Un week-end romantique au bords de la mer baltique

Angela Merkel et François Hollande font leur possible pour former un couple. Si les relations sont des plus polies, il n’y a qu’un problème. Personne ne s’y intéresse.

Le couple franco-allemand a été accueilli sympathiquement sur l'île de Rügen. Foto: © Présidence de la République / L. Blevennec

(KL) – La mer baltique au mois de Mai, il n’y a pas plus romantique pour un jeune couple. Comme pour Angela Merkel et François Hollande qui se sont rencontrés sur la belle île de Rügen, pour discuter et pour montrer au monde que le moteur de l’UE fonctionne. Mais le contenu des discussions s’est vite adapté au temps maussade. Alors, on s’est baladé, on a fait un tour de bateau autour des célèbres falaises de Rügen, on a goûté des harengs Bismarck et voilà.

«Je suis venu pour écouter, pour mieux comprendre ce que pense l’Allemagne.» Sympa. Donc, une sorte de cours de civilisation allemande. Une civilisation qui a du le surprendre. Là-haut, aux bords de la mer baltique, la vie est simple et rude. Rien à voir avec la vie sophistiquée parisienne. Un sandwich au poisson à la main, des bottes en caoutchouc, un vent qui arrache tout et une vie face aux éléments. Le pays de la chancelière allemande. Et du coup, on comprend mieux d’où vient cette austérité sous laquelle souffre l’Europe. La politique d’austrité est l’incarnation politique des conditions de vie aux bords de la mer baltique. Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus résistant…

La déclaration commune du tandem franco-allemand, ma foi, oui, on lance des flechettes verbales en direction de Vladimir Poutine, mais à vrai dire, cela ne fait ni chaud, ni froid aux parties impliquées dans ce conflit qui est en train de se transformer en guerre. «Si jamais les élections présidentielles du 25 mai allaient échouer, nous sommes prêts à envisager de nouvelles sanctions contre la Russie.» Houh ! Le président russe a certainement passé une nuit blanche en apprenant que la France et l’Allemagne pouvaient envisager des sanctions.

L’insignifiance d’une telle déclaration démontre le poids du couple franco-allemand de nos jours. Les deux pays qui se comprennent comme le moteur de l’Europe font une déclaration et le monde s’en fiche. Voilà le résultat d’un franco-allemand surchargé en célébrations officielles entre élus et trop vide en ce qui concerne des impulsions et initiatives européennes.

Ce manque de poids devrait interpeller les responsables allemands et français. Les relations franco-allemandes doivent (re-)trouver le chemin de l’innovation, de l’audace politique, de la proximité avec la société civile. La France et l’Allemagne doivent dynamiser toute l’Europe et ne pas se limiter à des échanges presque privées, pour regagner du poids sur échiquier européen et mondial. Mais ni en France, ni en Allemagne, la politique actuelle se distingue par des initiatives ou du dynamisme. Au contraire. Avec les nombreuses institutions franco-allemandes, cercles de travail, thinktanks, comités etc., il devrait être possible d’apporter plus à l’Europe que des remises de médailles et des manifestations de commémoration.

Ce ne sont pas les sujets qui manqueraient à une relance des relations franco-allemandes : intégration du marché de l’emploi, questions sociales, nouvelles formes démocratiques associant davantage la société civile, initiatives dans l’économie, rapprochement des systèmes de formation, développement durable, transition énergétique et la liste n’est pas exhaustive.

Si le travail sur bon nombre de ces sujets se passe très bien au niveau régional et local, il est temps que la «grande politique» se saisisse à nouveau du franco-allemand en y attachant l’attention et l’importance que méritent ces relations. Il ne faut pas se résigner au constat que le moteur de l’Europe tourne actuellement que sur deux cylindres.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste