Malgré les menaces sur l’économie, Français et Allemands partent en vacances

Alain Howiller sur les plus belles semaines de l’année que ni Français, ni Allemands ne veulent laisser gâcher…

Allemands et Français partent en vacances, quoi qu'il arrive... Foto: Kgbo / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Alain Howiller) – Il y a dans notre métier de journaliste des sujets incontournables qui reviennent régulièrement en première… ligne de l’information. On appelle ce type de thèmes des « marronniers »(1). L’été venu, il y a un « marronnier » qui s’impose : c’est celui des vacances. Sur les bords du Rhin, celles-ci ont déjà commencé pour les jeunes Français et leurs parents, alors qu’au Bade-Wurtemberg, les habitants (tout comme leurs voisins bavarois) devront attendre la fin du mois pour profiter d’un congé estival sans doute bien mérité. Pour faire le point sur la « vallée rhénane », relevons que les vacances scolaires, signes de départs assumés, ont déjà commencé dans les cantons bâlois alors qu’ils viennent de démarrer en Rhénanie-Palatinat.

Curieuse atmosphère que celle entourant cette période estivale 2019 : de part et d’autre du Rhin, on s’interroge sur l’état de l’économie tandis qu’en France, alors que le chômage recule, on annonce les regrettables et hélas traditionnels licenciements de… lendemains d’élections et qu’en Allemagne, le flou s’impose en matière de conjoncture. Signe classique des inquiétudes de l’opinion, les peurs du lendemain encouragent une « épargne de précaution » susceptible d’aider en cas de coup dur ! Le patronat allemand a demandé que l’opinion ne cède pas au pessimisme cultivé par des conjoncturistes qui ne cessent pas de s’interroger sur une possible récession !

Il faut croire qu’on les a entendus également en France, puisque les sondages menés dans dix pays de l’Union Européenne (plus les Etats-Unis et le Brésil) ont souligné que 69% des Français allaient partir en congé cette année où les réservations pour l’été ont progressé de 7% par rapport à 2018. 56% des vacanciers resteront dans l’Hexagone.

Nicolas Sarkozy et ses… vacances en Allemagne ! – Cette année, 24% de vacanciers de plus ont décidé de partir en vacances : 70% des Allemands donc ont décidé de partir en congé en 2019. Seuls 11% ne dételleront pas de leur travail et resteront… à la maison ! Ils seront 59% à passer leurs vacances dans leur pays. Les chiffres sont proches d’un pays à l’autre, mais les moyens (en hausse pourtant) consacrés le sont moins : 2.200 euros par foyer français pour deux semaines, 2.400 en Allemagne pour la même durée. Curieusement, les échanges entre les deux pays ne sont guère développés : pour les Français, l’Allemagne ne figure plus dans le « Top 10 » des pays où, spontanément, ils aiment passer des congés.

Tout le monde n’a pas oublié Outre-Rhin ce propos de Nicolas Sarkozy disant : « Vous passeriez, vous, des vacances en Allemagne ? ». L’ancien président soulignait dans l’essai(2)que Yasmina Reza lui avait consacré : « Je suis toujours terrorisé, moi, à Berlin. Et à Francfort aussi ! »(2)… A contrario, pour 12% des Allemands, la France est en 9ème position des pays où ils aimeraient passer des vacances : la France se situe juste derrière… l’Australie (Sidney) et devant l’Autriche, et la Turquie (Istanbul). On le voit, il y a des efforts croisés à faire pour nourrir les échanges touristiques entre les deux pays !

L’appel de la mer et du soleil ! – Les deux pays se rejoignent dans l’attrait qu’exercent la mer et le soleil : côté allemand, l’Espagne, l’Italie, la Grèce se situent toujours en tête (bien qu’en léger repli) des destinations préférées que les Français choisissent, eux aussi, avec le Maroc, la Turquie, la Tunisie, l’Egypte. Au-delà de ces destinations, Français et Allemands ont leurs destinations domestiques préférées : le land de Mecklenburg-Vorpommern, la Bavière, le Schleswig-Holstein, la Basse-Saxe sont (dans l’ordre) les destinations préférées pour les vacances d’été.

En France, les destinations choisies sont – également dans l’ordre – la région PACA-Provence-Côte d’Azur (43% des suffrages), la Bretagne (38%, en progrès chaque année), la Corse (27%). Dans tous les cas, ce sont la mer et la montagne qui recueillent les suffrages devant les vacances à la campagne.

Malgré les tensions, les problèmes économiques qui risquent de peser, le besoin de vacances d’été s’impose avec ce double constat : d’une part, les moyens consacrés aux congés augmentent cette année alors qu’ils avaient diminué deux années durant, et d’autre part, la durée des séjours s’allonge (2 semaines en moyenne) même dans des pays auxquels le terrorisme avait porté des coups sévères. Dans l’espoir que cet été caniculaire confortera des tendances décelées dès ce début de Juillet. Bonnes vacances à tous et à toutes.

(1) Le terme « marronnier » est directement hérité d’un fait historique : le 10 Aoùt 1792, les révolutionnaires français ont envahi le palais des Tuileries et ont massacré les 950 gardes suisses fidèles à Louis XVI. Les restes des militaires ont été enterrés sous un marronnier rouge dans le jardin attenant. L’année d’après, le marronnier a fleuri plus tôt que les autres arbres. La particularité s’est reproduite de manière répétitive qui donnait matière, chaque année, à un article-souvenir : la notion de « marronnier » était née.

(2) « L’Aube le soir ou la Nuit » de Yasmina Reza, Flammarion, 2007.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste