Yveline Moeglen : Strasbourg – la double peine

La double peine pour Strasbourg, pas de député européen strasbourgeois, ni PS ni UMP, mais un député frontiste non majoritaire en voix sur Strasbourg et élu sur une liste Ile de France !

Strasbourg, la belle, doublement punie par les élections européennes. Foto: © Kai Littmann

(Par Yveline Moeglen) – Le vote FN du Grand Est ne mérite, à mon avis, pas d’explications différentes que celles qui expliqueraient ce vote massif (plus de 29 % dans la circonscription du Grand Est) de tous les territoires français, à quelques exceptions prés.

Les électeurs FN n’ont certainement pas poussé le raisonnement de leur vote jusqu’à réviser l’histoire européenne de la seconde guerre mondiale. Ils n’ont pas davantage imaginé les conséquences à la fois politiques, stratégiques, mais aussi diplomatiques de ce papier mis dans l’urne – d’ailleurs l’urne ? N’est-ce pas étrange d’appeler cette boite qui rassemble des suffrages une «urne» ? Stop, j’arrête là toute comparaison avec une fin de vie, somme toute déplacée encore que…

Les motifs d’un vote aussi massif FN étaient certainement plus terre à terre et sans signification idéologique de «valeur républicaine» ! Une chose est sûre : les sentiments de haine, la suspicion envers l’autre, cet inconnu, dans une société où le chômage gagne du terrain jour après jour, où l’angoisse du lendemain est réalité pour certaines catégories laissées sur le carreau, ainsi que ces misères du quotidien sont aujourd’hui devenus le ferment d’un «vote antitout» bien relayé par certains médias.

Mais une fois encore : est-ce que ce vote «jeu de massacre» n’est pas le résultat d’une mauvaise politique orchestrée depuis des années par des personnalités de plus en plus incompétentes auxquelles sont confiés des pouvoirs de décisions immenses ?

Est-ce que le fonctionnement des partis politiques qui, d’une certaine manière, tuent la démocratie par leur principe d’investiture et par leurs refus de réformes du système électoral en France, ne contraint pas le petit peuple à se révolter quand plus rien ne fonctionne quand le simple «bon sens» fait défaut ? Quand la «participation citoyenne» n’est qu’un mirage de campagne électorale, quand les promesses deviennent mensonges ? Est-ce que leur fonctionnement est encore acceptable ?

Et pour revenir sur Strasbourg et la région du Grand Est : était-il acceptable, sur décision du parti socialiste français de reléguer Catherine Trautmann, de compétence inégalée sur les sujets de l’Union Européenne, l’initiatrice du siège du parlement européen Louise Weiss à Strasbourg, ancienne ministre de la République en seconde place ?

Etait-il acceptable, alors que l’UE est remise en cause et traverse une grande crise, que sur décision du parti socialiste français soit nommé un secrétaire d’état aux «Affaires européennes» ayant échoué dans la gestion du parti (dixit les ténors du parti) ?

Doit-on comprendre que les élections européennes servent de lessiveuses pour les recalés des scrutins nationaux UMP comme le PS ? Le vote FN français aux européennes était un vote sanction, contre le gouvernement, contre le PS, mais également contre l’UMP relégué cette fois au second plan !

Yveline Moeglen est ancienne vice-présidente de la Région Alsace, élue locale et régionale et oeuvre depuis des années au niveau associatif pour l’intégration transfrontalière.

 

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