Et le Green Deal européen ?

Des propositions critiques et pertinentes de l’Institut Veblen

L'éclosion, enfin ! Foto : mchaudeurojournalist/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Hier, grande manifestation en Bosnie-Herzégovine, sur un pont en pleine campagne, pour essayer d’éviter encore la construction de barrages sur la Neretvica ; et soutien de femmes bosniaques de Kruscica qui ont tenu 500 jours victorieusement, en pleine campagne, face à un autre projet de barrage. Ce fait d’apparence modeste est en relation directe, qu’on ne s’y trompe pas, avec l’avenir du Green Deal européen tel qu’il s’est – insuffisamment – profilé le 27 mai dernier à la Commission européenne. Aujourd’hui, nous sommes dans le ” Plus jamais cela ! ” A partir d’aujourd’hui, il faut que cela change réellement.

On se pose la question depuis la période de confinement et l’inquiétude majeure, celle de l’évolution de la pandémie : qu’en sera-t-il des décisions prises au début de l’année par la Commission Européenne et le Parlement Européen quant à la préservation de l’environnement, au changement climatique et au développement durable ? Comme on pouvait s’y attendre, on a surtout pu observer, en mars-mai, une résurgence des rêveries utopistes habituelles ; mais quid des propositions très concrètes de l’UE et que normalement, on s’apprêtait à appliquer ?

On sent comme un flottement… C’est pourquoi l’Institut Veblen fait le point. Nous n’y sommes pas, estime-t-il dans une note publiée le 28 mai dernier (http://veblen-institute.org/ et dans le Plan présenté par la Commission européenne le 27 mai dernier, le compte n’y est pas.

L’idée initiale étai essentiellement de développer des mesures propres à assurer un transition viable tout en maintenant l’équilibre avec le maintien et la relance des activités économiques ; en un mot, d’assurer des conditions d’existence satisfaisantes pour une large partie de la population, sur la base de cet équilibre.Eh bien, ce n’est pas le cas, affirment Mathilde Dupré, Julien Hallak et Wojtek Kalinowski, dirigeants de l’Institut. Idée intéressante : ils craignent que, même si l’UE, si tout se passe bien (lors des votes au Parlement, notamment), franchissait un pas important dans la mutualisation des dettes contractées par les Etats membres pour redresser leur économie, la transition écologique ne serait pas assurée.

En effet, le financement de la plupart des secteurs clés du Contrat Vert provient encore principalement de financements privés : ce qui induit nécessairement une orientation vers le plus rentable, et concrètement, vers la résolution des problèmes les plus aisés à régler.Ce qui risque d’entraver une action nouvelle vers la réalisation réelle de ce Green Deal dont s’enorgueillissait Ursula von der Leyen voici quelques mois.

Que faut-il faire, alors ? L’Institut propose un Plan écologique cohérent et des mesures sociales dont on ne saurait faire l’impasse ; et surtout, de nouvelles solutions, inédites,pour construire une base financière nouvelle et solide. Ceci sous quelques rubriques générales.

D’abord, garantir une protection sociale efficace et durable, c’est-à-dire bien plus longue que la seule « sortie » de la crise COVID-19. Car par delà le rêve, il faut bien voir que certains secteurs d’activité pâtiront de la transition écologique. Eh oui, c’est un élément que les populations, par delà un certain enthousiasme écologiste, n’aperçoivent pas toujours : la transition écologique suppose un changement radical des modes de vie, et aura nécessairement un coût social.

Ensuite, ce qui ne plaît pas aux rhétoriciens libéraux qui défendent les sophismes intéressés de la déréglementation et des baisses d’impôts, nécessité de renforcement du cadre réglementaire et fiscal. La transition du Green Deal a évidemment besoin d’une fiscalité forte. Liée à cette fiscalité vigoureuse, il faudra l’introduction d’un plan d’investissements publics très important, orienté vers les secteurs stratégiques. Et ce Plan devra impliquer les acteurs à l’ échelle locale et régionale , ainsi que les associations et organismes qui promeuvent l’économie sociale et solidaire.

Et pour finir, l’Institut propose quatre solutions aptes, selon lui, à régler les problèmes que connaissent les finances publiques ; mesures qu’il détaille dans son document (voir lien plus haut).

Les propositions de l’Institut Veblen mettent bien le doigt sur l’endroit où le bât blesse. L’Institut, comme on l’a déjà précisé dans plusieurs articles, s’inspire peu ou prou de la pensée du sociologue et économiste américain d’origine norvégienne, Thorstein Veblen (mort en 1929). On peut classer les orientations socio-politiques de cet organisme au centre gauche et dans le sens d’ une social-démocratie assez originale.

C’est le moment, en tout cas : comme les rugbymen, il faut marquer l’Union européenne au corps afin qu’elle ne retombe pas dans les vieilles ornières de la complaisance et des magouilles libérales. Et pour qu’enfin, la transition et le Green Deal progressent réellement.

 

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