«Mutti» Merkel continue à rassurer les Allemands

Les crises se succèdent, la chancelière se limite à faire des commentaires et les Allemands continuent à l’adorer, leur Mutti.

Angela Merkel a beau sourire - les Allemands la portent dans le coeur. Va savoir pourquoi. Foto: Michael Panse, Erfurt / Wikimedia Commons

(KL) – Le paysage politique allemand, à défaut de sujets excitants, se focalise sur les sondages. Le plus populaire de ces sondages est la «Sonntagsfrage», qui demande à un échantillon de la population : «Pour qui voteriez-vous si dimanche, il y avait des élections generales ?» N’importe les crises, n’importe les résultats des autres partis – l’Allemagne se tient derrière «Mutti», quoi qu’il arrive.

Actuellement, Angela Merkel se situe à un taux d’approbation de 55% ! 55% ! François Hollande doit se ronger les doigts en voyant ces chiffres. Pourtant, «Mutti» n’est pas contente avec ce score. Normal, puisqu’il se situe 2 points plus bas que la semaine passée. Et une Angela Merkel ne vise jamais les 50%, mais les 60%. Au moins.

Quant aux partis, la CDU/CSU se situe actuellement à 40%, le SPD à 24%, Die Linke à 10%, les Verts à 10%, les eurosceptiques de l’AfD à 6% et pour les libéraux du FDP, les 4% indiquent que le chemin du retour dans les parlements sera long, peut-être même impossible. Des chiffres peu étonnants qui réflètent les résultats des élections législatives du mois de septembre dernier.

L’énigme se situe au niveau de la personne de la chancelière. Celui qui en fait les frais, c’est son vice-chancelier Sigmar Gabriel (SPD) qui s’engage à fond dans les travaux de la «GroKo» (contrairement à Angela Merkel qui, comme toujours, observe). Malgré son travail acharné, Gabriel reste à un faible score de 15% – c’est donc lui qui fait le travail et «Mutti» en récolte les fruits.

On a du mal à penser à un dossier politique allemande dans lequel Angela Merkel se serait distinguée par une activité ou même une prise de position. Les positions claires, c’est pour les autres. On voit chez qui Angela Merkel a appris son métier – chez Helmut Kohl, le champion de l’inertie politique. «Les tempêtes finissent toujours par passer», voilà le leitmotiv de Helmut Kohl qu’il a transmis à Angela Merkel.

Cela doit être une spécificité allemande – contrairement aux autres pays européens où la fainéantise et l’échèc politique sont instantanément punis par les électeurs (Hollande – taux d’approbation autour de 20% !), les Allemands pardonnent tout à «Mutti». Est-ce un besoin latent d’avoir un leader fort, un dirigeant qui mène les opérations, qui motive les Allemands de suivre aveuglement une politique qui est totalement invisible dans toutes les situations importantes ? Les Allemands n’aiment pas du tout la manière dont le gouvernement se prosterne devant les Etats-Unis. NSA, TTIP – la chancelière n’a rien obtenu des Etats-Unis. Résultat – «pas grave». Plus de 15% de la population allemande vivant en-dessous du seuil de la pauvreté ? Pas grave. Freinage de la transistion énergétique ? Pas grave. Rien n’est assez grave pour affecter la fidélité des Allemands vis-à-vis de «Mutti».

«Mutti» est donc un phénomène. Un peu comme Silvio Berlusconi que les Italiens avaient du mal à chasser pendant des années. Mais une fois chassé, les Italiens se sont remis à voter massivement pour «Bunga-Bunga» dès que l’occasion s’est présentée. Seuls les tribunaux ont pu mettre un terme à la carrière politique de Berlusconi, mais il n’y a peu de chances à ce que le Bundesgerichtshof stoppe la chancelière un jour. Il faut croire que «Mutti» sera chancelière aussi longtemps qu’elle en aura envie. Ce qui pourra durer.

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