Economie en Alsace : une hirondelle, le printemps et… sœur Anne !

Alain Howiller analyse les perspectives de l’économie alsacienne à l’approche de l’été.

Ces yeux voient tout... Alain Howiller analyse les chiffres de l'économie alsacienne. Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist'e)

(Par Alain Howiller) – Tandis que l’Allemagne se pose des questions quant à la pertinence de sa politique économique, alors que quatre de ses plus importants instituts d’économie prévoient un taux de croissance (+2,1%) plus fort en 2015, la France, elle, s’interroge sur la pertinence de ses espoirs de reprise en comptant sur un taux de croissance du PIB évoluant entre 1% (selon le gouvernement) et 1,2% (selon le FMI). Certes, ce résultat sera meilleur que celui obtenu en 2014 et encore moins bon que celui espéré en 2016 (+1,5% pour le Fonds Monétaire International et le gouvernement français), mais il ne paraît pas être en mesure de générer le renversement tant attendu de la «courbe du chômage». L’hirondelle aperçue (eurojournalist.eu du 25 février) ne laisse pas encore prévoir de retournement à court terme et l’Alsace, n’échappera pas à la tendance générale.

«(Dans l’industrie….) la croissance de la production est modeste en mars», relève la dernière enquête de conjoncture de la Banque de France (Direction Régionale de Strasbourg), «La demande, sans relief sur le marché domestique, recule légèrement à l’export», poursuit l’étude qui précise néanmoins : «les carnets restant proches de la normale. Une hausse de la production est envisagée en avril. Dans les services, l’activité est décevante, sans perspective de redressement à court terme. Le bâtiment progresse grâce au second œuvre; les travaux publics restent confrontés à un fort recul de la demande. L’activité devrait s’améliorer légèrement au cours du prochain trimestre».

Si «Barbe-Bleue» m’était contée ! – Si Charles Perrault, l’auteur des «Contes de la Mère l’Oye» faisait s’interroger son héroïne épouse de Barbe-Bleue sur le point de savoir si «sa sœur Anne ne voyait rien venir», la réponse n’aurait, sans doute pas été aussi désespérée : «Non, je ne vois rien venir que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie !» La situation du bâtiment et des travaux publics a suscité une prise de conscience pour essayer de sauver les 30.000 emplois dont on redoute la disparition dans ce secteur sur le plan national.

En attendant que le «plan Juncker» (qui décidément tarde) se concrétise (8 milliards d’euros d’investissement pour la France dont une partie pour ce secteur), les carnets se sont reconstitués pour une part dans le gros œuvre, tandis que le second œuvre bénéficie d’une activité convenable grâce notamment à des commandes venues en particulier… de l’industrie (implantations nouvelles, extensions), des moyens ont été mobilisés notamment au niveau des collectivités locales où des crédits bloqués ont été dégagés, au niveau des investissements de l’Etat (généralisation des avances, moyens prévus au Contrat de Plan Etat-Région 2015-2020, investissements en hausse par le groupe Caisse des Dépôts pour l’habitat). La situation est meilleure dans le «bâtiment» que dans le «secteur des travaux publics».

Une éclaircie réelle selon les secteurs ? – L’Observatoire de l’économie alsacienne (1) a confirmé la légère éclaircie notée dans notre analyse de conjoncture de février : les entreprises consultées ont estimé à 22% (contre 12% au premier trimestre) que leur activité va progresser en ce deuxième trimestre, 58% ont estimé que l’activité va se maintenir (ils étaient 52% précédemment) alors que 28% (contre 34%) pensent que leur activité va régresser. Selon le même «Observatoire», les chefs d’entreprise qui pensent que leur rentabilité va progresser sont en légère progression (11% contre 10% lors du premier trimestre), mais ils sont 59% (contre 59% précédemment) à penser qu’elle va se maintenir et 28% (contre 39%) qu’elle va diminuer. Ils sont 13% (contre 8%) à penser que leurs effectifs vont augmenter et s’ils sont 69% (contre 72%) à penser qu’ils vont se maintenir, ils sont 17% (contre 19%) à estimer que les effectifs vont diminuer.

Pour les analystes de la Banque de France, l’industrie (près de 21% des effectifs) connaît une croissance modeste (hors équipements électriques, électroniques et mécaniques), la production de denrées alimentaires (hors la chocolaterie-confiserie) s’inscrit en hausse (l’ensemble du secteur d’activité représente près de 13% des effectifs), on s’attend à une activité plus soutenue d’ici à l’été dans le secteur de la production (recul en mars, mais carnets de commande jugés normaux) d’équipements électriques et carnets correctement garnis en attendant une progression, dès ce mois d’avril dans la fabrication de machines et d’équipements (équipements électriques, machines, et équipements représentent un peu plus de 26 % des effectifs), la demande évolue favorablement pour l’industrie automobile (près de 14% des effectifs), la production croit dans les secteurs caoutchouc, plastique, elle croit modérément dans la métallurgie et les produits métalliques pour souffrir dans les services marchands (hormis le secteur information et communication qui se porte mieux).

L’évolution du chômage : la grande inconnue ! – La grande inconnue reste l’évolution du taux de chômage (autour de 9,3% actuellement en Alsace) avec l’espoir que la bonne tenue des économies voisines -allemande et suisse- continue à lutter, parallèlement à la reprise espérée en France, contre les effets des baisses d’effectifs de ce côté-ci du Rhin.

Les premiers résultats obtenus (plus d’une centaine de jeunes alsaciens concernés) constituent un signe -modeste encore, mais encourageant- en la matière. Encore faudrait-il, comme cela est souhaité mais insuffisamment appliqué de part et d’autre du Rhin, faire connaître les possibilités ouvertes par ce type de formation. D’une manière générale, comme les études de Vincent Goulet et Stefan Seidendorf l’ont montré (eurojournalist.eu du 25 Mars), il faudrait faire mieux connaître, dans le couloir rhénan, les possibilités en matière d’apprentissage mais également d’emploi. L’information devrait non seulement parvenir aux jeunes et aux chercheurs d’emploi, mais aussi aux chefs d’entreprises qui les ignorent souvent par méconnaissance de… la langue du voisin.

En espérant, pour finir, que la réforme annoncée dans l’enseignement au collège ne portera pas atteinte -comme la Ministre de l’Education le prétend- au fonctionnement des classes «bi-lingues» et à l’enseignement de l’allemand. Et que la réforme menée à bien lors de la prochaine rentrée scolaire en Bade-Wurtemberg ne pénalise pas trop l’enseignement du français au profit de langues réputées (surtout chez les parents !) plus faciles !

(1) «Observatoire» créé par le Crédit Agricole Alsace-Vosges, l’Ordre Régional des Experts-Comptables et les Dernières Nouvelles d’Alsace, sur la base de sondages trimestriels réalisés auprès d’un échantillon représentatif de chefs d’entreprise par «l’Ecole de Manager Strasbourg Partenaires».

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste