Valérie Zorn a visité pour vous…

… l’exposition Gaudí qui se tient en ce moment et jusqu’au 17 juillet, au Musée d’Orsay à Paris. Si vous passez par la capitale, une visite de cette exposition vaut le détour !

Paravent Casa Mila Gaudi au Musée d'Orsay. Foto: ©  Christian Crampon, Sophie Crépy / Musée Orsay

(Valérie Zorn) – En mission pour Eurojournalist(e), j’ai choisi d’aller visiter un vendredi après-midi l’exposition Gaudí qui se tient en ce moment et jusqu’au 17 juillet, au Musée d’Orsay à Paris. J’étais plutôt grognon-sceptique, parce que d’une part, très sincèrement, Gaudí et cette version espagnole, ultra colorée et presque baroque, de l’art nouveau, n’est pas vraiment ma tasse de thé esthétique. Toutefois c’est intéressant de comparer les versions européennes de l’art nouveau, du belge Horta à l’écossais Mackintosh. D’autre part, si le Musée d’Orsay est un des plus beaux musées du monde, il faut reconnaitre aussi que depuis quelque temps, les expos, aussi passionnantes et ultra fournies soient-elles, sont victimes de leur succès.

Les salles sont bondées, lire les cartels est compliqué et on est obligé de se frayer un chemin pour arriver à voir les pièces. La foule, les cris, les bousculades, les visites de groupes, les téléphones, les poussettes, le comportement des visiteurs, sont malheureusement devenus insupportables dans ce musée et peu compatibles avec le calme nécessaire à la contemplation.

C’était le cas ce vendredi et assommée par le brouhaha continu, votre serviteuse étourdie a réussi à prendre un escalator dans le mauvais sens. Le résultat fut immédiat, surprenant et… fracassant.

Pour ce qui est de Gaudí et de l’expo en elle-même, à vrai dire, je connaissais l’homme architecte orignal, plutôt que l’œuvre en tant que telle. L’histoire de cet architecte ascète catholique, végétarien, qui mangeait des feuilles de laitue trempées dans du lait et qui vivait volontairement de manière très inconfortable, sans chauffage l’hiver, m’était resté plus en mémoire que la structure de l’œuvre en elle-même.

On est forcément ému et interrogé par ce type qui, perclus de rhumatisme lorsqu’il était enfant, ne pouvant jouer comme les autres enfants, contemplait longuement les formes et les couleurs de la nature. Il gardait même un œuf cru à portée de main car il considérait l’œuf comme la forme organique la plus parfaitement aboutie.

On peut imaginer que sa maladie a probablement développé sa créativité très jeune, comme c’est parfois le cas des enfants qui s’ennuient. Et peut-être que cette maladie a également développé une forme d’astuce expérimentale, puisqu’il essayait de trouver des solutions pour rendre ses vêtements et ses chaussures moins douloureux.

Un fois la porte d’entrée franchie, j’étais ravie de m’immerger dans l’espace de création et dans l’univers de cet architecte emblématique de Barcelone, un peu fou et surtout très génial.

On découvre aussi l’esprit de la bourgeoisie catalane de l’époque, le développement de l’industrie, du commerce et les liens parfois un peu compliqués entre Gaudí et ses commanditaires.

Dans un premier temps, on nous permet de découvrir son atelier, sa méthode de travail en volume sur maquettes, sa collection de moulages en plâtre. Et puis aussi sa bibliothèque, donc ses inspirations, ses sources esthétiques. Un miroir en trois parties qui lui permettait une vision sous trois angles différents.

On découvre chez lui une soif d’expérimentation continue sur le matériau, la forme, la résistance, les possibilités. On se rend compte que l’œuvre est plus qu’une fantaisie colorée aléatoire, elle est très construite, pensée, réfléchie, calculée. Elle fait penser à une nature qui se développe, les arbres poussent en liberté mais soumis à des règles de force.

Ensuite, on déambule au milieu de ses créations, on visite ses chantiers, extérieur et intérieur. Son art est total, à la fois les constructions en elles-mêmes, les toitures, carrelages, plafonds, fauteuils, bac à fleurs, coiffeuse, des dessins, une grille en fer forgé. Une bouche d’égout aussi.

En regardant les formes rondes et organiques des bâtiments et les couleurs, je me demandais comment une personnalité ascétique, presque monastique dans la restriction continue a pu créer une œuvre si opulente et généreuse. Joyeuse et colorée. C’est déconcertant et paradoxal.

Une autre chose m’a interpellée, c’est la dernière étape du parcours, la Sagrada Familia qui n’est pas encore achevée et donc encore en construction à l’heure actuelle. Dans le monde de l’instant « snapchatté » et « googlisé » qui va si vite, on retrouve très bien le temps de la pierre et une forme d’humilité face à la matière.

Donc, malgré la foule et mes petits tracas, j’ai apprécié la richesse de l’expo, et je la recommande, qu’on connaisse ou pas, qu’on aime, ou pas, on trouve son compte dans cette expo.

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