L’alternative à l’alternative à l’alternative…

Après avoir quitté le parti «Alternative pour l‘Allemagne» (AfD) qu’il avait fondé, Bernd Lucke vient de créer ALFA, un nouveau parti libéral. S’arrêtera-t-il un jour ?

En créant son parti suivant, l'ALFA, Bernd Lucke surestime le potentiel de l'électorat ultralibéral. Foto: WDKrause / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – ALFA, c’est le synonyme de «Alliance pour le progrès et le renouveau» (Allianz für Fortschritt und Aufbruch), et il s’agit du nouveau parti de Bernd Lucke qui, après avoir perdu le contrôle de l’AfD à l’ultranationaliste Frauke Petry, veut se relancer dans la politique. Mais il y a des chances à ce que les électeurs ne suivent pas.

En principe, le fait d’avoir tourné le dos à l’AfD tombée entre les mains de xénophobes et populistes de l’extrême-droite, est tout à fait honorable. Mais le Professeur Lucke semble surestimer le potentiel d’électeurs qui le suivront dans son combat relativement solitaire pour une restructuration de la zone euro, une autre gestion de l’immigration et pour une société conservatrice et ultralibérale.

Après le congrès de l’AfD à Essen, Bernd Lucke et plusieurs ténors de l’AfD avaient quitté ce jeune parti, estimant que le parti était tombé entre les mains de personnes souhaitant transformer ce parti en une sorte de bras parlementaire du mouvement xénophobe et islamophobe «Pegida». En vain, Lucke avait tenté d’éviter cette évolution, mais lors du congrès d’Essen, les adhérents de l’AfD lui avaient préféré Frauke Petry, celle qui rêve de devenir une sorte de Marine Le Pen allemande.

Donc, le week-end dernier à Kassel, les «rebelles» de l’AfD ont créée ALFA, mais cette nouvelle formation politique aura du mal à convaincre les électeurs. Il n’y a, heureusement, pas un potentiel énorme à droite de la CDU/CSU et c’est dans cette frange de l’électorat qu’ALFA compte acquérir ses électeurs. Dans cette même frange, l’AfD et d’autres vont également à la pêche et il sera difficile pour ces partis d’y trouver les 5% des électeurs nécessaires pour entrer dans les parlements régionaux ou, en 2017, le Bundestag.

Lucke estime que ce nouveau parti pourra rapidement trouver «5000 adhérents», mais où veut-il aller avec 5000 adhérents ? «Devant nous, il y a beaucoup de travail», a admis Lucke après son élection à la présidence du nouveau parti et là, il a certainement raison.

Le résultat de ce fractionnement dans le secteur libéral-national-conservateur n’augmenteraq pas la visibilité de ces partis, mais les condamne. Dans les sondages actuels, l’AfD n’obtiendrait plus que 3% des votes, tandis que l’ALFA, logiquement, n’y figure pas encore. A croire que les électeurs allemands n’aient pas envie de voir la «Pegida» et ses idées xénophobes trouver une place dans les parlements. Tant mieux.

Les sujets sur lesquels ALFA veut s‘engager, sont l‘euro, l‘emploi, l‘environnement – tous des sujets où d‘autres sont déjà présents. Est-ce que l‘Allemagne aura besoin d‘une «alternative à l‘alternative» ? Probablement pas – en tous cas, la création d‘ALFA n‘a pas vraiment fait de l‘effet aux électeurs allemands. Par contre, ALFA a le potentiel d‘entraîner ce qui reste de l‘AfD avec lui – vers l‘insignifiance politique.

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