Allemagne : après le « tsunami électoral »

Alain Howiller commente le processus de création d’un nouveau gouvernement en Allemagne. Il y a plus de surprises qu’on ne pouvait penser avant le scrutin !

Le programme de la coalition que conduira Olaf Scholz, se déclinera aussi sur des notes libérales et écologiques. Foto: Oboneo / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Alain Howiller) – « Aber der Wagen, der rollt » (mais la diligence, elle, poursuit sa route) : c’est l’un des vers d’une chanson de 1973, dont Walter Scheel, alors président du parti libéral FDP avant de devenir Président de la République (en 1974 !), avait fait un tube : 300.000 disques vendus dans le cadre d’une opération de financement d’une œuvre. Près de 50 ans après, Christian Lindner, président du FDP, peut reprendre à son compte le refrain de la chanson : il a réussi à trouver le nécessaire compromis pour mettre sur les rails, la future coalition de gouvernement FDP/SPD/Verts.

Après des entretiens exploratoires, les trois partenaires sont convenus de rédiger et de signer un contrat de coalition. L’Allemagne va donc être dirigée par une troïka sociale-démocrate-libérale(!) et verte qui mettra, brutalement, fin aux années Merkel !

Quand commence le… « dégagisme » allemand ! – La transition se fera dans un contexte de « dégagisme » qui marquera le paysage politique de l’Allemagne ! Le résultat des législatives perdues par Armin Laschet, le candidat malheureux de la CDU, provoque chez nos voisins, une sorte de tsunami. Laschet a annoncé qu’il renoncerait à son poste de Ministre-Président du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie : il avance même le nom d’un possible successeur.

Il quittera la présidence de la CDU lorsque le parti chrétien-démocrate -qui pourrait changer de nom(!)- aura réuni, au début de 2022, un congrès extraordinaire qui régénérera le mouvement, changera les statuts et… les dirigeants ! Peter Altmaier (63 ans), Ministre sortant de l’Economie, renonce à son mandat de député de même que Annegret Kramp-Karrenbauer (59 ans), la Ministre de la Défense, qui pourrait néanmoins, essayer de retrouver son poste de Ministre-Présidente de Sarre lors des élections régionales de Mars.

Schäuble sur la sellette ? – La gestion à la tête de la CSU bavaroise de Markus Söder est contestée : s’il reste l’un des hommes politiques les plus appréciés au niveau national, on lui reproche le recul du parti aux élections législatives où Laschet avait obtenu 21% des voix, alors que la CSU avait obtenu un peu plus de 37% des voix aux élections régionales d’Octobre 2018 !

Curieusement, les « jeunes de la CSU » ont réclamé la démission de son mandat de député du badois… Wolfgang Schäuble (79 ans) qui venait d’annoncer qu’il exercerait son mandat, mais en renonçant à participer à la direction du parti chrétien-démocrate !

De l’extrême-droite à l’extrême-gauche ! – Le parti d’extrême droite AfD, dont l’un des responsables -député au Parlement Européen- va être poursuivi pour avoir bénéficié d’un financement illégal venu d’un donateur suisse, tiendra un congrès extraordinaire en Décembre à Wiesbaden pour se redéfinir, désigner de nouveaux dirigeants et essayer d’enrayer l’érosion qui le frappe.

Pour compléter ce portrait d’une nouvelle Allemagne politique qui se cherche, le parti d’extrême-gauche -Die Linke-, né d’une fusion entre plusieurs mouvements dont le parti communiste de l’ex-Allemagne de l’Est, marque de nouveaux points. Bodo Ramelow, le Président de « Die Linke » de Thuringe, va présider pour un an le Bundesrat, dans le cadre des présidences tournantes de cette deuxième chambre. Et « Die Linke » va participer à Schwerin, à la coalition de gouvernement du Land de Mecklembourg-Poméranie et de « l’état » de Berlin !

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