Marché de l’emploi – l’Ortenau se porte toujours bien, merci…

Cela devient presque une habitude - au mois de juin, le taux de chômage a une nouvelle fois baissé de 0,1% pour se situer maintenant à 3,2%. Et pourtant…

A l'Agence pour l'Emploi fédérale à Nuremberg, on voit les chiffres actuels avec satisfaction. Mais pour combien de temps ? Foto: Achates / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – L’Europe entière envie l’Ortenau pour son taux de chômage exceptionnel. 3,2% – on y frôle le plein emploi. Dans la région voisine de l’agglomération strasbourgeoise, 7736 personnes cherchent actuellement un emploi, ce qui est rien considérant la population de 415 000 habitants dans l’Ortenau. Ce chiffre, l’Ortenau peut l’encadrer pour le regarder dans quelques années – pour se souvenir du bon vieux temps lorsque l’économie allemande tournait encore bien. Mais cela risque de changer et paradoxalement, les excellents chiffres du marché de l’emploi en sont un indicateur.

Car ce qui attend l’Ortenau et d’autres régions dans le Bade-Wurtemberg qui lui, affiche un taux de chômage global de 3,7%, c’est d’abord la pénurie en main d’œuvre qualifiée qui a déjà commencée, suivie par la délocalisation de secteurs d’activité modernes. A la longue, l’Ortenau risque de redevenir une région à forte vocation agricole – les industries de l’avenir n’y resteront pas, puisque les entreprises dans ces secteurs ne trouveront plus les collaborateurs qualifiés pour gérer leurs carnets de commande.

La baisse du taux de chômage concerne toutes les catégories de chercheurs d’emploi. Hommes, femmes, 50+, jeunes de moins de 25 ans – partout, l‘Ortenau affiche fièrement des chiffres qui aujourd‘hui impressionnent avant de devenir un problème majeur demain.

Mais bon, comme nous l’écrivons tous les mois lors de la publication des chiffres du marché de l’emploi dans l’Ortenau, il convient d’ajouter au taux de chômage mirobolant d’autres chiffres qui n’apparaissent pas dans les statistiques du chômage. Comme les 4547 personnes considérées comme difficiles à placer (chercheurs d’emploi âgés, pas du tout qualifiés, malades etc.) qui, pour faire simple, ne figurent pas dans les chiffres du chômage et qui sont suivis par un autre organisme que l’ANPE, la Kommunale Arbeitsförderung. Ajoutez à cela les personnes sans emploi qui ne s’inscrivent pas à l’ANPE et du coup, les chiffres se rapprochent de ceux dans d’autres régions.

Toutefois, il convient de saluer le travail des professionnels de l’ANPE de l’Ortenau. Très proche des entreprises dans la région, les collaborateurs de l’ANPE ont réussi à acquérir au mois de juin, par moins de 943 postes à pourvoir. Ceci est remarquable car ces postes ne disparaissent pas dans le privé ou dans l’intérim, mais sont mis à la disposition de ceux qui en ont vraiment besoin. Résultat – actuellement, un total de 2742 postes est à pourvoir dans l’Ortenau – avec comme règle générale et peu surprenante que plus une personne est qualifiée, plus elle aura des chances de trouver un travail.

Dans certains secteurs, la pénurie en main d’œuvre qualifiée pèse déjà, en particulier dans le domaine dans la métallurgie, les métiers de l’électrique, dans l’hôtellerie et la gastronomie, dans le domaine de la santé, de l’éducation et des soins à la personne.

Le dernier domaine est particulièrement intéressant à suivre. Dans une société vieillissante, comme c’est le cas en Allemagne, les soins à la personne seront de plus en plus demandés, mais en vue de la faible rémunération dans un métier particulièrement contraignant, le clivage entre l’offre et la demande ne fera que s’accroitre.

Cette tendance peut également être observée dans le domaine de la formation professionnelle. Actuellement, 1411 places d’apprentis sont à pourvoir, mais seulement 890 jeunes cherchent une place. Logiquement, plus de 500 places ne trouveront pas de preneur, ce qui risque d’avoir des conséquences fâcheuses pour les entreprises qui ne peuvent plus former les collaborateurs de demain et qui doivent donc espérer de trouver les talents de demain ailleurs.

Que l’Ortenau profite de ces moments paradisiaques qui risquent de changer bientôt. Les changements démographiques ne peuvent pas être stoppés et la seule solution sera l’intégration du marché de l’emploi et de la formation entre la France et l’Allemagne. Si de nombreux experts travaillent de manière engagée sur la question, les progrès réalisés ne correspondent pas encore à la croissance du problème. A suivre.

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