Immigration : la Suisse se fait peur toute seule

L‘initiative «Ecopop», visant un référendum, a beau se nommer comme une boisson alcoolisée - elle cache une xénophobie inquiétante sous un prétexte écologique.

Depuis de longues années, les étrangers vivant en Suisse doivent faire face à une xénophobie de plus en plus marquée. Foto: Shoe200 / Wikimedia Commons / CC0

(KL) – Le 30 novembre, les Suisses auront à s‘exprimer sur le prochain volet de la xénophobie institutionnalisée chez les Helvètes. Après le référendum interdisant la construction de minarets, après le vote limitant l‘immigration de personnes venant des pays de l‘UE, cette nouvelle initiative vise à limiter l‘immigration tout court. Si l‘initiative est rejetée par l‘ensemble des partis politiques, des sondages récents montrent que plus de 50% des sondés ont l‘intention d‘approuver ce rejet des étrangers. L‘initiative «Ecopop» avance un programme de réduction de la population globale pour des «raisons écologiques», mais ces prétendus sauveurs de l‘environnement, sont en réalité des empoisonneurs de l‘opinion publique visant à créer un climat xénophobe.

«La croissance de la population est nocive pour l‘environnement», disent les initiateurs de ce référendum, «nous nuisons aux plus belles choses dont nous disposons : la nature et notre qualité de vie». Pour stopper cette «surpopulation» en Suisse, Ecopop souhaite limiter l‘immigration à 0,2% de la population par an. Car, «cela ne sert à rien et à personne si la population suisse atteint les 10 millions de personnes». Mais, sympa les Ecopop, ils veulent injecter des sommes conséquentes dans des programmes ce contrôle de naissances – toujours pour protéger l‘environnement. Est-ce qu‘on peut vraiment protéger l‘environnement en polluant le vivre-ensemble dans la société ?

Les Suisses, particulièrement en proie de la peur des étrangers, surtout dans les cantons où il y en a pratiquement pas, s‘angoissent de plus en plus en pensant que des étrangers européens et non européens puissent venir dans leur joli pays pour contempler les montagnes, lacs et alpages. Et ils n‘aiment pas les étrangers, sauf les touristes fortunés (qui repartent après avoir dépensé leurs sous chez eux) et les grands criminels en costume-cravate qui viennent blanchir leur argent dans les banques. Et qui repartent aussi toute de suite.

Avec toutes ces initiatives xénophobes, la population prend vraiment peur des étrangers. Qui risquent d‘islamiser les Helvètes, qui risquent d‘abimer les paysages magnifiques en les caressant du regard, qui ne sont les bienvenus qu‘à condition de pouvoir renforcer la sélection nationale de football (majoritairement composée de joueurs issus de l‘immigration…). Selon un sondage effectué par un quotidien suisse, les jeunes (15 à 24 ans) craignent avant tout non pas le chômage, non pas le terrorisme, mais – les étrangers (à plus de 50%). Cette crainte est le fruit des innombrables initiatives xénophobes.

Si les arguments d‘Ecopop ont été invalidés par la plupart des médias en Suisse (notamment par la NZZ), la population se fiche si les partis politiques rejettent cette initiative. La fédération du patronat a beau souligner que l‘économie suisse a besoin de l‘immigration pour pouvoir continuer à tourner – la peur de l‘autre et la peur de devoir partager prend le dessus.

Après l‘opération «No Way» du gouvernement australien, la Suisse tente aussi de formater la xénophobie dans le cadre légal. Dommage que la Suisse n‘ait jamais adhéré à l‘Union Européenne – ce serait le moment de la virer.

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