Photographie : Bernard Guerrier «Talking Cities»

Le photographe montpelliérain Bernard Guerrier nous confie une autre série de ses œuvres. Cette fois, ce sont les «villes qui parlent» qui l’ont séduit.

Parfois, les messages urbains sont criards, parfois cachés et peu évidents à comprendre. Bernard Guerrier, lui, les voit. Foto: © Bernard Guerrier / 2014

(KL) – «Le monde a changé», dit Bernard Guerrier, «mais les moyens de communication sont restés les mêmes, à la base.» En bien y regardant, on comprend ce que Guerrier veut dire. Nos villes sont remplies de signes, de messages, de symboles, d’expressions. «A l’aube de l’humanité, les gens ont dessiné sur les murs des grottes, plus tard ils ont laissé des runes et d’autres signes qui avaient un sens pour eux. Il s’agit d’une communication, d’un message laissé à des inconnus qui allaient passer par là. Ce n’est pas différents dans les villes d’aujourd’hui – on affirme son existence en communiquant avec des gens qui passent.»

Les inconnus auxquels s’adressent ces communications, ce sont les habitants des villes, les visiteurs de passage, bref, nous. Les messages que documente Bernard Guerrier, nous sont donc destinés. «Mais est-ce que nous les comprenons ?», demande Bernard Guerrier. «La plupart, non. Car ces messages ne sont, étrangement, pas destinés à tout le monde, mais seulement à ceux qui disposent de la clé pour les déchiffrer. Il s’agit donc plutôt d’une ‘communication de tribu’, de messages destinés uniquement à des membres de certains groupes.»

La frontière entre message citadin et l’art n’est pas clairement définie. Ce qui ne pose pas le moindre problème à Bernard Guerrier. «L’expression artistique constitue aussi un message, très personnel. Qui comporte aussi une dimension métaphysique, car ces messages durent plus longtemps que la présence de l’auteur à un lieu précis. En y laissant une trace, il s’identifie au lieu et aux personnes qui risquent de le fréquenter après lui. Si ce concept est normal de nos jours, il constituait une révolution au début de l’humanité, car l’homme s’est mis à comprendre l’abstrait – le temps et les choses qui se passent en son absence.»

Est-ce que ces communications ne ressemblent pas aux animaux qui marquent leur territoire ? Bernard Guerrier hésite une seconde, avant de faire «oui» de la tète. «Si, cela joue également un rôle. On s’approprie son environnement, des endroits, mais dans ces communications urbaines, on trouve encore plus. Le marquage d’un territoire a quelque chose d’archaïque, mais c’est la communication avec ses pairs qui est l’aspect le plus important. Il s’agit du phénomène de la ‘tribalisation’ de nos villes modernes. Les gens s’identifient davantage à leur rue, à leur quartier, qu’à des concepts plus larges, plus anonymes.»

Une sorte de repli sur des entités les plus petites possibles ? «Oui», répond Bernard Guerrier, «face aux menaces du monde, face aux crises, face aux insécurités, les gens s’orientent plus vers des éléments qu’ils connaissent et qu’ils pensent pouvoir maîtriser. Vous ne pouvez pas maîtriser ce qui se passe en Syrie ou dans la bande de Gaza, mais vous aurez toujours l’impression de maîtriser ce qui se passe dans le voisinage.»

La date de la prochaine exposition de Bernard Guerrier n’est toujours pas fixée et pour Eurojournalist(e), ceci constitue une bonne nouvelle. Car tant cette exposition n’est pas programmée, Bernard Guerrier continue à nous faire parvenir des séries que nous pouvons publier.

Toutes les photos sont © Bernard Guerrier / 2014

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