Election européenne – et les petits partis ?

A quelques jours de l’élection européenne, on a voulu savoir comme se passe une telle campagne chez les « petits » partis, ceux que l’on entend peu pendant cette campagne. Rencontre avec le Parti Animaliste.

Le Parti Animaliste souhaite interdire la maltraitance d'animaux, comme dans le cadre de la tauromachie. Foto: Manuel Duran Blaquez / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Non, cette élection européenne ne se limite pas à l’approbation ou le rejet de la politique nationale du gouvernement Macron/Philippe. Beaucoup de citoyens et citoyennes se soucient de l’avenir de notre continent et de l’évolution que prennent les sociétés européennes actuellement. Mais comment faire campagne lorsque le débat public est totalement accaparé par les joutes que se livrent les grandes formations politiques qui elles, parlent de tout, sauf de projets européens concrets ? Laure Gisie, numéro 5 sur la liste du Parti Animaliste, a répondu à nos questions.

Que demande le Parti Animaliste concrètement à l’Europe ?

Laure Gisie : Le programme du Parti Animaliste pour l’élection européenne prend en compte la compétence du Parlement européen. On propose des mesures européennes tout à fait concrètes. En ce qui concerne le droit animal, nous proposons l’instauration d’un commissaire européen à la protection animale ; faire de la protection des animaux une compétence partagée de l’Union européenne ; créer un statut juridique européen pour les animaux terrestres et aquatiques avec des règles propres à chaque catégorie (de compagnie, dits de rente, sauvages) ; mettre fin à la protection des traditions culturelles qui impliquent la cruauté envers les animaux, telles que la tauromachie et le gavage, les chasses traditionnelles ; interdire les euthanasies hormis celles pratiquées à des fins de soulagement ; renforcer la lutte contre le trafic international des animaux ; interdire la détention d’animaux à des fins d’exhibition comme dans les zoos ou cirques.

En effet, les institutions européennes pourraient délibérer sur des directives allant en ce sens. Quid des animaux dans l’agriculture ?

LG : Nous souhaitons réorienter les subventions de l’Union européenne du secteur de l’élevage et de la pêche vers l’agriculture végétale et la reconversion des professionnels du secteur. Donc, nous demandons l’interdiction définitive de la pêche électrique et les pratiques de pêche les plus destructrices et la création de nouvelles réserves marines dans les eaux territoriales européennes ; l’interdiction des méthodes d’élevage et d’abattage les plus génératrices de souffrance, à savoir les mutilations comme l’épointage du bec, la castration à vif, l’amputation de la queue, l’écornage et d’autres pratiques ; l’interdiction du broyage des poussins et des canetons ; l’interdiction des sélections génétiques causant des souffrances et de la mise à mort sans insensibilisation préalable.

Mais l’Union Européenne peut également intervenir en limitant à 8 heures maximum le transport des animaux d’élevage et en interdisant l’exportation d’animaux vivants vers des pays tiers.

Vous prônez aussi des changements des comportements de la société ?

LG : Tout à fait ! La protection des animaux concerne aussi la santé humaine et l’environnement. Par conséquent, il convient de fixer un objectif de réduction de la consommation de produits animaux ; il faut procéder à l’élimination progressive de l’expérimentation animale avec des objectifs contraignants pour laisser place aux alternatives ; on veut renforcer les normes environnementales afin de réduire les impacts négatifs de l’agriculture sur les animaux sauvages et l’environnement.

Pourquoi y-a-t’il plusieurs listes de partis qui défendent la cause animalière ? Est-ce que vous ne vous bloquez pas mutuellement ?

LG : Jusqu’à aujourd’hui, la question animale était toujours diluée dans les autres thématiques voire complètement ignorée. Celle-ci ne peut plus être délaissée alors qu’il y a une prise de conscience croissante de l’opinion publique : à titre d’exemple, 89% des français jugent la cause animale importante selon un sondage IFOP 2019. Et 67% constatent que les animaux sont mal défendus par les politiques (IFOP février 2018).

Il est vrai que depuis notre arrivée sur la scène politique en 2016, les autres formations plus traditionnelles commencent à s’emparer de la question et nous nous en réjouissons. Néanmoins, le Parti Animaliste souhaite prouver que la cause animale constitue une priorité́. En effet, chaque voix donnée au Parti Animaliste l’est sans aucune ambiguïté afin de faire avancer la question animale et montrer l’importance du Parti Animaliste car nous avons notre électorat.

En Allemagne, en l’absence de la barre des 5%, on sait déjà que la « Tierschutzpartei » aura très probablement, comme en 2014, au moins un siège au nouveau Parlement Européen. Que vous inspire le fait que l’élection européenne se passe dans différents formats dans différents pays ?

LG : Nous regrettons le peu de cohérence entre les différents pays européens. Ce barrage de 5% laisse penser qu’il y a une volonté des gouvernements français d’empêcher les petits partis d’obtenir des sièges au Parlement Européen. Nous attirons aussi l’attention sur le fait que les campagnes coûtent très cher en France et que le financement n’est pas équitable entre chaque pays européen. Le mode de scrutin pour les municipales et les élections législatives n’est pas plus heureux pour les petits partis.

Et quelles sont les positions du Parti Animaliste concernant les autres grands dossiers de notre époque – changement climatique, migration, sécurité, pour ne citer qu’eux ?

LG : Le Parti Animaliste est monothématique, ce qui signifie qu’il ne se positionne que sur des thématiques en lien, direct ou indirect, avec la question animale. Outre les animaux eux-mêmes, la question animale affecte cependant de nombreuses autres thématiques de notre époque, comme l’environnement, l’économie, l’emploi et même la faim dans le monde et le gaspillage alimentaire. Il ne faut pas oublier que 800 millions de personnes au monde souffrent de malnutrition. Il y a un gaspillage des ressources qu’il conviendrait de réaffecter directement à l’alimentation humaine au lieu de consacrer 2/3 des terres agricoles pour l’élevage.

Et quel est votre objectif pour cette élection européenne 2019 ?

LG : Etant un tout jeune parti, le Parti Animaliste dispose de peu de moyens. De ce fait, nous serons très largement défavorisés par rapport aux grands partis, notamment parce que le coût des impressions des professions de foi, des affiches et des bulletins de vote sont à notre charge. Le Parti Animaliste ne pouvant assumer financièrement toutes ces impressions, il ne nous sera donc malheureusement pas possible de faire parvenir dans les boîtes aux lettres notre profession de foi et les bulletins de vote, ces derniers seront exclusivement présents dans les bureaux de vote (métropole et la Réunion). Mais nous sommes optimistes – les soutiens de personnalités comme Laura Smet, Dave, Anny Duperey, Arnaud Tsamere, Laurent Baffie, Corinne Touzet, Claude Lelouch, Stone et Mario d’Alba, Nolwenn Leroy, Pascal Légitimus et beaucoup d’autres nous motive d’aller plus loin dans la démarche et bien entendu, nous espérons créer la surprise ce 26 mai et obtenir des élus. Cela nous permettrait de travailler avec ceux des autres partis animalistes européens afin de faire avancer avec plus de force la question animale au sein du Parlement Européen.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste