Sahra Wagenknecht déchire la gauche allemande

L'une des ténors du parti « Die Linke » », Sahra Wagenknecht, vient d'annoncer qu'elle quitte son parti pour en fonder un autre. Plusieurs députés de « Die Linke » la suivent.

Sahra Wagenknecht - sauveteur ou bourreau de la gauche allemande ? Foto: DIE LINKE / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Voilà, c’est fait. Sahra Wagenknecht a annoncé hier la création d’une association, « Bündnis Sahra Wagenknecht », dont l’objectif est de transformer cette association en parti politique. Plusieurs députés de « Die Linke » (que Sahra Wagenknecht quitte à cette occasion) la suivent, ce qui signifie en même temps, la fin du groupe parlementaire de « Die Linke ». Pour la gauche allemande, ce fractionnement n’est pas une bonne chose, surtout dans la mesure où le nouveau parti de Sahra Wagenknecht défend autant des positions de l’extrême-gauche, des libéraux et de l’extrême-droite.

Lors d’une conférence de presse à Berlin, Sahra Wagenknecht a expliqué sa démarche en déclarant « nous avons pris la décision de fonder un nouveau parti, car nous sommes convaincus que les choses ne peuvent pas continuer comme maintenant ». Le but est de créer ce nouveau parti début 2024 pour se présenter pour la première fois à l’élection européenne au mois de juin 2024.

Pour « Die Linke », il s’agit d’une très mauvaise nouvelle. Le parti, qui doit se battre à chaque élection pour dépasser la barre fatidique de 5%, risque de s’éloigner de plus en plus de ce seuil, ce qui signifie que dans les parlements régionaux et au Bundestag, « Die Linke » pourrait disparaître. Déjà au début 2024, « Die Linke » perdra son statut de groupe parlementaire au Bundestag, car le parti ne dispose que de 38 députés et avec les députés qui suivront Sahra Wagenknecht, le groupe n’aura plus les 36 députés nécessaires pour former un groupe parlementaire. En tant que simples députés, les élus de « Die Linke » disposeront de moins de temps de parole et seront encore moins visibles qu’avant.

Les positions que défendra ce nouveau parti ne sont pas (encore ?) très claires. Ces derniers temps, Sahra Wagenknecht a affiché des positions concernant la question de la migration assez compatibles avec celles de l’extrême-droite, elle veut augmenter les investissements de l’état, elle est contre les sanctions qui frappent la Russie et il est difficile de reconnaître des positions « de gauche » dans ses prises de position.

Toutefois, Sahra Wagenknecht est suivi par plusieurs élus de « Die Linke », comme la présidente du groupe parlementaire de « Die Linke », Amira Mohamed Ali, qui sera aussi la présidente de la nouvelle association « BSW ». Font également partie de cette nouvelle association Lukas Schön, ancien président de « Die Linke » en Rhénanie du Nord-Westphalie, le trésorier de « BSW » sera le millionnaire Ralph Suikat, et parmi les soutiens de Sahra Wagenknecht, on trouve aussi le député Christian Leye.

Étonnamment, Sahra Wagenknecht veut « proposer une alternative aux électeurs de l’AfD », mais en affichant des positions proches de l’extrême-droite, elle risque de dynamiser encore davantage l’essor de l’AfD.

Pour « Die Linke », cette évolution pourra signifier la chute dans l’insignifiance politique, la perte de mandats lors des prochaines échéances électorales, la fin du parti. Si Sahra Wagenknecht se présente comme « sauveteur » de la gauche allemande, il y a de fortes chances à ce qu’elle en devient le bourreau. A suivre.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste