Bouli Lanners raconte «Les premiers, les derniers»

Notre expert cinéma Nicolas Colle a rencontré le cinéaste Bouli Lanners pour parler avec lui de son nouveau film «Les premiers, les derniers».

Bouli Lanners a parlé avec notre expert Nicolas Colle de son nouveau film "Les premiers, les derniers". Foto: Wild Bunch Distribution

(Par Nicolas Colle) – Le western a encore de beaux jours devant lui comme nous le prouve Bouli Lanners avec cette fable baignant dans un univers apparemment sombre et crépusculaire mais néanmoins teintée d’humour et d’émotion. Interview avec ce cinéaste très sympathique.

Vous avez réalisé une sorte de film post apocalyptique, en utilisant les codes du western et en inscrivant votre histoire dans un univers peu défini… Quelles étaient précisément vos intentions ?

Bouli Lanners : En général, dans mes films, il n’y a ni lieu ni époque. Même si, dans ce film-là, on sent que c’est une époque contemporaine mais il n’y a pas de territoire, il n’y a pas de nation. Géographiquement, rien n’était défini comme dans la grande plaine du Far West. Je ne souhaitais pas me pencher sur un l’aspect sociétal mais plus sur l’humain. Je ne voulais pas réaliser un film post apocalyptique mais, au contraire, plutôt un film pré-apocalyptique et crépusculaire avec un sentiment de fin du monde qui habite la pensée des personnages tout au long du récit. Parce qu’aujourd’hui, il y a une pensée très pessimiste qui habite la société occidentale ou autre. Et puis ce sentiment de fin du monde est potentiellement existant de nos jours lorsqu’on entend des conférences sur le climat avec des échéances qui ne sont plus de l’ordre de la science fiction. Même Daesh construit toute son argumentation sur la théorie de l’apocalypse et recrute par ce biais là tout en prônant le chaos. Moi j’ai voulu construire une sorte de réaction à tout ça en prônant plutôt l’amour car ici, la question est que même si la fin du monde doit arriver, comment vivre le mieux possible ce qui nous reste en étant axé sur l’autre. Donc pour moi, c’est un film humaniste et pour mieux parler de l’humain, j’avais besoin d’un climat crépusculaire.

En somme, c’est un film assez positif ?

B.L. : Je voulais que le public soit touché par un message positif, par un message d’amour qui dit, en substance, que même si on était à l’échéance de quelque chose, nous devons vivre en allant toujours vers l’autre et ne pas nous refermer sur nous-mêmes. Ce qui est assez perceptible dans notre monde qui se referme sur lui-même et qui est dominé par la peur. Donc je voulais faire un film sur un sentiment crépusculaire qui habite la pensée occidentale de manière générale mais je voulais surtout faire un film positif car même si il est sombre dans la lumière et dans la forme, c’est le plus positif de mes films car mes personnages se transforment en se tournant à nouveau vers les autres.

Cet amour dont vous parlez est notamment représenté par ce jeune couple, Esther et Willy… Que souhaitiez-vous raconter à travers ces personnages ?

B.L. : C’est un couple très pur, qui incarne un peu le fantasme que j’ai des premiers hommes. J’aime beaucoup l’histoire et particulièrement la période néolithique et ce qui me fascine, c’est que physiquement, génétiquement, l’homme néolithique c’est l’homme moderne et pourtant il ne s’est pas passé beaucoup de temps, près de 30000 ans seulement, entre les premiers et les derniers. Et ce que je trouve fou, c’est comment on a pu tout foutre en l’air en 30000 ans, ce qui est très peu au regard de l’univers et je pense que nous ne sommes pas différents des premiers qui avaient en eux quelque chose qui nous habite toujours, à savoir cette volonté presque inconsciente de fonder une famille. Cette structure dont on a fondamentalement besoin qui est aujourd’hui cabossée et malmenée dans notre société mais qui se reconstitue comme dans tous mes films à travers l’amitié ou autre chose. Pour moi, Esther et Willy ont cette pureté que les premiers hommes avaient. En tout cas c’est ce que j’aime penser même si je me trompe peut être. Après tout, peut-être qu’ils étaient déjà hypocrites, ambitieux et orgueilleux, mais j’aime entretenir ce fantasme.

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Nico Affiche Wild Bunch Distribution

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