Un lot de consolation prestigieux

En une semaine, l'ancien chef du SPD Sigmar Gabriel a perdu tout pouvoir dans son parti – mais pour le consoler, il a été nommé ministre des affaires étrangères.

Quand on loupe même des gestes simples, il est temps de partir - Sigmar Gabriel. Foto: Mohammad Hassanzadeh / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – C’est l’exemple type d’un des grands problèmes de la politique des partis actuels. On n’attribue pas les postes à responsabilité en fonction des compétences, mais pour des raisons tactiques et stratégiques. Ainsi, le remaniement du gouvernement allemand, à quelques mois des élections législatives, peut surprendre.

Après l’annonce la semaine dernière que Sigmar Gabriel n’allait plus se présenter aux élections pour le SPD, l’homme fort des sociaux-démocrates allemands est l’ancien président du Parlement Européen, Martin Schulz. Schulz sera le candidat du SPD et Sigmar Gabriel boude. Au point qu’il ne veut même plus être ministre de l’économie. Intervient donc un remaniement du gouvernement.

L’ancienne ministre de la justice Brigitte Zypries (SPD) est donc devenue ministre de l’économie à la place de Sigmar Gabriel et pendant que le SPD se réjouit d’avoir su imposer pour la première fois une femme dans ce ministère, personne ne se pose la question quant à la compétence de la nouvelle ministre pour ce poste. Et puisque Frank-Walter Steinmeier quittait les Affaites Etrangères de toute manière pour devenir président fédéral dans deux semaines, le « lot de consolation » était vite trouvé pour Sigmar Gabriel – c’est lui qui est maintenant ministre des affaires étrangères.

La justification de ce choix résonne faux. « Je veux avoir davantage de temps pour ma petite famille », disait Gabriel, et on se demande pourquoi un ministre des affaires étrangères serait plus souvent à la maison qu’un ministre de l’économie… avec tous les déplacements dans le monde entier, on aurait même parié qu’un ministre des affaires étrangères serait plus en vadrouille que le ou la collègue affecté(e) à l’économie. Soit.

Mais Gabriel n’est pas vraiment connu pour ses qualités diplomatiques, au contraire. Bien sûr, son premier déplacement l’a conduit à Paris chez Jean-Marc Ayrault, histoire de souligner ce que tout responsable ou candidat politique français et allemand déclare à toute occasion qui se présente – « la France et l’Allemagne portent une responsabilité particulière dans l’évolution européenne ». Chic. Mieux encore, les deux ministres ont dit que désormais, la France et l’Allemagne devraient défendre des positions communes à chaque fois que c’est possible. Bien. La bonne volonté est donc là. Mais c’est tout. Il n’existe actuellement aucun projet politique majeur franco-allemand, c’est la triste réalité. Et cela ne changera pas avant les élections dans les deux pays.

Reste donc la seule bonne nouvelle qui découle de ce remaniement du gouvernement allemand. On a trouvé un lot de consolation pour Sigmar Gabriel. Qui ne doit plus être triste d’avoir perdu son influence sur le SPD. En tant que ministre des affaires étrangères, de jolis voyages lui tendent les bras. La grande perdante de ce remaniement est sa petite fille – parce qu’elle verra son papa pas plus souvent qu’auparavant.

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