Le clivage entre le discours politique et les réalités

Le Conseil Européen, donc la représentation des gouvernements nationaux des états-membres de l'Union Européenne a plié le genou devant les lobbys. Lamentable.

Avec de telles machines, la glyphosate est diffusée sur les champs. Encore pendant 5 ans. Minimum. Foto: David Hawgood / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – C’est exactement cette Europe dont les gens ne veulent plus. Une Europe qui fait fi de ce que pensent ou souhaitent les citoyens, une Europe qui s’abaisse à un pitoyable rôle d’agent des intérêts du « Big Business ». En prolongeant l’autorisation de commercialiser et d’utiliser le glyphosate, herbicide du géant chimique Monsanto, les institutions européennes montrent une nouvelle fois pourquoi les eurosceptiques et eurohostiles ont actuellement le vent en poupe.

Quid de la démocratie ? La seule représentation des peuples européens démocratiquement élue, le Parlement Européen, avait voté contre une prolongation de l’autorisation du glyphosate parce que des études avaient démontré que ce produit est « probablement cancérigène »: Pourquoi est-ce que les autorités de la santé nous donnent des conseils concernant un mode de vie plus sain, si en même temps, on permet au « Big Business » de commercialiser des produits qui, probablement, rendent les gens malades ?

Et à quoi bon 1,3 millions de signatures d’une Initiative Citoyenne Européenne (ICE) demandant l’interdiction de ce produit, à quoi bon les votes au Parlement Européen et dans les assemblées nationales, à quoi bon les nombreuses expertises, si au final, les gouvernants votent en faveur des lobbys de l’industrie chimique ? Et qu’ont-ils obtenu en échange, pour voter de manière aussi étrange ?

Personne n’a besoin d’une Europe qui agit ouvertement contre le souhait de ses peuples. Personne n’a besoin d’institutions corrompues qui prennent leurs décisions derrière des portes fermées, personne n’a besoin d’organes politiques qui agissent contre les intérêts de ceux qui les ont élus.

C’est ainsi que les responsables préparent un avenir marqué par des extrémistes, des néonationalistes, des antieuropéens. Les 500 millions d’Européens ne sont pas dupes. Ils savent pertinemment que la démocratie européenne devient de plus en plus une farce, une coquille vidée de ses valeurs et donc de son sens.

Le plus surprenant dans cette décision pro-glyphosate, c’est l’attitude allemande. Le ministre de l’agriculture Christian Schmidt (CSU) a voté en faveur de la prolongation des autorisations pour la glyphosate et ce, malgré une instruction du gouvernement allemand de s’abstenir, comme l’Allemagne s’est abstenue lors des derniers votes pour la simple raison que les deux partis actuellement encore au pouvoir, la CDU/CSU et le SPD, n’avaient pas la même position par rapport à ce dossier. Le cavalier seul de Christian Schmidt aura des conséquences graves – d’une part, on doit à ce vote 5 années de glyphosate supplémentaires et le ministre bavarois met sérieusement en péril les négociations en vue de la formation d’un nouveau gouvernement. Ce seront donc les 500 millions d’Européens et Européennes qui paieront pour cette manœuvre politique d’un ministre qui, vivement critiqué par la chancelière, ne devrait plus figurer dans le prochain conseil des ministres.

La montée de l’extrémisme a des raisons. Des décisions comme celles en faveur des lobbys industriels en font partie.

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