Est-ce bien raisonnable ?

A Strasbourg, on travaille. Les chalets sont installés sur les places du centre-ville. Mais en vue des circonstances, est-ce bien raisonnable de maintenir l'édition 2023 du Marché de Noël ?

Pour l'édition 2023 du Marché de Noël à Strasbourg, on ne peut que croiser les doigts... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY 2.0

(KL) – On fait semblant. On fait semblant que 2023 soit une année comme une autre et donc, on fait la fête comme tous les ans. Pourtant, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin met en garde contre un risque d’attentat accru et il suffit de regarder les informations pour se rendre compte que l’année 2023 n’est justement pas une année comme les autres. Est-ce raisonnable dans de telles circonstances de maintenir une manifestation dont on sait qu’elle ne peut pas vraiment être sécurisée  ?

Deux argument sont avancés pour expliquer le maintien de cette manifestation qui est très importante pour le tourisme strasbourgeois  : «  On ne peut pas nous laisser dicter notre façon de vivre par des terroristes  » et «  Il faut protéger les intérêts des commerçants du centre-ville  ». Mais ces deux arguments sont relativement faibles lorsque l’on regarde de plus près.

«  On ne peut pas nous laisser dicter notre façon de vivre par des terroristes  »  ? Depuis 2001 et les attentats sur le World Trade Center à New York, nous ne faisons rien d’autre que de nous laisser dicter notre façon de vivre par des terroristes. Depuis cette date, les pays dépensent des sommes pharaoniques pour des mesures de sécurité, les USA ont mené une «  guerre contre le terrorisme  » qui elle, n’a pas mis un terme au terrorisme, mais qui a contribué à l’émergence de nouveaux groupes de terroristes. Depuis 2001, nous assistons très souvent à des attaques terroristes islamistes (oui, désolé, mais les attentats ne sont pas perpétrés par des Norvégiens qui veulent nous convaincre que Walhalla est mieux que le Paradis…). Depuis 2015, nous nous sommes habitués à la présence de groupes de sentinelles qui patrouillent tous les jours au cœur de nos villes. Si cette présence est utile, force est de constater que le terrorisme a changé, lui aussi.

Les innombrables attentats perpétrés depuis de longues années ont changé. Aujourd’hui, nous assistons à ce que les experts appellent le «  terrorisme stimulé  », des actes commis par des extrémistes isolés, souvent avec des moyens rudimentaires, mais quand même dangereux. Ainsi, il n’y a pas longtemps, un extrémiste était entré dans un supermarché en Allemagne, a pris un grand couteau sur un étalage et a commencé à attaquer les autres clients, tuant deux. Dans la mesure où ce genre d’attentat ne nécessite aucune préparation et aucun réseau, il est impossible de prévoir et donc, d’empêcher ce genre d’attentat stimulé par des événements sur la scène internationale, comme l’actuel conflit au Proche Orient.

Reste donc l’argument des intérêts des commerçants au centre-ville. Pour les commerçants, la période du Marché de Noël est la plus importante de l’année, mais quand on parle avec certains commerçants en privé, ils ne sont pas aussi convaincus qu’il faille maintenir un Marché de Noël à haut risque.

A la fin, personne ne portera la responsabilité pour ce qu’il pourrait se passer lors de ce Marché de Noël. Si le souhait de vivre un Noël «  normal  » est totalement compréhensible, force est de constater que le monde ne tourne plus «  normalement  », après la pandémie, avec la guerre en Ukraine et maintenant, le conflit en Israël et Gaza que certains tentent de transformer en «  guerre des civilisations  ».

2023, mi-novembre, on installe les chalets. Et après nous, le déluge…

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