Opportunisme, quand tu nous tiens…

Désignée comme tête de liste pour l'élection européenne et selon toute vraisemblance aussi par l'EPP, Ursula von der Leyen se positionne très, très à droite.

Ursula von der Leyen veut être réélue à la tête de la Commission européenne - avec les votes de l'extrême-droite... Foto: European Parliament from EU / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Les observateurs craignent un séisme politique lors de l’élection européenne, une percée de l’extrême-droite qui s’annonce, par exemple, en France où le Rassemblement National mène très largement dans les sondages. Au lieu de combattre cette montée des ultra-nationalistes, Ursula von der Leyen préfère leur faire des yeux doux en annonçant être tout à fait prête à travailler au Parlement Européen, avec le groupe des « Conservateurs et réformistes européens » (CRE). Donc, avec le groupe qui fédère des Zemmouristes, le PiS polonais, les Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, les nationalistes bulgares, l’extrême-droite espagnole VOX et d’autres élus nationalistes et d’extrême-droite de différents pays. Maintenant, les cartes sont sur la table. Ceux qui voteront pour la candidate Ursula von der Leyen, voteront non seulement pour un « on continue comme avant ! », mais aussi pour une candidate qui envisage de tirer les conservateurs européens dans le marais brun de l’extrême-droite qui actuellement, a le vent en poupe.

Sachant que la candidate à un deuxième mandat à la tête de la Commission européenne doit passer par un examen devant le Parlement européen, Von der Leyen va déjà aujourd’hui à la pêche des votes de l’extrême-droite. Pour combattre le néo-nationalisme qui se répand partout en Europe, on peut mieux faire que de lui proposer une coopération.

Evidemment, Ursula von der Leyen n’est pas bête, au contraire. Elle envisage parfaitement un nouveau Parlement européen où aucune décision ne pourra être prise sans les votes de l’extrême-droite qui risque d’être la grande gagnante du scrutin le 9 juin prochain. Pendant que des centaines de milliers de ses compatriotes descendent dans la rue pour protester contre cette extrême-droite, Ursula von der Leyen lui propose une coopération.

Son « oui, mais… » est tout sauf crédible. Elle exclut toute coopération avec des « soutiens de Poutine » et les « adversaires de l’état de droit ». C’est tout comme « ligne rouge ». Pour le reste, l’ultra-nationalisme, les tendances néo-fascistes et la xénophobie ne la dérangent pas plus que ça, à condition que le marais brun vote pour elle lorsqu’elle devra se présenter devant le Parlement européen. Du coup, Ursula von der Leyen devient le plus fort soutien à l’extrême-droite et ceux qui ne deviennent pas encore fous dans les crises actuelles, savent ce qu’il reste à faire – ne pas voter pour la CDU en Allemagne et ne pas voter pour les partis qui font partie de l’EPP dans les autres pays européens.

L’avidité du pouvoir (et de l’argent) de l’actuelle présidente de la Commission européenne ne connaît aucune limite, au point d’ouvrir les bras à l’extrême-droite européenne. Si cet opportunisme d’Ursula von der Leyen n’est finalement pas si surprenant que ça, on peut quand même se poser la question pourquoi la CDU allemande la laisse faire. Celle qui avait échappé de peu à son « scandale McKinsey » du temps où elle était ministre de la défense d’Angela Merkel à Berlin(les auditions ne pouvaient pas avoir lieu, car la veille, Madame Von der Leyen avait « égaré » son téléphone portable qui contenait tous les échanges avec McKinsey…), bénéficie du soutien inconditionnel de son parti qui lui, ne trouve rien à redire à ce soutien à l’extrême-droite.

Du moins, les choses sont désormais claires. Ceux qui souhaitent une Europe plus juste, plus transparente, plus sociale, ne doivent en aucun cas voter pour celle qui prépare le lit à l’extrême-droite. Ceux qui, en connaissance de cause, voteraient pour Ursula von der Leyen, ne devraient pas se plaindre des dysfonctionnements européens. Car chaque vote pour elle est un vote qui cimente ces dysfonctionnements.

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