Spécial Cannes: Jerry Lee Lewis, Trouble in Mind d’Ethan Coen

Esther Heboyan a vu pour vous le Film d’Ethan Coen “Jerry Lee Lewis, Trouble in Mind” - quand Jerry se rêvait plus grand qu’Elvis…

Jerry Lee Lewis, les stars qui vont vers les étoiles, peuvent se brûler les ailes... Foto: Courtesy of A24 / Festival de Cannes

EJ CANNES 2022 klein(Cannes, Esther Heboyan) – À l’heure de la musique électronique à tout va, le rockeur déjanté Jerry Lee Lewis (né en 1935) n’est pas exactement à la mode. Toutefois, il n’est pas non plus complètement oublié. La preuve, ce documentaire signé Ethan Coen qui a travaillé sans son frère Joel. Jerry Lee Lewis, Trouble in Mind fait vibrer la voix et la musique du chanteur-pianiste connu pour ses outrances sur scène – contorsions, trémoussements, coups de pied à la banquette du piano, notes finales exécutées avec son arrière-train.

Ethan Coen introduit deux ou trois brèves séquences abstraites où l’écran devient flou pour brasser ombres et lumières, traits et volumes, comme chez Stan Brakhage. Mais l’expérimentation s’arrête là. Le documentaire est construit à partir d’archives qui couvrent plusieurs décennies (émissions de télévision, de radio, spectacles, festivals, interviews, films personnels). Des photographies en noir et blanc nous content l’enfance et la jeunesse de l’autodidacte Jerry Lee Lewis qui, un jour, débarqua au Sun Studio de Sam Philips à Memphis qui venait de lancer Elvis Presley.

Grâce au succès phénoménal de Whole Lotta Shakin’ Goin’ On et Great Balls of Fire, tout vint à Jerry Lee Lewis – l’argent, les voitures, les filles. Celui que l’on surnomma « The Killer » (Le Tueur) et qui se voulait « le plus grand artiste de la planète » se brûla tout de même les ailes. Le scandale de son mariage avec une cousine de treize ans porta préjudice à sa carrière, tout comme son tir accidentel blessant son bassiste. Mais le rockeur rebondit dans les années 1960 et 1970 en se mettant au country et aux chants d’église.

Le documentaire est un régal pour qui aime l’histoire de la musique américaine, du gospel au blues en passant par le boogie-woogie ou le country. On apprend que l’autodidacte Jerry Lee Lewis, fut transporté, dès son très jeune âge, par les performances de musiciens, tel B.B. King, qui se produisaient au Haney’s Big House dans sa ville natale de Ferriday en Louisiane. On apprend aussi que le rockeur, souvent tenté par ses démons mais cherchant le salut, a toujours admiré les chanteurs-compositeurs Chuck Berry et Hank Williams.

Pour montrer l’artiste au sommet de sa gloire, la caméra alterne gros plans et plans larges, faisant usage de zooms avant et arrière. Pour dire le crépuscule d’une vie d’artiste, Ethan Coen filme les mains rabougries de Jerry Lee Lewis sur le clavier pendant une session d’enregistrement à Nashville ou bien coupe la musique sur des images où le rockeur jeune se déchaîne sur scène. Le documentaire est à mettre en parallèle avec le long-métrage Elvis de l’Australien Baz Luhrmann qui traite du rapport entre le King et son manager, le colonel Parker, durant les années où le rock’n’roll bouscula l’Amérique.

 

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