Ces gouvernements sans majorité…

En Allemagne, la situation politique est comparable avec celle en France. La coalition au pouvoir à Berlin ne le serait plus, si les Allemands avaient à voter ce dimanche. Ce désaveu du monde politique donne à réfléchir.

Daniel Cohn-Bendit l'a écrit, il y a un moment - "les partis politiques sont des has been"... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY 2.0

(KL) – En Allemagne, pas moins de 8 instituts de sondage publient toutes les semaines les tendances politiques au pays. Ceci s’appelle la « Sonntagsfrage », la « question du dimanche », car elle est formulée très simplement : « Si vous aviez à voter dimanche prochain, pour qui voteriez vous ? » Les derniers résultats montrent que si les Allemands étaient effectivement appelés aux urnes dimanche prochain, la coalition actuelle SPD-Verts-FDP n’aurait plus de majorité. Comme en France où le parti d’Emmanuel Macron n’a pas intérêt non plus à provoquer des élections anticipées. Mais comment se fait-il que nous ayons dans de nombreux pays, des gouvernements désapprouvés par les populations ?

L’explication la plus simple serait que la politique menée par nos gouvernements soit tellement éloignée des réalités des gens, que le clivage entre « le peuple » et les « gouvernants » devient tel que les électeurs et électrices regrettent leurs choix. Si jamais ils se rendent encore aux urnes. Il y a de ça. Meilleur exemple en France : la réforme des retraites qui est rejetée par une écrasante majorité des Français et qui pourtant, leur est imposée ; meilleur exemple en Allemagne : l’attitude molle du gouvernement actuel face à toutes les crises du monde. Les gens sont mécontents et ne voient pas pourquoi ils continueraient à faire confiance en des candidats qui ont déjà prouvé leur incompétence à diriger nos pays.

Toutefois, le vrai problème se situe au niveau des partis politiques où un corporatisme malsain assure les postes importants aux « vieux crocodiles » qui eux, font partie des problèmes et certainement pas des solutions, tout en bloquant l’ascension de jeunes talents politiques qui n’ont aucune chance contre les « réseaux » de ceux qui finissent par se trouver dans des positions de candidats.

Avant de parler de réformer les états et les unions continentales, il sera nécessaire de réformer les partis, car depuis de nombreuses années, les choix se rétrécissent de plus en plus à « peste ou choléra ». Dans son excellent fascicule « Pour supprimer les partis politiques ? », Daniel Cohn-Bendit écrit la phrase remarquable « Pour moi, tous les partis politiques sont des has been, dépassés par la réalité ». Dans ce fascicule, rédigé après avoir quitté définitivement le fauteuil du Parlement Européen, l’auteur tire un bilan désastreux de l’état des partis politiques en Europe et si « Dany le Rouge » s’est trompé sur bien de sujets pendant sa longue carrière, là, il a raison. L’implosion du Parti Socialiste en est le meilleur exemple – en l’espace de quelques années, le parti n’a non seulement perdu quasiment toutes les élections où il s’est présenté, mais il s’est rendu obsolète, plus en phase avec un monde qui bouge à une vitesse grand V.

Le phénomène existe un peu partout, du moins là où les gens ont un droit de vote. Mais lorsque l’on regarde les dernières élections, par exemple aux Etats-Unis, mais aussi en Italie ou en France, on constate que lors des rounds finaux, les électeurs se retrouvent systématiquement face à des candidats que la grande majorité des gens ne veulent pas voir aux commandes des différents pays.

C’est au partis politiques de présenter aux élections non pas les « anciens » et « méritants » des appareils des partis, mais des talents politiques, des binômes intergénérationnels, comme cela se fait déjà par ci, par là, lors d’élections locales. Les partis doivent réinventer le débat politique à la base, trouver de nouveaux formats permettant un accès plus facile à la « chose politique ». A moins que l’on tienne, par exemple en France, de se retrouver en 2027 dans un 2e tour des élections présidentielles avec le choix entre « Le Pen 3e Génération » et « quelqu’un ». Pas sûr que cette fois, ce soit « quelqu’un » qui gagne.

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