Non ! Ne tombons pas dans le piège des terroristes !

Après les attentats de Bruxelles, un nouveau danger nous guette – le piège que nous tendent les terroristes qui veulent faire éclater nos sociétés. Ne leurs faisons pas ce cadeau.

Les attentats de Bruxelles doivent générer une réaction. Mais pas celle qu'espèrent les terroristes. Foto: LucasSteneram13 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Les attentats de Bruxelles sont, comme tous les attentats, des actes odieux et lâches. Nul besoin d’en discuter. Comme après les attentats de Paris, toute l’Europe est en larmes, consternée, choquée. Et avant que les larmes puissent sécher, nous entendons déjà les voix des extrémistes, cette fois des «nôtres», qui réclament à ce que nous réagissions fort et avec fermeté. Oui, d’accord, mais comment et surtout, contre qui ? Si tout le monde est d’accord d’agir avec la plus grande fermeté contre tout terroriste, soutien ou complice identifié, la colère compréhensible que nous éprouvons risque de se retourner contre des communautés qui elles, n’y sont pour rien. Et pourtant, dans «l’après-Bruxelles», elles auront une lourde responsabilité à porter.

Après Paris, Istanbul et maintenant Bruxelles, il est évident que nous ne pourrons pas continuer comme si rien n’était. Il faut réagir, mais pas de la façon que voudraient nous imposer à la fois les terroristes que leurs alliés de circonstance, les ultranationalistes et xénophobes. C’est Martin Luther King qui nous met en garde «Hate cannot drive out hate: only love can do that» («la haine ne peut pas surmonter la haine, seul l’amour peut le faire»). On les sent déjà venir, nos extrémistes à nous, qui déverseront leur haine sur tout ce qui n’est pas «pure souche» – et tout cela ne pourrait que nous conduire vers un nouveau gouffre nationaliste, identitaire et dangereux, comme nous enseigne déjà l’histoire de l’Europe des derniers millénaires.

Oui, il faut réagir, mais seul un effort de toutes les communautés concernées pourra constituer un premier pas dans la bonne direction. Après les attentats de Paris, les fédérations musulmanes en Allemagne avaient exprimé leur indignation, mais en soulignant d’accepter une prise de position encore plus claire, arguant que cela voudrait dire qu’elles acceptent que toutes mes communautés musulmanes soient mises sous une suspicion générale. Aujourd’hui, il sera difficile d’éviter une telle suspicion générale – elle est une réalité qu’il faudra désormais gérer. Ce qui conduit à une responsabilité partagée pour toutes les communautés religieuses qui ne pourront plus se limiter à faire des déclarations d’indignation, mais qui doivent faire le ménage dans leurs rangs.

Ainsi, il est insupportable que des imams radicaux continuent à prêcher la haine dans des mosquées en Europe (c’est déjà assez grave de prêcher la haine chez eux, au nom de la religion…), que des extrémistes puissent opérer le recrutement de jeunes pour le Daesh et d’autres organisations sous la protection du silence de certaines communautés, que nous acceptons la radicalisation de toute une génération.

Mais attention, cela ne concerne pas que les communautés musulmanes, dont 95% des croyants ne partagent en rien ces attitudes des terroristes qui nient l’existence et qui crachent sur ce qui est le plus cher dans toutes les religions, la vie. Nous aussi, nous devons changer notre attitude vis-à-vis du «vivre ensemble». Pendant des décennies, nous avons enfermé des populations entières dans des «ghettos» aux abords des grandes villes, histoire de ne pas devoir nous confronter à ces communautés considérées, à une époque, comme de la main d’œuvre bon marché et donc bienvenue. Il faudra revoir notre politique en matière d’immigration et défendre nos sociétés laïques à tout prix.

Comme à Hérouville au Canada. Dans cette petite ville pas trop loin de Montréal, les nouveaux arrivants reçoivent une «charte» qui définit les choses à faire et à ne pas faire en tant que citoyen de la ville. Ceux qui peuvent adhérer à ces «standards» sont les bienvenus, ceux qui refusent les règles de cette société canadienne sont priés d’aller voir ailleurs. Ce n’est pas encore la solution, mais un petit début. Mais il faut bien commencer quelque part. Avant que nos extrémistes occidentaux ne proposent de raser des quartiers comme Molenbeek, Saint Denis ou Kreuzberg.

Ne tombons pas dans le piège que nous tendent les extrémistes de tout bord. Refusons la scission définitive de nos sociétés, soyons solidaires et suivons sur la trace de Martin Luther King. Même si c’est difficile en un tel jour de deuil et de colère.

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