Helmut Kohl (1930 – 2017)

Le chancelier fédéral comptant le plus grand nombre d'années à la tête du gouvernement allemand s'est éteint à l'âge de 87 ans. Un grand Européen s'en va.

Le 22 décembre 1989 sous la Porte de Brandebourg - Helmut Kohl savoure le plus bel instant de sa carrière politique - l'unification allemande est acceptée par les Alliés. Foto: SSGT F. Lee Corkran / US Federal Government / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Il restera dans les livres d’histoire comme l’un des grands européens, comme le chancelier de l’unification allemande, comme l’un des pères de l’Union Européenne – Helmut Kohl est décédé vendredi. En même temps, ce n’était pas toujour facile avec cet Européen convaincu qui fut chancelier fédéral de 1982 à 1998. Ceux qui ne l’aimaient pas, le respectaient. Et le respecteront.

Helmut Kohl était un homme doté d’un sens politique exceptionnel – déjà à 39 ans, il devient ministre-président de la Rhénanie-Palatinat où il s’exerce pour la première fois à une coalition CDU – FDP, une expérience qui devait lui valoir le pouvoir  national quelques années plus tard.

A 43 ans, en 1973, il renverse Rainer Barzel à la tête de la CDU et neuf ans plus tard, il profite d’un désaccord au sein du gouvernement SPD – FDP sous la direction du chancelier Helmut Schmidt (SPD) pour renouer ses contacts avec le FDP – en seulement deux semaines, le parti libéral FDP change de camp et de coalition et Helmut Kohl gagne un vote sur une motion de censure constructive, l’instrument parlementaire en Allemagne pour renverser un gouvernement lorsque la majorité au Bundestag change au cours d’une législature. Helmut Kohl était arrivé au pouvoir en devenant chancelier fédéral le 1er octobre 1982, poste qu’il n’allait plus quitter jusqu’en 1998.

Selon ses propres dires, il profitait de la « grâce de la naissance tardive » (comprendre : il ne portait aucune culpabilité personnelle dans les crimes des nazis) et oeuvrait par tous les moyens en faveur de l’union et entente européenne, participant à l’élaboration du Traité de Maastricht et faisant accepter aux Allemands le changement du Mark vers l’Euro, changement qui allait intervenir peu de temps après qu’il avait perdu la chancellerie à Gerhard Schröder (SPD).

Mais ce dont l’Histoire de souviendra, c’est l’unification allemande le 3 octobre 1990, suite à la chute du Mur de Berlin. Saisissant le moment, bénéficiant d’excellentes relations avec Mikhail Gorbatchev, Ronald Reagan et François Mitterand, Kohl faisait tout pour unir la RDA et la RFA, surmontant de nombreux obstacles et réussissait son pari.

Si cette unification allemande n’a pas encore généré les « paysages fleurissants » qu’il avait promis aux habitants de l’ex-RDA, si de nombreuses erreurs « techniques » ont été commises dans le procéssus d’unification, il n’en reste pas moins que le chancelier Kohl ait su mettre un terme à 40 ans de séparation des deux Allemagnes et les Allemands ne l’oublieront jamais.

Helmut Kohl était le digne représentant d’une génération qui ne discutait pas l’Europe, mais pour laquelle la construction de l’Union Européenne était une nécessité évidente. Fédéraliste dans l’âme, Helmut Kohl prônait les « Etats-Unis d’Europe », concept qu’il défendait aussi après sa carrière politique.

Fin tacticien, Helmut Kohl a su se débarrasser de tout concurrent au pouvoir au sein de son parti, choisissant à la surprise la jeune Angela Merkel comme dauphine et cette dernière allait s’avérer être le bon choix pour la CDU.

Souvent critiqué pour son interprétation assez personnelle du pouvoir, souvent objet des caricaturistes allemands qui avaient l’habitude de le dessiner sous forme de poire, Helmut Kohl comptait de nombreux adversaires politiques, aussi bien chez ses concurrents que chez ses « amis » politiques. Mais même ses adversaires politiques le respectaient – autant pendant qu’après sa carrière politique.

Le projet du Président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker a proposé de rendre un « hommage européen » à Strasbourg à ce grand Européen, dans cette ville particulièrement chère à Helmut Kohl, et cette idée est excellente. Suite à cette cérémonie inédite, le projet prévoit de faire remonter le cercueil de Helmut Kohl sur le Rhin jusqu’à la ville de Spire pour que la population puisse lui rendre un dernier hommage comme c’était le cas en 1967, lorsque le cercueil du chancelier Konrad Adenauer a été conduit sur le Rhin de Cologne à Rhöndorf où il fut enterré.

Qu’il repose en paix.

2 Kommentare zu Helmut Kohl (1930 – 2017)

  1. Petite coquille, Speyer devient Spire en français.
    “le cercueil de Helmut Kohl sur le Rhin jusqu’à la ville de Spyre pour que la population puisse lui rendre un dernier hommage”
    Merci pour l’article.

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