Angela Merkel craque sous la pression des sondages

Face aux sondages pour les élections régionales en Mecklenburg-Vorpommern, Angela Merkel fait un pas en arrière. Le « wir schaffen das ! » cède la place à un autre discours.

Angela "Louis XIV" Merkel. Pour garder le pouvoir, "l'impératrice" est prête à tout. Foto: Manfred Wassmann alias BerlinSight / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Peu avant les élections régionales en Mecklenburg-Vorpommern, considérées comme une des dernières élections-test avant les élections législatives en 2017, les sondages sont désastreux pour Angela Merkel et son parti, la CDU. Pendant que la chancelière perd de plus en plus le soutien de ses compatriotes (son taux d’approbation se situe à son plus bas niveau depuis 5 ans), son parti glisse derrière l’extrême-droite de l’AfD. A deux jours des élections, l’AfD est crédité à 23% et la CDU à 20%. Face à ces chiffres, Angela Merkel change soudainement de discours.

« L’accueil de réfugiés comme en 2015 ne se répètera pas », a déclaré Angela Merkel pour rassurer les électeurs. Cette position contraste avec l’optimisme affiché depuis un an – l’accueil des réfugiés risque de coûter cher à chancelière – l’extrême-droite de l’AfD a le vent en poupe et est en train de dépasser les partis traditionnels. « Dites à vos électeurs qu’une telle vague de réfugiés ne se reproduira pas », a-t-elle insisté auprès de ses collègues de la CDU qui assistent actuellement au dégringolade de leur parti.

A bien y regarder, Angela Merkel a changé de cap concernant les réfugiés. Ayant négocié l’accord malheureux avec la Turquie d’Erdogan, Merkel tente de limiter les dégâts en jouant le jeu de l’AfD. Au lieu de défendre courageusement sa décision d’ouvrir les frontières allemandes en août 2015, la chancelière semble prête à sacrifier les réfugiés sur l’autel du pouvoir. Lors de cette réunion avec les ténors de son parti cette semaine à Berlin, un participant citait Angela Merkel – « pendant les mois à venir, le maître-mot est renvoyer, renvoyer, renvoyer » – et le renvoi massif de réfugiés, c’est exactement ce que demande l‘extrême-droite.

Au niveau européen, ce n’est pas mieux. Au lieu de discuter avec les états de l’Europe Centrale leur refus d’accueillir des réfugiés, une attitude des plus anti-européennes de la Hongrie, de la Slovaquie, de la République Tchèque et de la Pologne, Angela Merkel discute avec ces états la création d’une armée européenne. Cela aussi s’appelle du populisme, mais la dynamique engagée semble difficile à stopper.

Angela Merkel joue donc au même jeu que Nicolas Sarkozy en France. A défaut d’avoir de vraies visions pour un avenir meilleur, les deux se limitent à aller à la pêche aux votes à l’extrême-droite. Mais cela est une grave erreur, car les électeurs qui sont prêts à voter pour le FN ou l’AfD, ne voteront pas pour les « copies », mais ils voteront pour les originaux. Dimanche, on en saura déjà un peu plus – si, comme le disent les sondages, l’AfD se situera devant la CDU, cela voudrait dire que l’Allemagne serait en train de virer dans une direction des plus dangereuses. Pour les réfugiés, pour l’Allemagne et pour toute l’Europe.

Les_Temps_Changent Manfred Wassmann alias BerlinSight Wiki ccbysa30 gross

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