Ventes d’armes: l’Europe bien classée au palmarès de la mort

En 2016, les 100 plus grandes entreprises de l’armement ont réalisé un chiffre d’affaires de 317,9 milliards d’euros. La mort est et reste une belle affaire pour l’Europe.

Chez nous, ces choses garantissent des emplois. Chez les acheteurs, elle tuent. Foto: Tiraden / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Les conflits dans le monde entier stimulent logiquement les ventes d’armes et ce sont les Etats-Unis, la France et l’Allemagne qui en profitent le plus. « Made in Europe » est un garant pour la qualité de ces instruments à tuer et tant que nous assurons l’emploi dans nos pays, on ferme les yeux devant ce qu’il est fait à l’aide de ces armes que nous produisons.

L’institut de recherche « Sipri » à Stockholm a analysé, comme tous les ans, les chiffres de cette industrie de la mort qui constitue un pilier de la conjoncture en France et en Allemagne. Le chiffre d’affaires des Top 100 du secteur a augmenté de 38% par rapport à celui de 2002, un signe clair que les conflits armés dans le monde s’intensifient. Et tant que nous vendons des armes à qui en veut, cela ne risque pas de changer.

La perversion de nos marchands d’armes s’est dévoilée lors d’une visite d’un groupe de parlementaires allemands en Syrie – le député Jan van Aken (Die Linke) y avait détecté les mêmes armes allemandes et françaises entre les mains de l’ensemble des belligérants – n’importe le conflit et les partis opposés, l’industrie de l’armement française et allemande se trouve toujours parmi les gagnants.

L’argument « si nous ne vendons pas ces armes, quelqu’un d’autre le fera » est faux. Aux Etats-Unis, le refus de l’industrie chimique internationale de fournir le poison nécessaire aux exécutions de condamnés à mort, a engendré le report de l’exécution de la peine de mort dans plusieurs états comme le New Hampshire – lorsque l’industrie fait valoir son poids, cela peut faire bouger les lignes. Seul problème – les Rheinmetall, MDBA, Dassault & Cie. n’ont aucun intérêt à faire bouger les lignes, ces entreprises gagnent trop d’argent en produisant et en vendant les instruments de la mort.

Bien sûr, le plus grand exportateur d’armes sont les Etats-Unis – avec un chiffre d’affaires de 217,2 milliards de dollars, l’industrie de l’armement américaine se situe loin devant les autres.

Le rapport de « Sipri »  se lit comme le dépôt de bilan moral de ce monde. On y parle d’une « demande accrue en Europe, au Proche Orient et en Asie de Sud-Est » – sans toutefois mentionner qui sera tué par ces armes. Car, pour mémoire, les armes sont faites pour tuer. Et c’est ce qu’elles font.

Mais l’industrie de l’armement n’est pas une industrie comme les autres. Elle produit des outils dont le seul objectif est de tuer des êtres humains. Un vendeur d’armes ne se distingue donc en rien d’un revendeur d’héroïne, sauf que les dégâts causés par le vendeur d’armes, est largement supérieur à tout le mal qu’un dealer peut causer.

La mort est un maître européen et tant que nous nous ne décidons pas à arrêter de fournir les instruments de la guerre, en toute logique, les guerres continuent. Et avec, les vagues de migration, les souffrances, la précarité, le terrorisme. Il faut casser cette spirale de la mort et le mieux serait de commencer à notre niveau.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste