Alexandre Loukachenko n’est pas content…

Le Comité Olympique International (IOC) a vu assez – et a suspendu « le dernier dictateur en Europe » de toute manifestation olympique, y compris la visite des jeux Olympiques prévus en 2021 à Tokyo. Loukachenko est très en colère.

Alexandre Loukachenko suivra les JO à Tokyo à la télévision... Foto: Okras / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Les protestations contre les élections en Biélorussie continuent, malgré les interventions policières de plus en plus brutales et de nombreuses arrestations de manifestants paisibles. Quoi qu’il arrive, Loukachenko n’entend pas céder le pouvoir, malgré les critiques internationales concernant ces « élections ». Après l’incarcération de sportifs de haut niveau ayant participé aux manifestations, l’IOC vient de suspendre Loukachenko père et fils pour toute activité olympique et les deux ne pourront pas se rendre aux JO 2021 de Tokyo (si les JO peuvent avoir lieu l’année prochaine). Ce désaveu international a suscité les ires du dictateur de Minsk.

L’IOC en tant que régulateur politique ? Quelque part, ça fait bizarre – jusqu’ici, l’IOC et son président, l’Allemand Thomas Bach, n’ont jamais eu le moindre problème de poser avec d’autres potentats, comme avec Vladimir Poutine lors des JO à Sotchi où Bach et Poutine ont publiquement célébré leur « amitié d’hommes ». Pour le reste, l’IOC a toujours prôné la non-ingérence du sport dans la politique, donc, la décision de l’IOC peut surprendre. Surtout dans la mesure qu’avec le même argument, l’IOC pourrait bel et bien suspendre de nombreux autres dictateurs d’autres pays qui eux, ne sont pas du tout concernés par une telle mesure.

La décision de l’IOC est effectivement surprenante. Par le passé, le même comité olympique a systématiquement fermé ses yeux devant des violations flagrantes des Droits de l’Homme – il suffit de se souvenir des JO à Pékin où Thomas Bach n’avait cessé ses éloges sur les qualités du pays hôte, sans même mentionner les violations des Droits de l’Homme autour de ces JO. On n’avait pas non plus entendu l’IOC sur d’autres pays et à chaque fois que les journalistes posaient la question pourquoi l’IOC se tait, la réponse était « car il ne faut pas mélanger le sport et la politique ». Les plus anciens se souviennent aussi du terrible attentat sur l’équipe israélienne en 1972 à Munich, où le président de l’IOC Avery Brundage avait décrété des heures après l’attentat terroriste « the Games must go on ».

Est-ce que l’IOC aurait soudainement découvert qu’il est impossible de séparer le sport et la politique ? Est-ce que l’IOC défendra à l’avenir les intérêts des opprimés ? Est-ce que l’IOC sanctionnera d’autres malfrats qui dirigent des pays ? Corée du Nord ? Turquie ? Lybie ? Non ?

La raison pour cette décision de l’IOC est – hautement politique et il ne serait pas surprenant si derrière ce désaveu de Loukachenko, se cachait le pote de Thomas Bach – Vladimir Poutine. Loukachenko et l’évolution en Biélorussie énervent le tsar du Kremlin au plus haut point, mais puisque la Biélorussie fait partie des vestiges de l’ancienne URSS, et donc de la sphère russe, il ne serait pas surprenant que Poutine laisse faire Thomas Bach faire le boulot.

Sinon, si l’IOC aurait besoin d’une liste des responsables politiques à exclure de toute activité olympique, nous nous ferions un plaisir de lui fournir les noms. Si jamais l’IOC deviendrait un gardien et défenseur des Droits de l’Homme, on ne pourrait qu’applaudir des deux mains…

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