Serbie : attention, danger !

Extrême-droite versus société civile

Le ministre de la Défense serbe, Aleksandar Vulin, jette de l'huile sur le feu Foto: Medija Centar Beograd/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/3.0Unp

(Marc Chaudeur) – « Enfermez le maire dans une cage, crachez lui dessus, puis noyez le ! » « Tuez les pédés ! » « Les journalistes sont tous des traîtres ! ». Voilà les remèdes que proposent les partis d‘extrême-droite serbes au marasme économique et social. Ils ne sont guère différents de ceux que proposent, à mots plus feutrés, l’AfD et tous les autres groupes para-fascistes européens. Mais la montée de l’extrême-droite, et peut-être bientôt sa percée, présentent un très grave risque de conflit. Avec le Kosovo, certes, mais aussi avec le Monténégro, qui a longtemps fait partie intégrante de la Serbie. Et un réel danger pour l’Europe face à divers appétits.

La société civile active doit absolument serrer les rangs et ne pas se débander ! Le problème se pose depuis quelques semaines : faut-il que le mouvement #1od 5 millions, qui incarne si bien cette société civile serbe, se présente aux prochaines élections législatives, qui auront lieu le 26 avril prochain ? Les plus clairvoyants estiment que cela équivaudrait à une catastrophe face à la grande machine du SNS, le parti au pouvoir, fort bien rodé – et bien huilé par l’argent de l’UE. Cet argent dont le mouvement lui-même manque ! Et pourtant, ces centaines de milliers de citoyens sont les forces vives de la nation, celles qu’il convient absolument d’aider afin que la démocratie et l’Europe progressent réellement.

En résumé, trois partis para-fascistes surtout sèment la violence et l’intimidation dans le pays. Le Parti radical serbe (SRS) de Vojislav Šešelj date des heures des pires massacres, dans les années 1990. Milošević le manipulait, l’utilisait comme un épouvantail : c’est lui ou c’est moi, en somme. Eh oui, il existait pire que Milošević lui-même ! Incontestablement d’ailleurs, Vučić met actuellement en œuvre la même stratégie de marionnettiste avec les trois formations en question.

Il a été rejoint dans la panoplie du Grand Guignol serbe par Miša Vacić et sa formation de spadassins, la Droite serbe, et par le « petit Führer » : c’est ainsi qu’on surnomme Goran Davidović, le meneur du groupe Nacionalni Stroj (à peu près : Alignement national). Davidović a été acquitté fin 2019. Cette brute avait été vue dans ses exploits pugilistiques en 2005 et 2007, en Voïvodine, dans sa ville natale de Novi Sad. En 2005, avec son groupe, il avait attaqué très violemment une conférence « Sur la menace fasciste » qu se tenait à la Fac de Philosophie ; en 2007, il s’en était pris cette fois à un rassemblement politique anti-fasciste. Indulgence très suspecte de la Justice serbe : le « petit Führer » n’avait été condamné pour cela qu’à une amende, puis il avait pu partir à l’étranger.

Quant à la Droite serbe de Miša Vacić, elle tourne et retourne dans les campagnes, intimidant les maires et les conseils municipaux, forçant les votes et terrorisant les populations de manière assez adroite, tandis que ses discours d’une extrême grossièreté et d’une extrême violence s’en prennent aux gays, aux femmes, aux journalistes (tant la libre pensée est pour lui… intolérable), jouant les justiciers des cours de récré… Bientôt, chaque Serbe pourra s’attendre à ce que ce Superman râblé et mal dégrossi surgisse dans son salon pour réparer les torts, la machine à laver percée et le ballon de foot crevé des gosses.

Bien sûr, une telle montée de l’extrême-droite aura des répercussions au-delà des frontières. On connaît les mauvais rapports entre la Serbie, le Kosovo et l’Albanie, quoi qu’en dise Vučić. Par ailleurs, la tension ne cesse de croître avec le Monténégro, qui a fait partie de la Serbie jusqu’à 1997. Depuis surtout que l’Église orthodoxe monténégrine a gagné son indépendance par rapport à l’Eglise serbe, tout récemment. Le 11 février, le ministre de la Défense serbe, Aleksandar Vulin, s’est rendu au Monténégro (près de la station de sports d’hiver de Kolašin) pour y rendre hommage à un ultra nationaliste serbe et ancien ministre de Milošević mort le 2 février 2000, devant une stèle commémorative.Il y a prononcé un discours sur les « droits des Serbes » digne du pire Milošević ! (et, en passant, du pire Peter Handke…)

Qu’adviendra-t-il si ces groupes para-fascistes prennent de l’ascendant sur les partis en place et occupent des places dans les instances de décision politique ? L’Union européenne ferait bien de s’en soucier sérieusement. Et d’aider (bis repetita placent) de manière consistante, cohérente et ciblée les organismes et associations de la société civile, plutôt que d’arroser sans cesse des gouvernements autoritaires et corrompus.

A consulter : l’excellent média serbe Bilten http://www.bilten.org

 

 

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