Spécial Cannes : Les huit montagnes

Esther Heboyan a vu pour vous ce film de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen – des bons sentiments d’Italie

Les huit montagnes, l'histoire d'une amitié. Foto: Production / Festival de Cannes

EJ CANNES 2022 klein (Cannes, Esther Heboyan) – Les huit montagnes, réalisé par le couple belge Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen, d’après le roman à succès de l’Italien Paolo Cognetti, montre de beaux paysages du Val d’Aoste au nord-ouest de l’Italie et une voix off masculine précise le lien entre la nature et les êtres. Pietro adulte se souvient de ses vacances familiales à Grana, de sa rencontre avec Bruno, un jeune vacher qui deviendra son ami et son double. La voix est empreinte de nostalgie mais révèle aussi une désillusion. Le bonheur, une fois trouvé, ne peut-il perdurer ? Pourquoi laisse-t-on derrière soi ce qui semble précieux ? Au cœur de la réflexion et sur une série de plans majestueux se dessine le rapport douloureux au père.

En 1984, lors de son premier séjour à la montagne, Pietro a 11 ans. Des premières séquences estivales jusqu’au retour de la famille à Turin sous la pluie, le film est une réussite. Ensuite, on retrouve Pietro adolescent dans le même village, mais plus solitaire et plus réticent à suivre son père au mont Grenon. Au fil des épisodes, révolte et conflits désunissent la famille, accentuent la solitude du père, de la mère et du fils. Il faudra attendre des années avant que Pietro comprenne l’attachement du père aux montagnes perçues comme les dépositaires de la mémoire du temps, des saisons, des vies partagées. Caché au sommet d’un glacier, un carnet de randonnées livrera aussi l’affection du père pour le fils.

Le long-métrage aurait pu s’arrêter là et l’on aurait eu un film d’un intérêt réel, d’une probité acceptable. Au lieu de cela, le film s’étire en longueur pour démontrer, sur le mode de la redondance contemplative, que la nature recèle des beautés et des valeurs inconnues ou mal appréciées. Et comme on aurait pu s’y attendre, après quinze ans d’éloignement, Pietro retrouve Bruno afin de bâtir une maison au milieu de nulle part.

Vivre en harmonie avec la nature s’impose comme une alternative idéale, du moins pour un temps. On dirait une interminable recette pour atteindre le bonheur terrestre. Le travail d’adaptation à partir du roman, qui n’est jamais une mince affaire, semble s’être égaré dans les dédales de la narration. Toutefois, le film plaira aux adeptes du bien vivre sur des terres inexplorées, aux défenseurs du retour à la vie simple. Mais à observer le cheminement des deux amis, sobrement interprétés par Luca Marinelli et Alessandro Borghi, on en conclut que les choix de vie ne sont jamais simples.

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