Est-ce que l’Etat Islamique gagne du terrain au Maghreb ?

Daech : un fantasme aux portes de la Tunisie

En Tunisie, les extrémistes du Daesh gagnent du terrain. La vigilance est plus que jamais de mise. Foto: (c) Mohamed M'Dalla

(Par Nesrine Chihi) – Les défaites subies récemment par les groupes terroristes DAECH et Al-Nosra en Syrie et en Irak, obligent leurs mercenaires survivants à chercher refuge dans d’autre pays, lorsque cela leur est possible. Or, quel meilleur pays que la Libye pour leur offrir une base de repli et de ressourcement ? À l’inverse de la Syrie, la Libye a été vite détruite par l’OTAN et livrée «pieds et poings liés» aux milices islamo-fascistes. Depuis la Libye, ces milices professionnelles pourront être facilement lancées contre les pays voisins, comme la Tunisie, l’Égypte ou l’Algérie qui reste l’objectif ultime des appétits de l’Empire anglo-sioniste. Le maillon faible de ces trois pays, la Tunisie, semble être la première cible. En effet, dans ce pays, le terrain a été préparé depuis trois ans par les Frères Musulmans d’Ennahdha, dont la marionnette acceptable pour l’Occident s’appelle Marzouki, le président provisoire qui s’accroche. En 2011, à la stupeur générale, et bien avant DAECH, ils avaient déjà annoncé l’avènement du sixième califat.

Le fantasme de faire ressurgir le califat islamique n’a jamais été aussi réel. Avec pour argument de guerre, la nostalgie d’un âge d’or où les Musulmans détenaient le pouvoir, l’organisation de l’Etat Islamique en Irak et au Levant, communément appelée Daech, ambitionne de remodeler les frontières du monde musulman, dont la Tunisie. Avec l’annonce d’un nouveau califat, proclamé le 29 juin dernier, le mouvement jihadiste le plus violent, qui a mainmise sur une grande majorité de la Syrie et près des deux tiers nord de l’Irak, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

L’Etat Islamique en Irak et au Levant commence à conquérir du terrain et inquiète le monde entier. Il y a de nombreux éléments de cette organisation qui attendent le moment opportun pour entrer en Tunisie pour y former un noyau et perpétrer la terreur comme ils le font en Irak et en Syrie. L’allégeance d’Ansar Al Charia en Tunisie et en Libye fait craindre une invasion imminente sur notre territoire.

DEACH en Tunisie ? – DAECH – un nom qui commence à faire peur par ses conquêtes successives en terre d’Irak, est une organisation obscure qui vient de mettre la main sur plusieurs villes irakiennes, particulièrement Mossoul. Al Baghdadi a déclaré sans ambages, dans son discours du 29 juin, que son organisation portera désormais le nom d’État Islamique, sans aucune limite géographique ; un véritable appel à la conquête ou plutôt à la reconquête. Ainsi, de nombreux adeptes et disciples venus du monde entier affluent en Irak et en Syrie. Ceux qui croient à son discours et à son califat se font nombreux, le rejoignent chaque jour plus nombreux. Une euphorie amplifiée par l’existence de ce noyau d’«État», même s’il reste pour l’instant embryonnaire. C’est ce même qu’ont caressé les adeptes d’Oussama Ben Laden et d’Aymen al Dhaouahri.

Baghdadi est connu pour être un visionnaire. Celui qui a donné naissance au rêve d’Oussama Ben Laden, appâte ses disciples, non pas à coup de Paradis et de vierges, mais de butin de guerre et de terres conquises. Son but est clair – s’étendre au monde entier, au-delà des frontières.

«La Oumma islamique regarde votre jihad avec espoir. Vos frères, dans de nombreuses régions du monde, se voient infliger les pires formes de torture. Leur honneur est bafoué et leur sang est versé. Les prisonniers gémissent et crient à l’aide. Les orphelins et les veuves se plaignent de leur sort. Les femmes qui ont perdu leurs enfants pleurent. Les mosquées sont profanées et les sanctuaires violés. Les droits des Musulmans sont saisis par la force en Chine, Inde, Palestine, Somalie, Péninsule Arabique, Caucase, Shām (le Levant), Egypte, Irak, Indonésie, Afghanistan, Philippines, Iran, Pakistan, Tunisie, Libye, Algérie et Maroc. À l’Est et dans l’Ouest», écrit Abou Bakr Al Baghdadi dans sa tirade.

D’ailleurs, un émissaire de Boubaker Al-Baghdadi, révèlent des services de renseignements occidentaux, a effectué récemment un saut en Libye, et plus précisément dans la ville de Derna, nouvelle capitale du jihad en Afrique, pour les besoins de la cause. En ce sens qu’il a eu des entretiens avec les principaux émirs de la nébuleuse intégriste internationale sévissant dans ce pays, à l’instar de Ahmed Ezzahaoui (Ansar Echaria de Libye), Abou Iyadh (Ansar Echaria de Tunisie) et Mokhtar Belmokhtar (Al-Mourabitoun d’Algérie), sans compter les caïds d’autres groupuscules mauritaniens, somaliens, yéménites, égyptiens et nigérians, nouveaux «fans» de Daech, après avoir longtemps combattu sous la bannière d’Al Qaïda.

Suite à cette annonce officielle d’un califat islamique, en Tunisie, dans certains milieux radicaux on jubile à l’idée à l’idée de voir ce rêve enfin prendre forme. Dans d’autres milieux, en revanche, à l’instar de Hizb Ettahrir qui prône le califat comme «but ultime», le scepticisme est de rigueur. «Tout mouvement souhaitant instaurer le califat devra suivre la voie du prophète Mohamed [...] cette annonce n’est que bavardage et n’avance en rien dans l’instauration du califat. Il s’agit d’une organisation armée qui n’a pas de réel pouvoir sur la Syrie ou l’Irak».

Cette annonce est aussi un message adressé par Daech à l’ensemble des dirigeants des pays musulmans. Pourtant, en Tunisie les avis divergent aujourd’hui quant à l’importance qu’il faudra accorder au phénomène du terrorisme. De nombreux attentats sont perpétrés dans le pays, dont les tristement célèbres explosions de mines dans les montagnes de Châambi, Selloum et Ouergha, faisant des dizaines de décès au rang de l’armée et de la Garde nationale et aussi, plus récemment, auprès des citoyens tunisiens. Et pourtant, aujourd’hui encore, on déplore l’absence d’une réelle stratégie globale de lutte contre le terrorisme. Au-delà des discours politiques édulcorés et de circonstance, l’appareil officiel n’a pas encore de vision claire pour faire face à cette menace, pourtant, plus que réelle.

Doit-on fermer nos frontières ? – Cette solution aussi radicale, non sans être peut critiquée, peut s’avérer nécessaire, surtout que l’on parle ici de tentatives d’infiltration de dizaines, voire de centaines de terroristes. Mais, la fermeture des frontières sanctionnerait en premier lieu les personnes âgées, les malades, les enfants et les personnes cherchant la paix et la quiétude. Les services de sécurité sont confrontés à des choix périlleux où le risque zéro est difficile à atteindre.

Pour que la Tunisie protège sa paix civile, il n’y a pas 36 solutions : il va falloir s’armer de vigilance et veiller à ce que tout soit contrôlé, pour le bien de tous.

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