces jours-ci. La brasserie mexicaine, qui appartient au groupe mexicain « Grupo Modelo » qui lui, appartient au géant AB Inbev, le plus grand groupe de brasseurs du monde (Budweiser, Beck ’s, Stella Artois, Hoegaarden, Leffe, Löwenbräu etc.), enregistre l’effondrement de ses ventes, au point que le résultat du groupe se trouve en forte baisse. Pourtant, la marque de bière n’a strictement rien à voir avec ce virus qui est en train de sévir dans le monde entier.

Depuis le début de l’année, donc, depuis le début de la corona-crise, les ventes de la bière du même nom ont baissé d’environ 170 millions d’euros. Et ce en seulement deux mois. C’est la poisse pour « Corona », bière beaucoup consommée dans les clubs autour du globe, mais – les clubs sont aujourd’hui fermés et dans les supermarchés, les clients achètent d’autres marques, le terme « Corona » évoquant confinement, maladie et mort. Même une campagne de marketing avec le rappeur-vedette Snoop Dogg n’y change rien – l’image de la marque ne décolle pas.

Et comme si un malheur ne suffisait pas, « Corona » vient d’essuyer un autre échec de taille. Au Mexique, près de la frontière américaine, à Mexicali, le projet d’une super-brasserie d’une valeur de 1,5 milliards d’euros vient d’être stoppé net. Comme souvent, les travaux avaient commencé avant l’obtention de toutes les autorisations, certainement en espérant que les autorités n’allaient pas rester insensibles à quelques enveloppes bien garnies, et le chantier est déjà avancé au deux tiers. Mais un référendum vient de mettre un terme à ce projet – 76,1% des votants ont rejeté ce projet, craignant que cette super-brasserie allait pomper toutes les ressources d’eau de la région, mettant ainsi en péril l’approvisionnement de la population. Malgré une participation extrêmement faible (seulement 36780 votants sur plus d’un million d’habitants de la ville de Mexicali située dans l’état fédéral de Baja California), le Président Andrés Manuel López Obrador a déclaré « Nous devons respecter la décision du peuple » – maintenant, l’Etat négociera une compensation pour les travaux déjà effectués, mais le mal pour « Corona » est fait : cette super-brasserie ne verra pas le jour.

Pour le groupe-mère, AB Inbev, la situation autour de « Corona » commence à peser lourd. Depuis le début de l’année, l’action du groupe a perdu presque 40% de sa valeur et tous les pronostics quant aux résultats du groupe ont du être retirés, ce qui ne renforce pas vraiment la confiance des investisseurs dans cette action.

La suite ? Personne ne sait pour l’instant ce que fera AB Inbev, mais le groupe devra réagir à cette évolution. Malgré la nouvelle campagne avec Snoop Dogg, un sondage aux Etats-Unis a montré que 38% des consommateurs n’achètent plus la bière « Corona », « à cause du nom ». On ne sait même pas s’il sera possible de rehausser cette image malmenée – mais quoi qu’il en soit, AB Inbev ne pourra pas assister en témoin passif à cette dégringolade.

Pour « Corona », c’est le pire scénario imaginable. Sans avoir commis la moindre erreur, la marque est en train de dégringoler, et il y a des chances que dans peu de temps, elle disparaîtra des marchés ou qu’elle soit renommée pour effacer ce mauvais souvenir collectif. Ce qui est franchement dommage, car la « Corona », entre connaisseurs, est une excellente bière…

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