Agenda Européen de la Culture

Héritage commun, respect de la diversité, transformations sociales.

L'agenda Européen de la Culture est à réactualiser sans cesse ! Foto: Gil Zetbase / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(MC) Culture en Europe, culture européenne ? Il est assez facile de parler de la première, parce qu’elle relève d’un descriptif ; il est plus difficile d’en faire la synthèse et de parler de LA culture européenne en un sens synthétique, holistique.

Cela malgré les efforts des institutions européennes (Conseil et Commission) d’en dégager les traits essentiels (ce qui a nécessairement rapport au patrimoine) et, par un effort volontariste, d’en construire l’unité dans l’avenir, dans une projection et un programme.

Unité en amont, unité en aval… La défense et la promotion du patrimoine d’un côté, la construction d’une culture européenne du futur de l’autre sont à la base de l’Agenda européen de la Culture dont la première mouture (renouvelable tous les 4 ans) a été rédigée en 2007. Il est le produit de toute une préhistoire: une préhistoire récente, puisque l’Europe s’est construite sur une base économique, et non culturelle.

En 1954, les Etats membres de l’Union Européenne signent la Convention culturelle. Cette Convention veut promouvoir la sauvegarde de la culture européenne (qui en a bien besoin, 10 ans après la chute du nazisme) et son développement.

En 1977, Plan d’action culturelle, par la Commission Européenne. Trois ans plus tard, un Livre vert sur le marché commun de la radiodiffusion, qui débouche sur la directive Télévision sans frontières, remplacé en 2007 par la SMA.

En 1992, le Traité de Maastricht reconnaît enfin de vraies compétences culturelles aux institutions européennes, et cela, de manière explicite, complexe (trop ?) et bien articulée. On assiste aussi à l expression difficultueuse et presque tragi-comique d’un saut à l’élastique obsédant entre la défense de la diversité culturelle interne et celle du patrimoine commun. Diversité reconnue pragmatiquement, unité « holistique » proclamée et exaltée… trop souvent sous le vocable de « valeurs », particulièrement flou et plutôt malléable. Le Traité de Maastricht poursuit 7 objectifs (la Commission, sans doute profondément influencée par l’histoire de Blanche Neige, semble un peu fascinée par ce chiffre…) : dans les domaines-clés de la création, du sentiment d’appartenance à la CE, de l’ intégration sociale, des échanges culturels non lucratifs, de l’emploi, de la diversité, du rayonnement européen.

Puis en 2007, la Commission fait rédiger un Agenda de la Culture, qui depuis lors, est renouvelé tous les 4 ans. Document riche, redondant, assez composite, qui vise à donner les orientations, à intégrer les nouveautés sociétales, culturelles et politiques, et par là même, à préciser une identité projective de la culture européenne.

Les critiques, cependant, me manquent pas, venant surtout d’associations juridiques et culturelles. Elles visent toutes à une réactualisation du propos… Et en effet, le document de 2007 peut déjà sembler dépassé sur quelques point essentiels : la diversité (disparité ?) culturelle croissante ; la manière de concevoir l’éducation à une époque où il faut favoriser une attitude d’apprentissage tout au long d’une vie ; les menaces croissantes sur les valeurs et les principes démocratiques (menaces populistes, notamment) ; et le développement accéléré de la révolution numérique dans tous les domaines.

La plupart de ces critiques pointent les nécessités suivantes : celle de configurer un cadre européen souple, où pourraient se résorber des divisions trop tranchées, surtout celle entre héritage/patrimoine et création contemporaine ; celle de rééquilibrer les priorités et de donner une importance égale aux domaines social, économique et culturel ; de sauvegarder les droits culturels et la liberté de l’expression artistique ; de favoriser l’articulation entre nouvelles diversités culturelles, réponse synthétique (« holistique ») aux problèmes qu’elle posent et innovation sociale.

Paradoxe : on ne peut que constater les connotations très anglo-saxonnes, américanoïdes, de ces critiques récentes de l’Agenda culturel de 2007, notamment dans l’importance qu’on y donne à une certaine conception de l’éducation et de la formation (« de STEM à STEAM »). C’est notamment le cas de l’excellent document CAE (Culture Action Europe : une association qui défend le rôle de la culture dans le projet européen). Elles n’insistent sans doute pas assez, dans leur ensemble, sur l’épanouissement des principes démocratiques. A bien les lire, elles sont cependant bien davantage que les palimpsestes ripolinés qu’on eût pu craindre, ce « couche-sur-couche » qu’on peut constater trop souvent dans les productions juridiques, surtout en France…

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