Heureusement qu’il y a des guerres…

La France et l’Allemagne veulent développer ensemble un avion de combat. On sait déjà qui en profitera – les actionnaires d’Airbus et de Dassault Aviation.

Ah, le Rafale français et l'Eurofighter allemand - les armes franco-allemandes tuent mieux que les autres ! Foto: David Monniaux / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Quand il s’agit de gagner de l’argent en produisant et en commercialisant des armes, Berlin et Paris s’entendent à merveille. Et puisque les deux pays font partie du TOP 4 des exportateurs d’armes au niveau mondial, on peut être certain que ce nouvel avion de combat sera un franc succès commercial. « La mort made in Germany and in France » est et restera un best-seller.

Heureusement que les patrons d’Airbus et de Dassault Aviation, Dirk Hoke et Eric Trappier, n’essayent pas de mettre les responsables politiques sous pression. En signant un accord concernant le successeur franco-allemand du « Eurofighter » et du « Rafale », les deux entreprises voulaient seulement « dire à nos ministres de la défense et nos responsables politiques : nous sommes prêts », comme les deux ont déclaré. Ah bon. Donc, on signe un accord portant sur le développement d’un avion de combat franco-allemand à l’occasion du Salon International de l’Aviation et de l’Aéronautique » (ILA), dans le simple but de dire au monde politique qu’on souhaite procéder ?

L’idée n’est pas nouvelle. Déjà au mois de juillet 2017, les deux ministres Ursula von der Leyen et Florence Parly s’étaient mises d’accord sur le développement d’un avion de combat franco-allemand. La production devrait commencer vers l’an 2040 et Airbus et Dassault n’attendent plus que le feu vert de la politique pour se lancer.

Il est évident qu’un tel développement commun entre deux grands de l’aviation et de l’armement, produira des synergies de taille. Et pour en vendre un maximum de ces avions, la politique est invitée de faire en sorte à ce que les guerres ne cessent pas – chaque guerre assure le maintien d’emplois chez nous. Il s’agit d’un cercle vicieux, nous produisons les armes qui permettent de mener des guerres dont les victimes nous arrivent comme réfugiés. Pourquoi est-il si difficile de comprendre que la production d’armes conduit fatalement à l’émergence de guerres et par conséquent, aux vagues de migrants que le monde connaît actuellement ?

L’armement, c’est comme le nucléaire – pour en sortir, il suffit d’une vraie volonté politique. Le savoir-faire de l’industrie de l’armement pourrait être reconverti dans des technologies civiles, et une telle reconversion ne coûterait probablement même pas des emplois.

Oui, pour les relations franco-allemandes, ce nouveau deal est sans doute positif. Dommage que l’entente franco-allemande se limite à cette industrie de la mort – et non pas à des initiatives de paix convaincantes. Mais il ne faut pas rêver, tant que les actionnaires d’Airbus et de Dassault sont contents, la politique mettra en œuvre ce qu’on lui demande. Et le cercle vicieux ne sera pas rompu.

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