Joachim Gauck creuse le clivage entre Est et Ouest

Le Président allemand a critiqué les résultats des élections régionales en Thuringe et rouvre d’anciennes plaies qui séparent les deux parties de l’Allemagne.

Le Président allemand Joachim Gauck a dépassé son mandat en critiquant les électeurs et électrices en Thuringe. Tout en creusant le clivage est-ouest. Foto: (c) Eurojournalist(e)

(KL) – Dans quelques jours, l’Allemagne se souviendra de la chute du Mur de Berlin – le 9 novembre, cela fera 25 ans que le «rideau en fer» s’est ouvert suite à une erreur de communication de la part de Günther Schabowski. Le membre du bureau politique du SED, parti au pouvoir en RDA pendant 40 ans, avait déclaré un peu prématurément que la frontière était ouverte et plus personne ne pouvait stopper les centaines de milliers de Berlinois qui passaient toute de suite après les poste de contrôle entre Ouest et Est. La «révolution paisible» de la RDA avait abouti. 25 ans plus tard, le Président allemand a critiqué le fait que la Thuringe risque fort d’élire en début décembre, le premier Ministre-Président d’un Land faisant partie de «Die Linke», successeur du successeur du successeur du SED – s’ingérant ainsi de manière peu élégante dans la politique quotidienne. Ce qui n’est pas son rôle.

Presque deux générations après l’unification allemande, le fantôme du SED devrait être définitivement chassé. Si certains membres des «Die Linken» avaient un passé au sein du SED, en première ligne le charismatique Gregor Gysi, ceci ne constitue pas une raison pour critiquer publiquement ce parti qui aujourd’hui, n’a plus rien à voir avec le SED ou le passé totalitaire de la RDA. De plus, la déclaration de Joachim Gauck constitue une insulte des électeurs et électrices de la Thuringe qui ont donné un mandat de pouvoir à une coalition «Die Linke» – SPD – «Verts» – ce qui semble inquiéter le Président allemand. A tort.

Gauck, ancien pasteur protestant originaire de Rostock (ex-RDA), dépasse ainsi largement les règles de conduite de son poste. Il ne lui appartient pas de critiquer les électeurs pour le vote qu’ils ont pu effectuer, il ne lui appartient pas de réveiller d’ancienne craintes d’un retour du système totalitaire qu’a connu la RDA et il ne lui appartient encore moins de dénigrer un parti démocratique ayant fait ses preuves dans différents gouvernements régionaux, toujours dans le rôle du «partenaire junior».

Le modèle «rouge-rouge-vert» fait visiblement peur à l’establishment politique qui, comme en France, s’est limité pendant des décennies à l’éternelle alternance «droite-gauche». L’émergence de nouvelles formations politiques et leur succès électoral n’est pas l’expression d’un manque de jugeote de la part des électeurs, mais l’expression d’un raz-le-bol des électeurs face à l’incompétence de leurs dirigeants et partis. Il faudra vivre avec, le Président allemand y compris.

Reste le constat que le clivage entre l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est existe toujours. Du moins, dans la tête de certains politiques âgés pour qui le terme «gauche» évoque non pas une politique sociale et orientée vers les besoins des gens, mais des choses comme «goulag» ou autres horreurs. Peut être faudra-t-il dire au Président allemand que cela fasse 25 ans que les choses ne sont plus pareilles. Et que cela ne sert à rien de diaboliser en bloc tout ce qui appartient à la gauche. Et qu’il cesse d’insulter les électeurs et électrices…

 

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