« Tout est en mouvement perpétuel… »

L'artiste-sculpteure strasbourgeoise Dorota Bednarek explique pourquoi elle réalise des installations géantes dans des matières lourdes – ses œuvres pèsent jusqu'à 3 tonnes...

Dorota Bednarek envoie des messages forts par ses sculptures et installations. Foto: (c) Nicolas Rosès

(KL) – Ces deux dernières semaines, nous avons présenté l’artiste-sculpteure Dorota Bednarek et sa série de monolithes, des œuvres impressionnantes. Aujourd’hui, nous voulions savoir qu’est-ce qu’il motive cette artiste à travailler sur ces monolithes et quel est le message qu’elle véhicule.

Dorota, commençons par une question un peu générale – quel est le message que vous souhaitez faire passer par le biais de vos installations ?

Dorota Bednarek : Mes œuvres évoquent la question d’une conscience nouvelle ou d’un changement global de conscience qui est une nécessité à mes yeux. Elles parlent d’un amour universel dont chacun porte en soi une graine et qui est un gage de la paix. Bien sûr, le terme d’amour universel englobe mes valeurs, la tolérance, le respect, l’acceptation de soi-même, donc aussi de l’autre, bienveillance et le positivisme. Mais quand je dis « positivisme », je ne parle pas de slogans creux et faciles, mais d’une attitude vraie et authentique. Dans mon travail, cette énergie est toujours présente, je dirais que j’ai besoin de la soigner pour après, l’insuffler dans la matière dont je me sers pour réaliser mes œuvres.

Ce positivisme, ne pensez-vous pas qu’il soit aujourd’hui encore plus important qu’en « temps normal » ?

DB : Oui ! Il faut être plus attentif encore, les uns aux autres, aussi en ce qui concerne l’éducation. Tout est en mouvement perpétuel, nous sommes nos seuls piliers face aux changements. Prenons-en soin, prenons soin de ce qui nous habite. Nourrir la foi en nous, en l’autre, que tout est encore possible et jamais trop tard. Un vainqueur est un rêveur qui n’a jamais cédé. Pierre par pierre, un pas après l’autre, n’abandonnons pas.

La difficulté nous permet de déployer la force intérieure et peut être au service de notre croissance personnelle. Et dans cette période difficile, n’oublions pas que nous pouvons être la lumière les uns pour les autres.

Il est surprenant de vous voir travailler des matières très lourdes, de réaliser des installations très grandes – comment se fait-il que vous vous soyez spécialisée dans cette discipline ?

DB : Je crois que vous vous posez plus de questions sur le choix de mes matériaux que moi-même. Le choix des matériaux s’impose naturellement à moi. Vous savez, mes projets prennent corps d’abord dans ma tête et ensuite, le chemin vers la réalisation se fait tout seul. Chaque œuvre est une expérience nouvelle et je suis en apprentissage permanent quand je travaille. Ce qui m’importe le plus, bien plus que le choix des matériaux, c’est que je veux toucher les gens positivement. Et bien sûr, je recherche la beauté, car au-delà d’être un plaisir esthétique, elle nous élève et nourrit intérieurement. C’est elle qui nous apporte l’harmonie, la sérénité et le positivisme.

Et comment réagit votre public face à ces grandes œuvres ?

DB : C’est intéressant de regarder les gens qui contemplent mes œuvres comme les Monolithes. On sent qu’ils se posent des questions, non seulement en ce qui concerne mon œuvre, mais surtout sur eux-mêmes. L’art a toujours un côté pédagogique et c’est important. Le fait de se retrouver face à des œuvres d’art qui ont un fort rapport avec la nature, me rappelle la philosophie indienne, qui est également un questionnement permanent de l’Homme face à la Nature. Souvent, les gens découvrent mes installations comme les enfants découvrent les choses de la vie. Avec un regard frais, nouveau, pas faussé par des préjugés.

C’est une rencontre entre êtres humains, avec un objet interposé qui permet à tout un chacun de s’y approcher différemment, mais d’une manière plus authentique, car on touche à l’émotionnel.

Et où est-ce qu’on pourra voir vos œuvres, à ce moment où la culture est presque reléguée au cadre privé ?

DB : Oh, il y a beaucoup de projets que je prépare pendant cette mise à l’arrêt forcée. L’exposition qui devait avoir lieu à Paris, dans la prestigieuse Rue de Rivoli, n’est que reportée, ensuite, on prépare une exposition à la CCI Strasbourg-Eurométropole et nous discutons aussi d’une exposition à l’ISEG, dans un cadre magnifique. Oui, il faut bouger, préparer le temps après-Covid, continuer à travailler et ne pas se laisser engloutir par les angoisses ambiantes. Si la situation n’est pas facile, il nous incombe de la gérer positivement. Et avec mes œuvres, j’essaye de contribuer à ma manière à ce que les gens ne perdent pas l’espoir… C’est ma participation à un monde meilleur…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste