Terrorisme – la stratégie des terroristes est claire

C'est ici que l'attentat sur les touristes allemands avait lieu - devant la Hagia Sofia, l'un des monuments les plus visités d'Istanbul. Foto: Milos Radevic / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – L’attentat-suicide d’Istanbul où un terroriste s’est fait exploser devant la célèbre Hagia Sophia, faisant 11 morts et plus de 30 blessés, a une nouvelle fois choqué l’Allemagne. Car l’attentat visait un groupe de touristes majoritairement allemand ; parmi les victimes, on dénombre 8 ou 9 ressortissants allemands. Si la nationalité des victimes de tels attentats n’importe finalement que peu, l’Allemagne se sent particulièrement visée par cette nouvelle horreur.

Si on s’étonne, tout comme à l’occasion de l’attentat sanglant d’Ankara en fin de l’année dernière, de la rapidité avec laquelle les autorités turques présentent les coupables et les résultats de toute une enquête seulement quelques heures après l’attentat, la situation en Turquie devient difficile à comprendre. Bien sûr, le gouvernement turc affirme qu’il s’agissait d’un attentat-suicide commis par un jeune syrien de 28 ans, dont on dit qu’il était connu pour être affilié au Daesh, sans pour autant se trouver sous un quelconque contrôle, mais des doutes subsistent.

Dès lors on se pose la question à qui profite cet attentat, plusieurs options se présentent. Outre la théorie du Daesh, on pourrait autant s’imaginer qu’il s’agisse d’une réponse kurde aux massacres de l’armée turque dans des villages kurdes survenus ces deux dernières semaines. Dans la situation actuelle, tout est envisageable et force est de constater que le message des terroristes passe vraiment – «la sécurité n’existe plus nulle part».

Les tour-opérateurs enregistrent maintenant de nombreuses annulations de la part des touristes allemands, ce qui affectera gravement l’industrie du tourisme turc, considérant que la Turquie compte parmi les destinations favoris des allemands. Mais cela risque de changer autant que c’était le cas pour l’Egypte après les attentats commis sur des touristes étrangers.

On a beau dire «on continue à vivre comme avant, ce ne seront pas les terroristes qui nous dicteront notre façon de vivre», mais c’est exactement ce qui se passe. Il suffit de regarder autour de nous – partout en Europe, les contrôles aux frontières ont été réintroduits, dans les rues, des militaires patrouillent partout, dans des lieux publics, la présence des forces de l’ordre est massive et désormais, même le choix du lieu de vacances sera influencé par la question si la destination est sûre. Et les conflits s’approchent de plus en plus de la vieille Europe, par des attentats comme celui à Paris ou maintenant à Istanbul.

En ce début de l’année 2016, le terrorisme et la peur ont pris une place durable dans nos vies et c’est exactement ce que cherchent les terroristes. A nous d’apprendre à gérer cette peur avant que nous ne transformions nos sociétés en forteresses policières – cela ne nous protègera pas non plus…