L’Alsace après les élections municipales

Les élections municipales - donneront-elles un nouvel élan dans la coopération alsaco-alsacienne ? Foto: Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

L’Alsace va-t-elle retrouver la voie du consensus alsacien ?

(Par Alain Howiller) – Elles étaient deux. Deux femmes douées qui avaient un profil comparable : elles étaient sorties toutes les deux de la prestigieuse Ecole Polytechnique et elles s’étaient présentées toutes les deux, comme tête de liste de droite, aux élections municipales : l’une à Paris, pour succéder au maire socialiste Bertrand Delanoë, l’autre à Strasbourg, pour succéder au maire socialiste Roland Ries. Les deux polytechniciennes étaient en tête au premier tour des élections, pourtant, elles ont connu des destins différents, dimanche, à l’issue du deuxième tour : la socialiste Anne Hidalgo succèdera à Bertrand Delanoë qui ne se représentait plus et Roland Ries… se succèdera à lui-même.

Deux exemples d’exception qui confirment la règle : la majorité parlementaire de gauche et François Hollande, en tête, ont perdu les élections municipales 2014. A l’issue des deux tours de scrutin, la gauche et ses alliés (écologistes, Front de gauche dont le Parti Communiste, les «divers gauches», les Radicaux de Gauche) ont été battus par une droite qui représente près de 46%, auxquels il convient de rajouter, pour avoir une idée des rapports de force, les 6,84% de voix engrangées par le Front National ! Si ce dernier a gagné une dizaine de villes, dont deux cités importantes -Béziers, cité de plus de 70.000 habitants et Fréjus avec 53.000 habitants-, il n’a pas bénéficié de ce qu’on redoutait : une vague bleue-marine qui balaie et emporte.

Les résultats obtenus par l’extrême droite doivent néanmoins servir d’avertissement d’autant plus sérieux que d’après les derniers sondages, le Front National pourrait se situer en deuxième position derrière l’UMP (créditée de 3% de voix en plus !) aux prochaines élections européennes, le 25 Mai. Le Parti Socialiste ne s’inscrirait qu’en troisième position, avec moins de 20% des voix !

En attendant les élections européennes !… Le Parti du Président enregistrera-t-il, dans moins de deux mois, un nouvel échec électoral alors qu’il a perdu aux municipales 155 villes de plus de 9.000 habitants, dont certaines cités étaient de très anciennes implantations : Limoges, par exemple, à gauche depuis… 1912, vient de passer à droite, de même que d’autres villes emblématiques – le symbole de cette «inversion de tendance» étant la ville bretonne de Quimper dirigée par un collaborateur et ami de François Hollande, Brives-la-Gaillarde en Corrèze, département du Président de la République, ou encore, dans le Nord, le triangle Roubaix-Maubeuge-Tourcoing, fiefs historiques de la gauche socialiste ! Trois Ministres ont été battus, dont Pierre Moscovici, le Ministre de l’Economie.

Dans les rares succès de la majorité : Avignon, Douai, Lourdes, Grenoble (gagné par un écologiste… contre un candidat socialiste qui a refusé de se retirer au deuxième tour !). On attend maintenant les conclusions que le Président de la République et sa majorité tireront concrètement de cette débâcle électorale, encore renforcée par une participation faible, régressant de 65,22% au premier tour à 63,70% au deuxième ! Bien entendu, l’abstention record ne vient pas seulement, elle manifeste une réaction à l’égard de l’ensemble de la classe politique que vient encore sanctionner le vote en faveur du Front National !

A Strasbourg, le sursaut qui sauve Roland Ries !… En Alsace, où la participation s’est améliorée d’un tour à l’autre, le sursaut de participation a certainement contribué à permettre à Roland Ries de l’emporter au second tour qu’il gagne avec un peu plus de 1.500 voix d’avance sur l’ancienne maire (d’avant 2008), la sénatrice Fabienne Keller, le candidat du Front National, qui s’était maintenu au second tour, perdant un peu plus de 2% des voix du premier tour. Ce n’est pas l’un des moindres mérites de Roland Ries, qui retrouvera bientôt la présidence de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau, que d’avoir su garder au Parti Socialiste, non seulement la ville de Strasbourg, mais aussi la «Communauté Urbaine de Strasbourg -CUS», l’une et l’autre ayant pu préserver leur majorité.

Si la majorité de droite a gagné deux villes de plus de 10.000 habitants (18 contre 16), la gauche a pu garder 6 villes se réclamant d’elle directement ou indirectement (Erstein). C’est le cas aussi de Wissembourg (prés de 8.000 habitants). Par contre, Mulhouse, vieille cité socialiste qui a basculé à droite en 2008, a confirmé son ancrage à droite. La situation est relativement stable, avec une majorité alsacienne inscrite à droite.

Strasbourg ville de gauche, la région à droite ! Il faudra suivre la manière dont Strasbourg, ville désormais confirmée de gauche, s’inscrira dans cette majorité alsacienne elle aussi… confirmée, dont la ville a besoin pour se définir comme «Eurométropole» ou pour conforter son rôle de capitale européenne. Dans l’un et l’autre cas (le statut d’Eurométropole suppose une répartition des tâches avec le Conseil Général du Bas-Rhin), tout comme dans la coopération avec Mulhouse dans le cadre de l’aire métropolitaine commune, il faudra jouer «partenariat» et «consensus».

Au soir du deuxième tour, les adversaires des municipales ont tous déclaré qu’ils entendaient travailler ensemble pour l’Alsace et Philippe Richert, Président UMP de la Région Alsace, a annoncé qu’il avait l’intention de réunir très prochainement les maires pour étudier la manière dont ils coopèreront entre eux et avec l’institution régionale !

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